Márquez : Honda doit comprendre "que la situation est critique"

En dépit de son instinct de compétiteur, Marc Márquez a mis de côté toute ambition de résultat en attendant des jours meilleurs. Mais l'octuple Champion du monde n'attendra pas indéfiniment : il veut voir Honda réagir et le rappelle sans détour.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Une récente intervention du président du HRC a beaucoup fait parler d'elle. Koji Watanabe, l'un des responsables que Marc Márquez avait demandé à rencontrer en marge du GP d'Italie au mois de juin, a affiché la volonté du groupe d'aider son pôle moto à sortir du marasme, notamment avec l'aide active des ingénieurs F1.

"C'est important, bien sûr", a réagi aujourd'hui Márquez ce jeudi, à la veille des premiers essais du GP d'Autriche. Mais très vite, le pilote a rappelé qu'il ne se contenterait pas de promesses en l'air. "Avoir cette implication est la première étape", a-t-il souligné.

"Je crois que Honda a toujours eu la même implication. Maintenant, le plus important c'est que tout le monde comprenne que la situation est critique et que nous devons changer quelque chose ensemble. Je dis 'nous' parce que je me sens partie intégrante de ce projet et je veux ce qu'il y a de mieux pour ce projet."

"Ils vont commencer à investir plus d'argent et à faire venir plus d'ingénieurs. Mais en tant que pilote, on n'évalue les choses qu'en piste, pas dans les bureaux et avec les techniciens. En tant que pilote, on va évaluer tous ces efforts en piste, en pilotant la moto, de la même façon qu'eux évaluent mon niveau. C'est la course", a ajouté le pilote espagnol, qui n'a marqué que 15 points à ce jour alors que l'on s'apprête à passer le cap de la mi-saison.

Depuis son dernier titre en 2019, le pilote catalan a, certes, multiplié les problèmes physiques, mais il s'est aussi confronté à une moto en déclin. La victoire surprise d'Álex Rins à Austin, cette année, est arrivée comme une oasis dans le désert qu'est devenu le palmarès de la marque et, pour l'heure, aucune solution ne semble poindre pour laisser penser que Honda arrivera à retrouver son niveau rapidement.

Álex Rins, d'ailleurs, n'a pas réfléchi bien longtemps, ayant sauté sur l'occasion qui s'est présentée à lui pour quitter la marque dès la fin de cette saison. Joan Mir a, lui, carrément envisagé de raccrocher son casque avant de se ressaisir. Quant à Marc Márquez, on lui prête depuis plusieurs semaines des envies de rupture anticipée de son contrat qui court pourtant jusque fin 2024.

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Les propos qu'il a tenus il y a quelques jours sur Servus TV, chaîne autrichienne détenue par Red Bull, ne sont pas passés inaperçus. Márquez y affirmait tout bonnement au sujet de KTM : "Très prochainement, plus [tôt] que ce que les gens peuvent penser, ils seront les premiers". Interrogé ce jeudi sur ce que Honda devrait faire pour se porter au niveau de la marque de Mattighofen, le #93 a, certes, cherché à modérer les conclusions trop hâtives entraînées par ses propos, mais il a finalement semblé mettre encore plus de pression à son constructeur actuel.

"Tous les constructeurs ont la même ambition, je crois, et tous essayent de trouver ce qu'il y a de mieux. Mais ces dernières années, les constructeurs européens ont semblé plus rapides dans leurs progrès et dans le développement de leurs motos, et ça a été la principale différence", a-t-il observé.

"Pourquoi ? Je ne suis pas ingénieur et je ne suis pas au cœur de l'usine pour comprendre vraiment les raisons. Mais il est vrai que KTM est agressif dans sa manière de recruter des ingénieurs et de trouver ce qu'il y a de mieux pour le projet. Ils ont le style européen : si c'est mieux à gauche, ils vont à gauche ; si c'est mieux à droite, ils vont à droite. C'est la compétition."

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Où sera-t-il après 2024 ? Les spéculations ont déjà commencé autour de Marc Márquez.

"J'ai fait des éloges à l'égard de KTM mais pas parce que je prétends [y aller]. C'est juste que si un pilote est rapide et fait du bon boulot, on le dit. Et si un autre constructeur fait du bon boulot, il faut le dire. L'évolution de KTM ces dernières années a été bonne, par le passé celle de Ducati l'a été aussi, et Aprilia aussi. Il faut qu'on se concentre sur nous-mêmes et sur notre stand, pour comprendre ce qu'ils font de mieux et essayer de le copier, voire de faire mieux."

"Pas d'empressement" pour penser à 2025

Voilà un an désormais que Márquez exprime ouvertement sa déception et sa frustration face aux performances de Honda, et qu'il pousse la marque à changer sa manière de fonctionner. Il y a deux semaines, à Silverstone, il affirmait avoir bel et bien l'intention d'honorer son contrat couvrant encore une saison. En revanche, en l'état actuel des choses, il y a fort à parier que les tractations portant sur la saison suivante débuteront très tôt, surtout si le test prévu à Misano dans moins d'un mois, et qui doit dévoiler les premiers éléments développés pour 2024, se révèle décevant.

À Assen, je voyais tout en noir et maintenant je vois plus en gris. On ne prend pas une telle décision à chaud.

Marc Márquez, évoquant l'éventualité qu'il prenne sa retraite

Lorsqu'il lui a été demandé aujourd'hui s'il s'était fixé une deadline pour réfléchir à 2025, Márquez a d'abord cherché à dédramatiser : "Les rumeurs pour 2024 ne sont toujours pas finies, chaque semaine on a une rumeur différente alors s'il-vous-plaît, ne commençons pas avec 2025 !"

"Blagues à part, la nouvelle moto arrivera à Misano. Il faut qu'on continue à travailler. Mais pas d'empressement pour l'avenir. Il est important de comprendre le niveau des motos, le mien aussi, car je me pousse tout le temps et je dois aussi comprendre mon niveau et comment je me sens. Pour cette deuxième partie de la saison 2023, je dois encore travailler sur moi-même, essayer d'améliorer mon niveau et d'éviter les erreurs de cette première partie [de saison]. Ensuite, on aura le temps de parler de l'avenir."

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Alors que son coéquipier a envisagé prendre sa retraite, à 25 ans à peine, Marc Márquez a semble-t-il lui aussi eu cette idée en tête ces dernières semaines. "À Assen, je voyais tout en noir et maintenant je vois plus en gris", a expliqué aujourd'hui le pilote de 30 ans lorsqu'il a été interrogé sur cette question. "On ne prend pas une telle décision à chaud, il faut tout envisager. Les gens te disent des choses : si tu y vas en attaquant, tu prends trop de risques ; si tu [te contentes] de faire des tours comme à Silverstone, ils te disent que cette attitude, ça n'est pas possible..."

"Il faut trouver un juste milieu, et avec mon expérience en MotoGP et en essayant de comprendre les erreurs de la première moitié de la saison, j'adopte le style dont je pense avoir besoin. Maintenant, il s'agit de faire profil bas, de travailler et essayer de m'amuser sur la moto, sans regarder les résultats. Puis quand je m'amuserai sur la moto, on essaiera d'obtenir des résultats."

Avec Germán Garcia Casanova

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