Nakagami veut remédier à l'absence totale de communication chez Honda
Déplorant que les titulaires aient "zéro information" sur le travail des ingénieurs de Honda, Takaaki Nakagami se fixe pour mission de faire le lien entre Japon et Europe en 2025. Il compte "accélérer" le développement de la moto dans son nouveau rôle de pilote d'essais.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
L'approche historique des marques japonaises est régulièrement mise en avant pour expliquer le retard pris par Yamaha et Honda sur les constructeurs européens. Si le premier semble y travailler avec le recrutement de nombreux ingénieurs européens ayant travaillé pour leurs concurrents, à l'image de Max Bartolini, directeur technique arrivé de Ducati l'hiver dernier, le second s'est montré plus réticent à une telle évolution.
L'Allemand Alex Baumgärtel, cofondateur du fabricant de châssis Kalex, a certes travaillé pour Honda à partir de 2023 mais la coopération a pris fin il y a quelques semaines et, selon les informations de Motorsport.com, le manque de compréhension entre méthodes de travail européennes et japonaises a contribué au divorce.
Plus globalement, la communication est loin d'être optimale entre le Japon, où Honda développe sa moto, et l'Europe, où opère l'équipe de course, confrontée au quotidien de la compétition. Takaaki Nakagami compte y remédier dans le rôle qui sera le sien à partir de la saison prochaine, quand il abandonnera son poste de titulaire pour devenir pilote de développement de la marque au Japon.
Fort de ses sept saisons d'expérience et plus de 100 départs en MotoGP, le pilote japonais espère faire le pont entre les deux entités. "Actuellement, c'est une chose qui nous manque beaucoup", a expliqué Nakagami après l'annonce de son nouveau rôle. "En Europe, on n'a aucune info sur ce que fait le HRC au Japon. Je sais qu'ils ont fait beaucoup de tests mais on a zéro information. C'est une chose qui fait défaut. Dans le paddock, personne ne comprend ce que teste le HRC au Japon"
"C'est un point que je peux beaucoup améliorer pour accélérer les choses, pour que les liens avec l'équipe d'essais en Europe et avec les chefs mécaniciens dans le paddock soient plus forts. Ils doivent comprendre ce que je ferai, on doit partager beaucoup de choses. Il y a du sens à ce que tout le monde comprenne chaque domaine. C'est ce qui manque au sein du HRC actuellement."
Takaaki Nakagami
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Nakagami ne veut plus que Honda fonctionne en entités à ce point distinctes et affirme sa volonté de transmettre aux ingénieurs japonais les besoins des pilotes et d'informer ces derniers de l'évolution du développement. Il restera en lien avec les pilotes en continuant à prendre plusieurs départs pendant la saison, dans un programme qui reste à définir, mais avec déjà l'espoir de se montrer utile.
"J'attends beaucoup de choses. Je vais être développeur, une sorte de pilote d'essais au Japon, et je ferai quelques courses en Europe en tant que wild-card. C'est vraiment un gros changement, naturellement, mais ces dernières années, il me manquait des choses. J'ai la vitesse mais il y a beaucoup de raisons qui font que je ne peux pas être où je le veux. J'ai décidé d'accepter cette offre, pourquoi ne pas la saisir ?"
"Je veux accélérer le développement au Japon. Ils m'ont expliqué la situation, ce qui se passe au Japon en ce moment. Je peux grandement aider. Il y a beaucoup de choses à améliorer et, en même temps, je pourrai parler en japonais aux ingénieurs, ça sera beaucoup plus rapide. J'ai aussi la vitesse, beaucoup d'expérience, donc mon nouveau chapitre sera vraiment excitant."
Nakagami prévoit de revenir dans le paddock
Sur un plan personnel, Nakagami est partagé entre la perspective de retrouver son Japon natal, où il se rend peu depuis plusieurs années, et la fin de sa carrière de titulaire en MotoGP. Il fera tout son possible pour rester en contact avec le championnat, à travers ses wild-cards mais aussi de simples visites dans le paddock afin de rester informé du quotidien de ce que vit Honda pendant la saison.
"Évidemment, ma famille me manque, ce paddock voyage tout le temps, on est tout le temps dans des aéroports... Je ressens un peu que j'en ai assez. Évidemment, cette aventure va me manquer, mais c'est bien, je vais rester au Japon, y passer plus de jours, et je ferai quelques courses, je ne sais pas combien."
"Peut-être qu'il n'y en aura pas beaucoup mais je viendrai sur des week-ends de course, parce que ça a du sens que je comprenne ce qu'il se passe pendant les week-ends, et je veux entendre les commentaires des quatre pilotes. Après, il faudra comprendre quel sera mon plan de travail, pour mes tests en Europe ou au Japon. Je serai au Japon mais il y aura aussi le côté européen. Donc ce sera chargé, mais c'est bien, je suis vraiment impatient."
Takaaki Nakagami
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Symbole de la communication qui reste à nouer, Nakagami confiait à Misano, une dizaine de jours après l'annonce de son nouveau rôle, qu'il n'avait "pas vraiment" discuté avec Honda des contours de son nouveau rôle, ni même de la date à laquelle il entrera clairement en fonction. Sa participation au test de Valence, après la fin de la saison, est donc encore incertaine, tout comme la répartition des rôles avec les pilotes d'essais basés en Europe, à savoir le nouveau venu Aleix Espargaró et Stefan Bradl, qui a prolongé son contrat.
"Pour le moment, je ne peux rien dire parce qu'on n'en a pas parlé de manière approfondie", reconnaissait Nakagami au GP d'Aragón. "Je vais leur en parler parce que je dois comprendre quand je vais commencer. Je ne le sais pas encore. Mais il semble que je n'aurai aucune trêve hivernale ! Je vais faire des tests après le GP [de Valence]."
Nakagami a quoiqu'il arrive prévu d'assister au test post-saison de Valence pour épauler son successeur chez LCR, Somkiat Chantra, avant ses débuts en MotoGP la saison prochaine : "Évidemment, le mardi je serai sur le circuit, parce que je veux voir comment Chantra peut s'adapter. C'est une chose que je veux faire."
"Je me sens vraiment bien et je suis heureux pour Chantra aussi", a-t-il souligné. "Je suis content de lui offrir cette opportunité. Je vais aussi l'aider à s'adapter un peu plus vite. Je ne connais pas le Moto2 actuel, je n'ai jamais essayé une moto avec le [moteur] Triumph mais le Moto2 et le MotoGP sont totalement différents. Je veux lui expliquer les choses, ou l'aider avec mon expérience."
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