Édito - Le WEC au rebond avec la Super Saison !

La Super Saison du FIA WEC débute ce week-end à Spa-Francorchamps, et si l'on pouvait être inquiet pour l'avenir il y a quelques mois, les belles promesses ne manquent pas !

#7 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050

Photo de: Toyota Racing

Au moment où nous nous apprêtons à une nouvelle fois diffuser et commenter le WEC en direct sur Motorsport.tv, nous reviennent en mémoire quelques souvenirs finalement assez récents. Nous étions au Nürburgring pour la quatrième manche de la saison 2017, un mois après Le Mans. En coulisses, on ne parlait que du départ prochain de Porsche ; et sur la piste, les Toyota étaient encore à la peine et Porsche "arrangeait" le résultat pour que ce soit la "bonne" voiture qui gagne… Bonjour l’ambiance et la gueule de bois ! Une vraie déprime nous avait envahis… Pouvons-nous avouer que nous avons eu très peur à ce moment précis pour l’avenir du WEC ?

Dix mois plus tard, on ne peut être en revanche qu’épatés par le "rebond" qu'a su opérer le WEC et l’ACO – et c’est une campagne d’évidence excitante qui se présente à nous. Bien sûr, nous serons encore nostalgiques de la grande bataille Audi-Porsche-Toyota des années 2014-2016, mais si on nous avait dit qu’il y aurait bien 10 LMP1 au départ (et 37 voitures en tout !) ce samedi pour les 6 Heures de Spa, on ne l’aurait pas cru. Ce n’est pas le moindre des mérites de cette Super Saison.

Quinze mois pleins

Parlons-en, justement, de cette Super Saison et de ce calendrier si particulier. Là aussi, on ne peut qu’être entièrement séduit par le concept que beaucoup appelaient de leurs vœux dès 2012, à savoir placer le championnat sur deux années calendaires (avec utilisation maximale de l’hiver) et Le Mans en fin de campagne, comme une apothéose. C’est désormais chose faite, avec en plus le bonus d’avoir deux éditions des 24 Heures d’ici à juin 2019 ! La Super Saison mérite donc bien son appellation, surtout avec l’ajout de Sebring, une destination franchement incontournable. Il nous semble, certes, qu’il y a toujours un trou à combler entre Shanghai 2018 (novembre) et Sebring 2019 (mars), cela viendra sans doute plus tard... Au passage, nous ne pouvons que nous féliciter d’avoir une nouvelle répartition des points pour la course du Mans, cette dernière ayant trop déséquilibré et faussé le jeu sportif des deuxièmes moitiés de saison.

SMP Racing BR Engineering BR1

Qu’attendons-nous maintenant de cette Super Saison ? Passons en revue quelques points précis.

En LMP1, il ne faut pas se voiler la face. Les victoires et les titres sont promis à Toyota. Et cette marque a une telle histoire et légitimité qu’un succès au Mans serait même universellement fêté. Tout l’art du législateur du WEC, de la FIA et du constructeur lui-même consiste dès lors à faire croire que la compétition est (sera) plus serrée qu’annoncée et que les Rebellion, Ginetta, BR1 et ByKolles ont (auront) des arguments sérieux pour venir concurrencer les Japonais. Il y a certes des mesures qui vont avantager les P1 non hybrides mais le récent réajustement de la fameuse Équivalence de Technologie (EoT) est venu les frapper de plein fouet, rappelant le rôle un peu artificiel de la compétition à venir. Si tant est qu’il y ait bien une compétition…

Est-ce pour autant un drame ? Il nous semble que le débat est ailleurs. Toyota doit gagner, certes, au vu de son histoire, de son implication dans la discipline et de ses choix technologiques – mais est-ce que Toyota va gagner ? C’est toute la question finalement, et c’est là que le suspense sera vraiment présent. Connaissant les antécédents parfois douloureux de la marque japonaise en Endurance, il ne faudra pas se louper cette fois et il n’y aura peut-être pas beaucoup de jokers à disposition. Retournons le propos pour encore plus l’appuyer : l’enjeu principal de cette saison sera bien de surveiller à chaque instant si Toyota peut perdre, car on rappelle qu’ils doivent gagner. Les Japonais en sont d’ailleurs tellement conscients qu’ils évoquent eux-mêmes beaucoup de "pression négative"… Tout n’est peut-être pas si écrit d’avance.

