Analyse

Marsouinage et AOM : on vous explique la Directive Technique de la FIA

L'intervention de la FIA pour prendre à bras-le-corps le problème du marsouinage s'articule autour d'une Directive Technique qui fait beaucoup parler. Que contient-elle vraiment ?

Lewis Hamilton, Mercedes W13

Dans la foulée d'un Grand Prix d'Azerbaïdjan qui s'est avéré particulièrement brutal pour certains pilotes, la FIA a décidé d'intervenir pour tenter de contenir le marsouinage en Formule 1. Jeudi, une Directive Technique a été envoyée aux écuries par Nikolas Tombazis, directeur technique monoplace à la FIA : elle détaillait des mesures pour protéger l'intégrité physique des pilotes. Le sujet a largement occupé les esprits tout au long du début du week-end au Grand Prix du Canada et beaucoup d'interrogations sont nées. Comment les choses vont-elles réellement se passer ?

Les changements immédiats

L'une des principales difficultés pour les écuries face au marsouinage est de maintenir une plateforme aérodynamique stable quand l'appui augmente dans les lignes droites. Un problème exacerbé sur certaines monoplaces dont les bords du plancher sont flexibles à haute vitesse, augmentant le niveau d'appui.

Sur le papier, ce phénomène peut paraître intéressant mais en réalité cela accroit le phénomène de marsouinage lorsqu'il apparaît. C'est d'ailleurs ce qui a entraîné une première décision du législateur juste avant le début de la saison, autorisant les équipes à placer un étai sur le plancher pour en limiter la flexibilité.

 

À partir de ce week-end à Montréal, la FIA autorise de nouvelles choses pour aider les écuries à renforcer leur fond plat. Elles peuvent ajouter un deuxième étai à celui déjà en place, ce que Mercedes a par exemple déjà introduit sur sa W13 (photo ci-dessus). De plus, une épaisseur supplémentaire à la surface du plancher est désormais autorisée afin de le renforcer, même si cela enfreint la réglementation concernant les volumes de cette zone.

Si ces changements apportent des réponses tangibles pour aider à maîtriser le marsouinage, la FIA proposera alors une reformulation de la réglementation, qui devra être votée par les équipes puis soumise au Conseil Mondial du Sport Automobile.

La valeur AOM, kezako ?

Ce que la FIA cherche à établir ce week-end au Canada, c'est s'il y a une manière de considérer qu'une monoplace présente des "accélérations verticales excessives" lorsqu'elle rebondit. Une analyse minutieuse des planchers et des patins aidera en partie à répondre à cette question.

La FIA espère aussi mettre au point ce qu'elle appelle une mesure de l'oscillation aérodynamique (AOM) pour déterminer si une monoplace marsouine trop. Cela passera par un capteur placé près du centre de gravité afin de mesurer l'accélération verticale puis de fixer une limite maximum à cet AOM.

La FIA veut établir une valeur pour mesurer le marsouinage, appelée AOM.

La FIA veut établir une valeur pour mesurer le marsouinage, appelée AOM.

Si cette valeur peut être établie lors des prochains Grands Prix, alors la FIA demandera aux écuries de calculer leur AOM pendant la troisième séance d'essais libres, en bouclant trois tours consécutifs à un rythme de course et sans utiliser le DRS. Une fois la valeur déterminée, chaque écurie devra se conformer à sa hauteur de caisse, à sa rigidité verticale et à sa configuration aéro pour le reste du week-end. Avec comme seules exceptions la possibilité de relever la monoplace si la météo change drastiquement, et celle d'ajuster le refroidissement, les pressions de pneus ou l'angle de l'aileron avant.

Si une équipe ne parvient pas à établir des réglages lui permettant de respecter la valeur AOM, elle devra s'en rapprocher au maximum puis relever la hauteur de caisse de 10 mm. Pour l'heure, la pénalité en cas de non-respect de la limite n'est pas claire. La FIA a prévenu les écuries d'un risque de disqualification par le biais de l'Article 1.3 du Règlement Technique de la Formule 1, qui évoque une "construction dangereuse" sur laquelle peuvent s'appuyer les commissaires pour prononcer une disqualification.

Et à plus long terme ?

On ne sait pas encore si la mise en place de cette valeur AOM sera réellement possible, mais que ce soit le cas ou pas, la FIA est déterminée à améliorer la réglementation 2023 afin d'éradiquer le problème du marsouinage. Elle souhaite que les équipes soutiennent sa démarche en simulant via la CFD (mécanique des fluides numérique) de potentielles modifications des monoplaces qui aideraient à réduire le phénomène.

Plusieurs options seront à l'étude pour maîtriser le marsouinage en 2023.

Plusieurs options seront à l'étude pour maîtriser le marsouinage en 2023.

En évoquant les options qui pourraient être à l'étude, Tombazis a précisé : "Les géométries qui seront étudiées pourraient inclure le rehaussement des bords du plancher, la réduction du plancher, la suppression de l'ailette de bord à l'avant, etc. Nous sommes également ouverts à la possibilité de permettre un raidissement du plancher via un étai supplémentaire si cela était jugé bénéfique."

Des discussions auront prochainement lieu entre la FIA et les directeurs techniques des écuries afin de lancer un processus de modification de la réglementation pour la saison prochaine.

Avec Jonathan Noble

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