Pourquoi Honda ne bloquerait pas le départ de Marc Márquez

De récents précédents et l'inutilité de prolonger une situation qui serait préjudiciable à la fois au pilote et à la marque nous amènent à penser que Honda ne bloquerait pas le départ de Marc Márquez un an avant la fin de son contrat, s'il venait à le demander.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Bien que Marc Márquez ait récemment fait part de son intention, ou plutôt de son espoir, de décider "autour de l'Inde ou du Japon" où il courra en 2024, il n'est pas certain qu'à l'issue de la course de Motegi, dimanche, il aura pu résoudre le conflit interne dans lequel il s'est plongé en voulant quitter Honda une saison avant l'expiration de son contrat.

Márquez a atterri au Japon mardi matin. Mercredi, il doit assister à un événement dans l'école d'ingénieurs de Honda à Tokyo. Compte tenu de sa situation sportive, l'un de ses principaux objectifs pour ce déplacement au Japon est de rencontrer les dirigeants du constructeur, avec lesquels il espère pouvoir parvenir à un accord pour une séparation à l'amiable.

Cette rencontre n'aura vraisemblablement pas lieu avant que le week-end de course débute à Motegi, où les plus hauts responsables de Honda Motor, maison mère du groupe, devraient être présents, et parmi eux Shinji Aoyama, grand patron de la division deux-roues.

Koji Watanabe, président du département course, le HRC, a toujours affirmé que Honda n'empêcherait pas Márquez de partir si c'est ce qu'il souhaite, et ce bien qu'il ait signé début 2020 un contrat jusqu'en 2024 inclus. "Nous aimerions évidemment qu'il continue. Mais, en fin de compte, c'est à lui de décider. S'il veut partir, nous ne le retiendrons pas", a-t-il déclaré lors de récentes apparitions dans les médias.

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Certains disent qu'il est peu probable que Honda permette à son pilote star, celui qui a remporté les six derniers titres MotoGP de la marque et qui a été sa principale attraction médiatique au cours de la dernière décennie, d'être libéré sans devoir respecter les clauses de rupture stipulées dans l'accord entre les deux parties. Toutefois, contrairement à ce qui se passe dans d'autres sports comme le football, certains précédents suggèrent le contraire.

En 2019, à Valence, Jorge Lorenzo a convoqué une conférence de presse pour annoncer son retrait de la compétition.

En 2019, à Valence, Jorge Lorenzo a convoqué une conférence de presse pour annoncer son retrait de la compétition.

Jorge Lorenzo a vécu une situation légèrement similaire à celle que connaît actuellement Marc Márquez. Le Majorquin a pris sa retraite à la fin de la saison 2019, décidant à l'époque de s'arrêter alors qu'il lui restait une année de contrat. Il était alors chez Honda et n'avait réalisé qu'une année, émaillée de blessures.

C'est son manager, Albert Valera, qui avait mené cette négociation. "Honda a toujours été très compréhensif vis-à-vis de la situation de Jorge et n'a pas dressé le moindre obstacle, car cela n'aurait profité à personne", a expliqué à Motorsport.com celui qui représente aujourd'hui Jorge Martín, Aleix Espargaró et Pedro Acosta, entre autres.

Et si la séparation était déjà convenue ?

Une source proche des récents pourparlers qu'a eus Honda avec ses pilotes indique à Motorsport.com que l'entreprise a déjà promis de laisser l'Espagnol partir, à condition qu'il le communique suffisamment à l'avance. Cela nous amène à penser qu'il se pourrait même que tout ait déjà été convenu.

"Honda n'est pas intéressé à l'idée de garder quelqu'un comme Marc, qui a déjà été clair sur le fait qu'il ne voulait pas piloter cette moto. Cela n'a pas de sens de le payer pour l'année restante de son contrat − plus de 15 millions d'euros − et pour que toute la couverture médiatique soit négative", explique cet interlocuteur.

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Une autre source connaissant très bien les spécificités des entreprises japonaises après avoir travaillé pendant des années avec deux des plus grandes marques du MotoGP, partage cet avis. "À ce niveau, lorsqu'un pilote de l'importance de Marc veut quitter une marque comme Honda, l'argent n'est généralement pas un obstacle", nous explique-t-il. "Ce que je ferais à sa place, c'est discuter avec les patrons de Honda et leur expliquer la situation et mon désir de partir, parce que ce tandem est arrivé au bout du chemin."

Et cette source d'ajouter : "Márquez a passé des années à essayer de faire fonctionner le projet, avec une moto qui l'a blessé, et je ne pense pas que Honda le forcera à rester ou le pénalisera s'il ne le fait pas."

Les essais du prototype de la Honda 2024 à Misano n'ont pas convaincu Marc Marquez.

Les essais du prototype de la Honda 2024 à Misano n'ont pas convaincu Marc Márquez.

À ce jour, tant Nadia Padovani, directrice de l'équipe Gresini, que Michele Masini et Carlo Merlini, respectivement directeurs sportif et commercial, n'ont absolument rien dit sur l'identité de celui qui sera le coéquipier d'Álex Márquez en 2024. Les responsables de Ducati restent également très neutres lorsqu'ils sont interrogés sur la possibilité pour l'aîné des Márquez de piloter une Desmosedici la saison prochaine. Mais sur le circuit de Buddh, Paolo Ciabatti a révélé que l'équipe basée à Faenza espérait obtenir une réponse du #93 dans les jours à venir.

Marc Márquez et Gresini sont d'accord sur tout, même si l'équipe italienne et Ducati voudraient l'engager pour deux ans, alors que l'Espagnol préfère ne signer que pour une seule saison, afin d'être complètement libre pour 2025, lorsque plusieurs top pilotes verront leur contrat arriver à terme. Plusieurs motos très attrayantes seront alors disponibles.

À en juger par la manière de fonctionner de Ducati, s'il rejoint l'équipe Gresini, l'octuple Champion du monde devra disputer la saison prochaine avec une Desmosedici de 2023, celle avec laquelle Pecco Bagnaia et Jorge Martín se battent actuellement au sommet du championnat.

On pourrait y voir un pas en arrière. Mais Márquez ne le voit probablement pas ainsi car, ces derniers temps, il en a eu assez d'être un pilote essayeur, de développer une moto qui n'a que très peu progressé. Or, il sait déjà que la Ducati de cette année fonctionne et il devrait donc se concentrer uniquement sur le fait d'exploiter son potentiel. Il ne faut pas oublier que cette stratégie est également celle choisie par Marco Bezzecchi, qui pour 2024 a décidé de rester au sein du groupe qui l'entoure, le team VR46, refusant de rejoindre Pramac, où il aurait reçu une GP24, moto qui reviendra finalement à Franco Morbidelli.

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