Tapis rouge pour Alonso 

Autre enjeu : Fernando Alonso ! Il faudrait être aveugle pour ne pas avoir conscience que l’Espagnol représente la star désormais absolue du WEC et que sa présence à temps plein est aussi un vrai cadeau du ciel pour les autorités en charge du championnat. À lui maintenant de nous montrer son niveau (oui, nous pensons que même un double Champion du monde F1 a quelque chose à prouver !) et sa valeur ajoutée sur la piste et en dehors. Et pour ajouter notre avis au grand débat qui a secoué l’Endurance durant l’intersaison concernant le changement de date de la course de Fuji, nous estimons en effet qu’il n’y avait pas d’autres solutions et que la logique l’a emporté – la plus grande responsabilité revenant finalement à l’IMSA qui a elle-même décalé en premier son traditionnel Petit Le Mans et donc créé un problème qui n’aurait pas dû exister.

#8 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050-Hybrid: Fernando Alonso

Une bonne nouvelle n’arrivant peut-être jamais seule, on sait aussi que Jenson Button va venir grossir les rangs du WEC cette année – deux Champions du monde F1 face-à-face, c’est franchement extraordinaire et cela démontre l’attrait de la discipline. Là aussi, on a hâte de voir comment il va se comporter.

La catégorie LMP2 peut apparaître un peu sinistrée, avec seulement huit voitures engagées pour Spa. Mais cela nous semble largement compensé par la promesse de beaux affrontements, dus aussi à un moteur unique et une bataille de manufacturiers pneumatiques. Sur le papier, le duel le plus attendu concerne le Jackie Chan DC Racing (véritable structure star depuis Le Mans 2017) et l’équipe Signatech Alpine, mais on sait que G-Drive, TDS et DragonSpeed seront des adversaires redoutables. Et si ces machines étaient capables, compte-tenu d’éventuels problèmes de jeunesse des P1 privées, de monter sur le podium au général ? Là encore, gardons cela à l’esprit !

BMW guest star en GT

En GTE Pro, tout s’annonce magnifiquement et on salive d’avance à l’évocation de cette grande bataille entre Ferrari, Porsche, Ford, Aston Martin et BMW qui est de retour. Espérons juste que les polémiques récurrentes de cette catégorie, liées à la BoP, se fassent un peu moins fortes en cette Super Saison qui est bien une saison de renouveau et donc, peut-être, d’apaisement… Un authentique titre de Champion du monde viendra en tout cas récompenser cette compétition au sommet, de quoi attiser bien des convoitises. 

#82 BMW Team MTEK BMW M8 GTE: Augusto Farfus, Antonio Felix da Costa, Alexander Sims, Tom Blomqvist

Soyons honnêtes, le GTE Am manque parfois d’attraits pour retenir toute l’attention mais il nous semble qu’il faut raisonner à l’envers et de manière presque identique au P1. L’équipage de l’Aston Martin #98 (Lamy-Lauda-Dalla Lana) est ultra favori et toute la question sera de savoir s’il peut être battu et par qui. Et quel plaisir de retrouver des noms aussi aguerris que Fisichella, Bergmeister, Beretta, Griffin aux côtés de "petits jeunes" amenés à être des grands : Cairoli, Andlauer, Cheever…

On l’a compris, tout est a priori en place pour nous offrir un superbe spectacle et de quoi largement nous enthousiasmer, sur place ou devant notre écran de télé. Le WEC nouveau est arrivé, à lui de nous montrer qu’un équilibre général a été trouvé et qu’il fonctionne.

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