C'est officiel : Adrian Newey rejoint Aston Martin F1
Aston Martin F1 a officialisé l'arrivée dans ses rangs d'Adrian Newey à compter de 2025, l'ingénieur devenant même un actionnaire de l'écurie.
Comme Motorsport.com vous l'annonçait la semaine passée, Adrian Newey rejoindra officiellement Aston Martin à compter du 1er mars 2025 et va même en devenir un actionnaire à part entière. Dans le cadre de cette participation, l'ingénieur britannique occupera le rôle nouvellement créé d'associé de gestion technique au sein de l'écurie dirigée par Lawrence Stroll. Cette annonce marque la fin de plusieurs mois de spéculations sur son avenir.
"Je suis ravi de rejoindre l'équipe Aston Martin", a déclaré Newey, cité par le communiqué publié ce mardi. "J'ai été grandement inspiré et impressionné par la passion et l'engagement que Lawrence met dans tout ce qu'il entreprend. Lawrence est déterminé à créer une équipe de classe mondiale. Il est le seul propriétaire majoritaire d'une équipe à être activement engagé dans la discipline."
"Son engagement est démontré par le développement du nouveau AMR Technology Campus et de la soufflerie de Silverstone, qui ne sont pas seulement à la pointe de la technologie, mais dont l'agencement crée un environnement idéal pour travailler. Avec d'excellents partenaires comme Honda et Aramco, ils disposent de tous les éléments clés de l'infrastructure nécessaire pour faire d'Aston Martin une équipe championne du monde, et je suis très impatient de contribuer à la réalisation de cet objectif."
Le 1er mai dernier, Red Bull avait annoncé une nouvelle qui était dans l'air depuis quelques temps, à savoir le départ début 2025 de Newey, qui a participé à tous les succès de l'écurie depuis son arrivée en 2006, que ce soit à la tête du département technique ou, plus récemment, comme consultant dans son rôle de directeur technique en chef. Cette information intervenait alors dans un contexte tendu pour l'écurie autrichienne, en pleine lumière en raison de l'affaire impliquant Christian Horner et une salariée.
Sur le plan concret, et avant même que le choix ne se porte sur Aston, l'ingénieur n'était donc plus impliqué depuis mai dans le travail du département technique de l'équipe. En sus, si l'implication de Newey dans la partie technique de Red Bull est même à relativiser ces dernières années, puisqu'il a pris du recul pour laisser notamment la place à Pierre Waché qui occupe actuellement le poste de directeur technique, le départ de l'ingénieur de 65 ans vers une autre structure est bien entendu un événement dans le petit monde de la F1.
Adrian Newey rejoint Aston Martin en tant qu'actionnaire.
Photo de: Aston Martin Racing
Pour Aston Martin, le recrutement de Newey est un énorme coup sur le marché des transferts. Cette arrivée s'inscrit dans le cadre d'une série d'embauches et d'investissements supervisés par Lawrence Stroll visant à faire de l'écurie basée à Silverstone une véritable force sur laquelle compter en F1, alors que les promesses du début d'année 2023 se sont largement envolées et que les monoplaces vertes demeurent coincées dans le ventre mou du classement depuis plus d'un an.
"C'est une immense nouvelle", a lancé Stroll. "Adrian est le meilleur au monde dans ce qu'il fait - il est au sommet de son art - et je suis incroyablement fier qu'il rejoigne Aston Martin. C'est la plus grande nouvelle depuis que le nom d'Aston Martin est revenu dans la discipline et une nouvelle démonstration de notre ambition de construire une équipe de Formule 1 capable de se battre pour les Championnats du monde. Dès qu'Adrian a été disponible, nous avons su que nous devions concrétiser ce projet. Nos premières discussions ont confirmé que nous partagions le même désir de collaborer en vue d'une occasion unique."
"Adrian est un passionné de course et l'une des personnes les plus compétitives que j'aie jamais rencontrées. Lorsqu'il a vu ce que nous avons construit à Silverstone - notre incroyable AMR Technology Campus, le groupe de personnes talentueuses que nous avons réunies et la soufflerie la plus récente dans ce sport - il a rapidement compris ce que nous essayons d'accomplir. Nous voulons réussir, et il en est de même pour lui. Adrian partage notre faim et notre ambition, il croit en ce projet et il nous aidera à écrire le prochain chapitre de l'histoire d'Aston Martin en Formule 1."
