MotoGP GP du Portugal

Marini n'a pas les mêmes soucis que Zarco sur la Honda

Si Johann Zarco, Joan Mir et Takaaki Nakagami déplorent un manque d'adhérence à l'accélération sur la Honda, Luca Marini se plaint surtout de ses performances en courbe. La moto va évoluer au Grand Prix du Portugal, après les nombreux tests effectués ces derniers jours.

Luca Marini, Repsol Honda Team

La Honda a régressé dans la hiérarchie ces dernières années et au cours des derniers mois et un problème majeur a souvent été mis en avant par les pilotes : le manque d'adhérence de la moto dans les phases d'accélération. Pour Johann Zarco, ce manque de motricité représente même la moitié du déficit de la RC213V sur les machines européennes, actuellement les plus performantes du plateau.

Pour Luca Marini, pilote Honda le plus à la peine au Qatar, ce n'est pourtant pas cet élément qui pose le plus problème, mais le manque de performance en milieu de courbe. Le pilote de l'équipe officielle, qui a comme Zarco abandonné la Ducati pour une Honda cette année, juge le Français très efficace à l'accélération et estime que c'est pour cette raison qu'il souffre autant en sortie de courbe.

"Je pense que Johann est peut-être le meilleur pilote au monde pour utiliser l'accélération d'une moto", explique Marini. "Chez Ducati, il arrivait à faire tous les chronos en sortie de courbe, c'est très étrange parce que normalement, on fait le chrono au freinage et en entrée. Il est tellement fort en sortie qu'il peut être aussi rapide que les leaders juste en utilisant sa vitesse [dans ce domaine]. Il fait aussi un bon travail sur la Honda maintenant, en utilisant cet aspect de son pilotage."

"C'est sûr qu'il est plus sensible à ce domaine que les autres mais me concernant, je pense que ce n'est pas là que l'on perd le plus. Pour moi, il y a beaucoup plus de temps [à gagner] en milieu de courbe par rapport à la Ducati."

"Je pense que dans la première partie de l'accélération, Aprilia et KTM sont les plus forts parce qu'ils ont plus de grip que tout le monde, mais je pense que l'on peut se défendre. Dans la deuxième partie de l'accélération, la Ducati est la plus forte mais on n'est pas si loin. C'est peut-être meilleur qu'Aprilia et Yamaha selon moi. En milieu de courbe, je pense qu'on est les plus lents en ce moment, d'après moi. Peut-être que Johann et Joan [Mir] ont plus de vitesse que moi [en courbe]."

Joan Mir, Repsol Honda Team

Joan Mir

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Interrogé sur la cause de ce déficit de performance dans les virages, qui pourrait venir d'un manque d'appui ou de grip mécanique, Marini n'a pas été en mesure de désigner un élément en particulier : "J'ai quelques idées mais on discute avec tous les ingénieurs pour trouver une solution. C'est impossible de dire 'ceci est le problème', il faut tout analyser pour comprendre. On n'a eu qu'une course donc c'est un peu tôt pour le comprendre."

Les autres pilotes Honda se rangent pourtant du côté de Zarco, à commencer par Joan Mir. "Je pense que l'adhérence arrière est une priorité que l'on a en ce moment, donc tout ce que l'on fait, c'est pour améliorer ce grip", résume le Majorquin, qui a "totalement fumé" son pneu arrière en fin de course au GP du Qatar en mettant trop de gaz à l'accélération dans son duel avec Fabio Quartararo : "Avec le manque d'adhérence que l'on a, si on fait un peu trop monter la température du pneu, on perd immédiatement la performance, parce qu'on n'a pas ce grip supplémentaire."

"Quand tu surchauffes l'arrière, tu perds aussi au freinage parce que tu freines moins", précise Mir. "J'ai perdu un peu la possibilité d'être un peu mieux placé [au Qatar] mais ça ne nous change pas la vie pour le moment."

Takaaki Nakagami dresse un bilan similaire sur la quatrième Honda. "Il nous en manque beaucoup, le point faible est la motricité, donc la sortie de courbe", détaille le coéquipier de Zarco chez LCR. "On a certaines limites avec du patinage, un manque de grip à l'arrière. Cela reste notre point faible, au Qatar, [au test de] Sepang aussi. C'est ce sur quoi tous les ingénieurs du HRC se concentrent tous, pour progresser et générer plus de grip à l'arrière, avoir moins de wheelie et accélérer plus tôt. C'est l'objectif ce week-end."

