Analyse

Bilan 2018 - Alonso ou le chant(re) du cygne

Personne n'aurait vraiment osé croire que Fernando Alonso dirait stop à l'issue de sa saison 2018. C'est pourtant ainsi qu'en a décidé le double Champion du monde, après avoir fait les gros titres des mois durant, mais pas pour les performances sportives de McLaren.

Fernando Alonso, McLaren

Fernando Alonso, McLaren

Steven Tee / Motorsport Images

Bilans Saison 2018

Motorsport.com dresse le bilan de la saison 2018 de Formule 1, pilote par pilote.

Parler de Fernando Alonso n'a jamais rien de simple, dresser le bilan sportif d'une saison qui a peut-être été sa dernière en Formule 1 ne l'est pas non plus. Que faudra-t-il en garder et que juger ? Uniquement cette année ou, fatalement, un peu plus puisque c'est une page immense d'une carrière qui se tourne.

À l'heure de l'analyse, une part de subjectivité est toujours inévitable. D'ailleurs, il n'est jamais question en écrivant ces lignes de prétendre détenir l'unique vérité, mais plutôt de mettre les faits qui se sont déroulés en perspective, ou passer une dernière fois en revue ce que 2018 nous a offert. Mais le faire de manière brute, comptable et factuelle n'aurait pas de sens avec un champion tel que l'Espagnol.

On le sait, Fernando Alonso est un personnage clivant, adulé autant que critiqué, suscitant autant l'admiration que l'agacement. Dans le fond, il est, de par ce qu'il a accompli de bien ou de mal en Formule 1 au cours des dix-sept dernières années, ce que tout le monde adore aimer ou adore détester. Notez que dans les deux cas, on adore…

La déconvenue de trop…

Fernando Alonso, McLaren MCL33 Renault

En quittant Ferrari fin 2014, le double Champion du monde avait rêvé d'une belle histoire, peut-être même d'un pied de nez. Rejoindre McLaren en dépit du passif de la saison 2007 était tout sauf anodin, avec l'espoir de voir le projet alors naissant avec Honda déboucher sur la gloire. Au lieu de lauriers, Alonso a eu droit à la galère. On ne lui enlèvera pas de s'être entêté trois années durant, et d'avoir accepté de remettre le couvert pour une de plus, poussé sans doute par la curiosité de voir ce que le passage au moteur Renault pourrait apporter.

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Nouvel échec, nouvelle déconvenue due en majeure partie à une monoplace ratée puis sous-développée. La coupe a vite été pleine pour un Taureau des Asturies qui avait déjà bien préparé le terrain en multipliant ses portes de sortie : première participation aux 500 Miles d'Indianapolis dès 2017, suivie d'un engagement complet en WEC avec à la clé les 24 Heures du Mans, disputées et remportées ! Cette expatriation vers d'autres disciplines aura permis de renouer avec une image que l'on avait déjà un peu vite archivée : celle d'un Alonso triomphant sur un podium, champagne à la main. Et on peut le dire, ne plus assister à une telle scène en F1 relevait quelque part de l'anomalie sportive. Il était donc de bon ton de pouvoir la revivre ailleurs.

Certes, la conjoncture a conduit à une absence de véritable concurrence en LMP1, et d'aucuns diront qu'Alonso a ajouté à son palmarès la ligne mancelle au terme d'une édition sans saveur. Qu'importe, un succès dans la Sarthe a si peu d'équivalent en sport automobile. Tout juste en voudra-t-on à l'Espagnol d'en avoir trop fait en prétendant avoir remporté une victoire qu'il a lui-même placé "à un niveau plus élevé que n'importe quelle autre victoire au Mans". Les puristes ont apprécié...

Le vainqueur Fernando Alonso, Toyota Gazoo Racing

Cette propension à trop en faire dans ses déclarations, à manier avec un certain brio l'autosatisfaction et l'autopromotion, c'est probablement le point noir de l'année 2018 d'Alonso. Au volant d'une MCL33 d'abord prometteuse, mais en fait modeste et en réalité trop vite dépassée, il a sans aucun doute fait mieux que ce à quoi beaucoup d'autres auraient pu prétendre. En témoignent les 32 de ses 50 points qu'il a inscrits lors des cinq premiers Grands Prix, avec notamment une cinquième place dès Melbourne.

La suite a eu de quoi faire déchanter, lorsque le développement des uns et des autres en milieu de peloton s'est avéré d'une qualité bien supérieure à celui d'une écurie en perdition avec la compréhension aérodynamique de sa monoplace à Woking. Et pourtant, tant bien que mal, Alonso a fait le job. Là encore, on ne lui enlèvera pas la manière outrancière avec laquelle il a dominé son coéquipier Stoffel Vandoorne en interne. Le Belge a laissé entendre que l'histoire en coulisses révélerait bien des choses pouvant expliquer cette situation, et on peut ne pas en douter. Reste que le 21-0 que lui a infligé Alonso est et demeurera un camouflet suffisamment rare pour être souligné.

Un ego capteur de lumière

Fernando Alonso, McLaren

Fatigué dès l'été d'être réduit à batailler pour arracher quelques points, l'Ibère a pris sa décision, celle d'aller voir à droite et à gauche si l'herbe est meilleure qu'en F1. Une F1 qui ne lui correspondait plus, qu'il n'avait de cesse de critiquer, laissant toujours planer un sentiment mitigé quant à l'origine de ses propos : sincérité ou frustration compréhensible provoquée par l'absence d'une monoplace capable de rivaliser avec les meilleures ? Lui a toujours prétendu que la boucle était bouclée et qu'il aurait pu, s'il l'avait voulu, obtenir un volant compétitif en 2019.

Impossible de le savoir, ni même de le vérifier, à l'image de cet invraisemblable quiproquo entre Christian Horner et un Alonso assurant qu'il avait plusieurs fois reçu des offres de Red Bull Racing. Là encore, l'épisode aura marqué les esprits en matière de communication, arrivant à un stade où plus grand monde n'avait en réalité l'intention de démêler le vrai du faux de part et d'autre. Il n'empêche, avec cette séquence comme avec d'autres, Fernando Alonso faisait l'actualité, et démontrait qu'il savait encore attirer sur lui le feu des projecteurs.

Cette lumière, il saura encore l'amener vers lui lorsqu'il limera l'an prochain le bitume de Daytona, de Sebring, du Mans ou encore d'Indianapolis. Cela ne fait aucun doute. Mais à quel point la F1 lui manquera-t-elle ? Humblement, il avoue encore l'ignorer. Quant à la F1, Alonso lui manquera-t-il ? Probablement. Car on ne se passe pas en un claquement de doigt d'un "personnage" tel que Fernando Alonso ni de son ego, quelle que soit l'opinion qu'il suscite.

Le bilan de McLaren

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