Newey, bientôt 40 ans en F1
Newey est largement considéré comme une légende dans le domaine technique et est aujourd'hui, de loin, l'ingénieur le plus connu et reconnu encore en exercice dans la discipline. D'abord brièvement engagé avec l'écurie Fittipaldi en 1980, il a rejoint March en 1981, notamment pour travailler en F2, en Endurance et en CART, avant de retrouver la F1 courant 1986 via l'écurie Haas Lola. Finalement, c'est de nouveau du côté de March qu'il mettra cette fois définitivement le pied dans la discipline reine à partir de 1988.
Ses premières monoplaces, chez March puis Leyton House, ne passèrent pas inaperçues. Il passa chez Williams dès 1991 en tant que designer en chef. Son alliance avec le directeur technique Patrick Head allait être à l'origine de plusieurs monoplaces emblématiques de la Formule 1, avec bien entendu la FW14B de 1992 (pilotée par Nigel Mansell) et la FW15C de 1993 (pilotée par Alain Prost). Au milieu des années 1990, la tragédie de la mort d'Ayrton Senna et les échecs des saisons 1994 et 1995 allaient commencer à fissurer la relation entre Williams et Newey, d'autant que ce dernier aspirait à devenir directeur technique, poste duquel Head était indéboulonnable.
Adrian Newey et Patrick Head chez Williams en 1996.
Photo de: Sutton Images
Après avoir participé à la conception des FW18 (1996) et FW19 (1997), les deux dernières Williams titrées en F1, Newey décida de rejoindre McLaren, où il allait devenir directeur technique à partir de 1997. Son apport réel ne se fera sentir qu'en 1998, mais au volant de la MP4/13, Mika Häkkinen allait remporter son premier titre et McLaren son ultime couronne constructeurs à ce jour. L'année suivante, Ferrari est trop fort pour être battu chez les constructeurs, mais Häkkinen parvient à garder sa couronne chez les pilotes.
Les années suivantes verront une traversée du désert, en termes de titres, pour Newey : avec le début de la domination sans partage de Ferrari et plusieurs déconvenues chez McLaren (le manque de fiabilité du moteur Mercedes et le fiasco de la MP4-18 en 2003, notamment), ainsi que l'épisode du vrai-faux départ chez Jaguar en 2001, des tentions finissent par apparaître et l'avenir de l'ingénieur britannique est souvent source de rumeurs. Son image de "faiseur de victoires" s'écorne un peu et il fait alors le choix surprenant de rejoindre l'écurie Red Bull à l'hiver 2005-2006.
S'il aura une influence à compter de 2007, c'est au moment de la révolution réglementaire de 2009 que Red Bull profite à plein du travail de Newey. Partant d'un peu trop loin pour subtiliser les titres mondiaux à Brawn GP, l'écurie autrichienne va alors signer quatre doublés titres pilotes-constructeurs consécutifs entre 2010 et 2013, où l'alliance entre les châssis conçus sous la direction du britannique, les moteurs fabriqués par Renault et le pilotage de Sebastian Vettel font merveille.
Sebastian Vettel et Adrian Newey sur le podium après la victoire et le titre acquis au GP d'Inde 2013.
Photo de: Emily Davenport / Motorsport Images
En 2014, c'est une autre révolution, celle de l'arrivée des moteurs turbo hybrides, qui fera tomber Red Bull et Newey de leur piédestal. Au moteur peu performant et peu fiable s'ajoute un châssis pas exempt de tout reproche, la faute notamment à des problèmes de corrélation avec la soufflerie. Si l'écurie de Milton Keynes joue de temps à autre la victoire, elle doit se résoudre à assister à la domination de Mercedes, simplement contestée en 2017 et 2018 par Ferrari.
Il faudra attendre les circonstances particulières de la saison 2021, à savoir le report de la nouvelle réglementation technique à 2022 sur fond de crise sanitaire mondiale et le gel relatif des châssis entre 2020 et 2021, pour que Red Bull rejoue véritablement le titre (pilotes uniquement), qui tombera dans l'escarcelle de Max Verstappen au terme d'une saison disputée et tendue face à Mercedes et Lewis Hamilton, dans des circonstances troubles.
Par la suite, une nouvelle refonte réglementaire d'ampleur, avec le retour de F1 simplifiées où l'effet de sol rejoue un rôle important, va offrir à Newey et son équipe l'opportunité de rentrer encore plus dans l'histoire en mettant en piste, coup sur coup, deux des monoplaces les plus dominatrices de l'histoire, et notamment la RB19 de 2023, qui a battu de nombreux records aux mains de Verstappen. Quant à la RB20, l'ultime monoplace sur laquelle Newey aura travaillé chez Red Bull, elle s'est d'abord montrée dominatrice en début de saison 2024, avant d'être rattrapée à partir du mois de mai.
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