Des nouveautés attendues à Portimão

Honda fait son maximum pour corriger le tir aussi vite que possible et a multiplié les journées en piste récemment, permises par les concessions mises en place cette année. Stefan Bradl, pilote d'essais de la marque, a roulé à Jerez avant et après le GP du Qatar, et il a été rejoint par Marini, qui a pu cumuler trois journées de tests avant le déplacement au Portugal. Au cours de ces nombreux tests, Honda a même évalué une roue Marchesini que l'équipe officielle n'a pas le droit d'utiliser en compétition en raison d'un contrat d'exclusivité avec OZ, ce qui illustre la volonté d'explorer toutes les solutions possibles.

Les essais effectués par Bradl devraient se traduire par des évolutions dès ce week-end sur les Honda, mais pas nécessairement pour améliorer la motricité. "Stefan a fait deux jours d'essais, il a testé des choses différentes", confirme Joan Mir. "Il semble que [vendredi], on va essayer des choses [sur le châssis] pour voir comment continuer à progresser et se rapprocher des leaders. Ce seront probablement des pièces différentes mais je ne peux pas trop en parler, des choses dans l'électronique, des détails qui sont importants. Il faut profiter de ces concessions."

"Il semble que ce qu'ils vont apporter n'est pas spécialement mieux pour le grip, mais pour d'autres domaines", ajoute-t-il. "C'est la réalité !".

Luca Marini, Repsol Honda Team

Luca Marini

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Quant aux tests effectués par Marini, ils étaient essentiellement dédiés à parfaire l'adaptation de l'Italien à la moto, sans véritable nouveauté à tester. Il a pu se concentrer sur les réglages de sa machine : "C'était bien d'avoir une journée pour profiter de la moto sur un autre circuit, c'était vraiment un bon test. Je pense qu'on a trouvé une base sur la moto, qui fonctionne très bien à Jerez. J'espère qu'elle fonctionnera ici aussi. Ce sera intéressant de voir si sur un autre circuit, tout est bon ou pas, mais on a fait de bons changements sur la moto."

"Après le GP du Qatar, on a tout analysé pendant le GP, on a compris ce qui s'est mal passé et on essaie de le résoudre maintenant. Je pense qu'on est sur une bonne voie. Comme je l'ai dit, je suis curieux de voir comment la moto sera ici. Pour Honda, historiquement c'est une meilleure piste que le Qatar donc je pense que l'on sera plus proche des leaders mais il faudra attendre demain."

"[Au Qatar], le problème était que les sensations sur la moto n'étaient pas très bonnes, surtout dans le turning, j'avais beaucoup de mal", concède Marini. Sa grande taille a posé problème et pourrait peut-être expliquer sa différence de perception dans les faiblesses de la Honda : "Dans les réglages, l'avant était trop chargé. Je suis très grand donc mon pilotage fait que je mets beaucoup de poids sur les pneus et si on n'a pas l'équilibre parfait sur la moto, comme c'était déjà le cas auparavant [sur la Ducati], cela peut être un problème."

"Ces dernières années, je chargeais peut-être trop l'arrière parce que je suis plus grand et plus lourd que les autres, donc je mets encore plus de poids sur le pneu et j'avais des problèmes en course, avec une température plus élevée ou une plus forte dégradation du pneu. Il fallait trouver une base et je pense que Jerez m'a aidé à trouver cette solution."

Comme son coéquipier, Mir espère des progrès à Portimão, en misant aussi sur la nature du circuit, avec moins de grosses accélérations qu'à Losail : "On a pu voir que le Qatar est une piste très difficile pour notre moto, et après avoir pu faire un week-end acceptable, disons, sur cette piste qui peut être naturellement meilleure pour notre moto, mon style et ces choses-là, peut-être que l'on pourra être un peu plus proches du sommet. Ce sera important parce qu'on comprendra mieux les choses sur cette piste. Je suis curieux de voir où l'on se situe sur ces pistes européennes. On verra."

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