Analyse

Newey est prêt pour Aston Martin, mais l'inverse est-il vrai ?

Adrian Newey va incarner la recrue la plus importante d'Aston Martin à ce jour. Mais l'équipe est-elle prête pour en tirer le meilleur parti ?

Adrian Newey, directeut technique en chef, Red Bull Racing, observe la voiture de Fernando Alonso, Aston Martin AMR23

La confirmation attendue ce mardi matin par Aston Martin de la signature d'un contrat avec la légende des designers, Adrian Newey, est un moment décisif pour le constructeur.

En effet, s'il y a bien quelqu'un qui semble posséder le don de transformer tout ce qu'il touche en or, c'est le Britannique, qui a contribué à guider ses trois dernières équipes (Williams, McLaren et Red Bull) vers de multiples titres mondiaux. Son palmarès de 12 titres constructeurs et de 13 titres pilotes remportés avec "ses" voitures en dit long sur son influence.

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Mais le succès en F1 n'est jamais le fait d'un seul individu. Les plus grands génies du monde ne réussissent jamais s'ils ne sont pas entourés des personnes et des infrastructures adaptées. Même quelqu'un d'aussi brillant que Newey doit avoir accès aux installations et aux technologies les plus modernes et être accompagné d'un personnel de haut niveau capable de concrétiser ses idées et ses orientations.

C'est une chose dont Newey lui-même est parfaitement conscient et qui explique sans doute en grande partie pourquoi il a voulu visiter l'usine - en secret avant le Grand Prix d'Espagne - pour voir de ses propres yeux ce qu'Aston Martin pouvait offrir. La structure dirigée par Lawrence Stroll, qui connaît actuellement une saison plutôt difficile, est-elle en mesure de garantir à Newey l'environnement dont il a besoin pour s'épanouir ?

Adrian Newey a rejoint Red Bull à l'hiver 2005-2006.

Adrian Newey a rejoint Red Bull à l'hiver 2005-2006.

Photo de: Red Bull Content Pool

Newey ne prétend pas une seconde qu'il est un homme-orchestre capable d'être miraculeusement parachuté dans une écurie et de concevoir, créer, fabriquer et construire à lui seul une monoplace en mesure de gagner des courses.

Sa force est de jouer le rôle de locomotive pour tous les cerveaux d'une équipe, en esquissant une vision globale de la voiture dont les éléments sont ensuite réalisés par ceux qui travaillent autour de lui. Ce n'est pas à lui de concevoir les moindres détails d'une F1, mais il est là pour avoir une vue d'ensemble, remettre en question les aspects qu'il estime ne pas être à la hauteur et garder une longueur d'avance sur la concurrence.

Comme l'a dit Pierre Waché, directeur technique de Red Bull : "Au quotidien, il ne fait pas partie de notre processus. Il vient plutôt de l'extérieur et essaie de nous aider ou de nous mettre au défi sur différents aspects de l'équipe - qu'il s'agisse de la conception mécanique, de l'aérodynamique ou de la dynamique du véhicule."

Pour que Newey réussisse dans un tel rôle, il a besoin d'une structure solide autour de lui, capable de refléter sa vision et à laquelle on peut faire confiance pour réaliser ce qu'il veut. C'est ce qu'il avait chez Red Bull, et Aston Martin semble avoir mis en place les personnes du bon calibre pour lui permettre d'y parvenir également.

En la personne du directeur technique Dan Fallows, il peut compter sur quelqu'un avec qui il a déjà bien travaillé chez Red Bull, et avec des talents de qualité comme le responsable de l'ingénierie Luca Furbatto, la nouvelle recrue Enrico Cardile, le directeur exécutif Bob Bell et le futur PDG Andy Cowell, il y a là une mine de talents gagnants qui peuvent être utilisés à bon escient.

Dan Fallows, directeur technique d'Aston Martin, a travaillé avec Adrian Newey chez Red Bull entre 2006 et 2022.

Dan Fallows, directeur technique d'Aston Martin, a travaillé avec Adrian Newey chez Red Bull entre 2006 et 2022.

Photo de: Zak Mauger / Motorsport Images

Certains ont suggéré qu'il pourrait être difficile d'intégrer Newey dans ce qui semble être une structure assez complexe, mais Aston Martin voit les choses différemment : la densité de talents est quelque chose qui peut permettre à Newey de tirer le meilleur de lui-même.

