Le déclic de 2020 qui a initié le net avantage de Ducati sur Yamaha

Ducati et Yamaha ont beaucoup travaillé sur leurs faiblesses depuis 2020. Un travail sur le frein moteur a contribué à rendre la moto italienne dominatrice et très homogène, quand la machine japonaise a peu à peu perdu ses qualités... au point d'acquérir les défauts de sa rivale.

Francesco Bagnaia, Ducati Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Une Ducati puissante mais en difficulté en courbe et une Yamaha agile mais à la peine en ligne droite. Pendant longtemps, ces deux motos ont eu ces caractéristiques très opposées, que l'on associait notamment à la vélocité permise par le V4 de la Ducati et la maniabilité du quatre cylindres en ligne installé dans la Yamaha. Ces dernières années, la donne a pourtant changé, alors que les deux constructeurs sont restés fidèles à la même architecture moteur.

La Ducati est très nettement devenue la meilleure machine du plateau, en progressant en courbe sans perdre sa force en ligne droite. Dans le même temps, la Yamaha a réduit son déficit de puissance mais perdu son agilité historique, ce qui pousse désormais Fabio Quartararo à réclamer régulièrement une meilleure adhérence.

Pour Pecco Bagnaia, l'évolution de la Ducati a été amorcée en 2020. À l'époque chez Pramac, l'Italien poursuivait son adaptation au MotoGP tandis que dans l'équipe officielle, Andrea Dovizioso vivait une campagne en demi-teinte après avoir été le premier rival de Marc Márquez les trois saisons précédentes. Cela faisait plusieurs années que Dovizioso était le seul à s'illustrer régulièrement au premier plan avec cette Ducati au comportement parfois difficile, mais la situation a évolué quand la marque a véritablement cherché à adapter sa machine à d'autres styles de pilotage.

"Ça a un peu changé quand les ingénieurs ont compris que les pilotes Ducati pouvaient avoir des styles différents", a expliqué Bagnaia. "C'était en 2020. En 2019, j'étais là mais la situation entre l'équipe d'usine et l'équipe satellite était assez différente par rapport à aujourd'hui. Mon plus gros problème était le freinage parce que je ne pouvais pas faire ce que je voulais sur le frein moteur. Dès qu'on a changé ça, en 2020, qu'ils ont commencé à adapter le frein moteur à tous les pilotes, on s'est mis à améliorer nettement nos performances. J'avais un frein moteur totalement différent de celui de Dovizioso, qui était la référence."

"Dès qu'on a fait ça, on a commencé à voir une moto qui tournait, qui avait beaucoup de vitesse en courbe. Ce qui est bien sur notre machine, c'est que beaucoup de styles de pilotage peuvent s'adapter à la moto grâce à ça. On n'a pas juste un seul réglage, un seul frein moteur, une seule façon de mettre la puissance. On en a plusieurs parce que chaque pilote a ses besoins. On travaille sur nous-mêmes chaque week-end." 

Francesco Bagnaia, Ducati Team

Pecco Bagnaia et Fabio Quartararo

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Pendant ce temps, Yamaha a perdu pied dans la course au développement. La puissance longtemps réclamée par Quartararo a certes été améliorée, néanmoins le Français a lui-même reconnu que cela avait pu contribuer à dégrader le comportement de la moto. La marque cherche maintenant la bonne équation, entre sa quête de grip et d'une configuration électronique plus optimale pour bien exploiter son moteur, alors qu'elle n'a plus de repères précis.

"Depuis 2022, tous les ans on modifie notre pilotage. On reste la même marque, mais avec un pilotage totalement différent", a expliqué Quartararo, qui a vu la situation s'inverser avec Ducati : "Maintenant, notre pilotage ressemble, visuellement, beaucoup plus à ce que faisait la Ducati avant : on arrête vraiment la moto et on n'a pas de vitesse de passage. Aujourd'hui, notre moto n'a pas de turning et c'est pour ça qu'on pilote comme ça et que l'adhérence est très faible."

Si on fait ce qu'ils faisaient il y a quatre ans, c'est que quelque chose ne va pas !

Andrea Dovizioso a abandonné la Ducati pour la Yamaha satellite en 2021, une expérience douloureuse qui a mené à une retraite anticipée au cours de la saison 2022. L'Italien a cependant récemment repris du service en participant à des tests pour Yamaha et selon Quartararo, il peut difficilement aider à se rapprocher du comportement actuel de la Desmosedici.

"Aujourd'hui, la Ducati a beaucoup plus de vitesse en courbe. Quand il pilotait la Ducati il y a quatre ans, c'était [avec un manque de vitesse en courbe]. Mais quatre ans, c'est beaucoup. Si on fait ce qu'ils faisaient il y a quatre ans, c'est que quelque chose ne va pas !"

Yamaha fait cependant le maximum pour s'inspirer des méthodes des constructeurs européens, Ducati en tête, avec plusieurs recrues en provenance de Borgo Panigale, dont son nouveau directeur technique, Max Bartolini. L'ancien bras droit de Gigi Dall'Igna a cependant prévenu qu'il faudra probablement attendre fin 2025 pour voir les premiers progrès. Et avant cette échéance, Ducati pourrait continuer à progresser car selon Bagnaia, sa moto conserve une belle marge de progrès.

"C'est impossible d'avoir la moto parfaite, parce que c'est un mélange de choses très difficile à attendre", a estimé le vainqueur des deux derniers titres, ciblant un domaine en particulier : "Ce qui nous manque maintenant, c'est un peu plus de motricité dans certaines situations. Il nous manque de la motricité par rapport au passé et c'est une chose que je demande aux ingénieurs."

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