Le directeur d'Aston, Mike Krack, a ainsi déclaré : "La Formule 1, de nos jours, est vraiment très vaste. Ce n'est pas comme s'il fallait faire d'énormes changements. Je crois que, il fut un temps, une équipe avait sept directeurs techniques, et je pense que nous en sommes très loin. Avec quelqu'un de ce calibre, il faut faire des efforts pour l'intégrer et ajuster la structure afin d'en tirer le meilleur parti."

En termes d'outils à sa disposition, la date d'arrivée probable de Newey, au printemps prochain, convient parfaitement. Aston Martin est en effet déjà bien installé dans sa nouvelle usine ultramoderne de Silverstone. Il ne fait aucun doute que le déménagement de l'ancienne usine Jordan vers le nouveau bâtiment a provoqué une phase de perturbations, mais celle-ci fait désormais partie du passé.

Plus important encore, lorsque Newey rejoindra l'équipe, la nouvelle soufflerie d'Aston Martin sera entièrement opérationnelle. Furbatto a récemment expliqué que celle-ci était prête à être mise en service, mais qu'elle nécessiterait quelques mois de vérifications pour s'assurer qu'elle est parfaitement précise avant que le travail à proprement parler ne débute.

Adrian Newey quittera officiellement Red Bull début 2025.

Adrian Newey quittera officiellement Red Bull début 2025.

Photo de: Sam Bloxham / Motorsport Images

"Il y aura un moment où il faudra procéder à ce que l'on appelle la validation, pour s'assurer que le flux qui arrive sur le modèle est celui que nous voulons, etc.", a-t-il déclaré. "Cela prendra peut-être deux ou trois mois. Et je pense que ce sera idéal pour commencer le développement de la voiture 2026, qui est autorisé à partir de janvier 2025."

Ce calendrier convient parfaitement à l'arrivée de Newey, car l'équipe et lui seront en mesure de se mettre au travail dès le premier jour.

Un autre aspect positif de l'arrivée de Newey est qu'il rejoint une écurie qui a encore la possibilité de changer et d'évoluer autour de lui, car rien n'est gravé dans le marbre. Il ne fait aucun doute qu'Aston Martin est un constructeur qui grandit et se développe, et qui se trouve donc dans un cycle différent de celui de teams plus établis comme Red Bull, Mercedes et Ferrari.

Comme l'explique Furbatto : "Je pense qu'il ne faut pas sous-estimer le fait qu'en tant qu'équipe, nous développons une voiture, mais aussi des installations. Imaginez que vous ayez un plafond budgétaire et que, disons, vous puissiez vous offrir 1000 personnes. Si vous êtes Mercedes, Ferrari, Red Bull ou McLaren, par exemple, vous disposez d'installations bien établies."

Lance Stroll, Aston Martin AMR24

Lance Stroll, Aston Martin AMR24

Photo de: Sam Bagnall / Motorsport Images

"Il s'agit de bien adapter la voiture en soufflerie ou de la faire rouler sur le banc d'essai, etc. Mais dans notre cas, nous développons une installation en même temps, de sorte qu'un certain nombre d'ingénieurs s'assurent que nous disposions d'une soufflerie à la pointe de la technologie. Nous devons mettre la soufflerie en service. Nous devons configurer les installations."

"Si l'on prend l'analogie des 1000 personnes, peut-être que 800 travaillent sur la voiture et 200 sur le développement des installations. Je pense que la situation va s'améliorer, car les bâtiments 2 et 3 [de l'usine] sont terminés et nous disposons désormais des outils nécessaires. J'espère que nous obtiendrons des résultats positifs en 2025, mais je pense que c'est en 2026 que l'impact sera le plus important."

Tous ces facteurs - le personnel et les outils - se combinent pour suggérer que, d'ici le printemps prochain, Newey trouvera autour de lui exactement ce dont il a besoin pour réussir. Et ce sont ces mêmes éléments qui ont convaincu Fernando Alonso qu'Aston Martin est l'endroit idéal pour lui- même s'il sait que cela prendra du temps.

"Je pense qu'il y a des idées et des preuves de choses que nous avons bien faites, des choses que nous n'avons peut-être pas comprises du premier coup", expliquait récemment l'Espagnol. "Je suis convaincu que l'équipe a le talent nécessaire, que la motivation est là, que nous avons désormais une nouvelle usine et que de nouvelles personnes arrivent également. Malheureusement, en Formule 1, on ne peut pas changer les choses du jour au lendemain, mais nous continuerons à travailler jusqu'à ce que nous soyons compétitifs."

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