Hommage

Décès de Don Nichols, fondateur de la marque Shadow

L’énigmatique Don Nichols, fondateur de la marque de voitures de compétition Shadow, est mort lundi à l’âge de 92 ans.

Don Nichols, propriétaire de l'écurie Shadow

Don Nichols, propriétaire de l'écurie Shadow

Sutton Motorsport Images

Don Nichols
Dennis Losher, 1970 AVS Shadow Chevrolet Mk1
Fred Cziska, 1974 Shadow DN4
Jean-Pierre Jarier, Shadow DN3-Ford
Jackie Oliver, Shadow DN1 Ford, Graham Hill, Shadow DN1 Ford, Jean-Pierre Jarier, March 731 Ford, François Cevert, Tyrrell 006 Ford
Don Nichols, propriétaire de l'écurie Shadow, coud des écussons sur les combinaisons des pilotes.
Riccardo Patrese, Shadow, et  Don Nichols, propriétaire de l'écurie Shadow
Don Nichols, propriétaire de l'écurie Shadow
Don Nichols

Énigmatique, car cet Américain a toujours jalousement conservé ses secrets et a rarement parlé de sa carrière. Discret à l’extrême, il avait jeté un voile opaque sur sa vie privée.

Ce qu’on sait est qu'à titre de militaire, il a combattu lors de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée avant d’être intégré aux services secrets de renseignements. Nichols a ensuite vendu des pneus en Asie et a joué un rôle dans le développement du circuit de Fuji avant de rentrer chez lui aux États-Unis pour former une écurie de course en 1968, nommée Advanced Vehicle Systems.

Il recrute alors un ingénieur de talent, mais aux idées extravagantes, Trevor Harris, qui lui dessine une voiture de type Can-Am révolutionnaire : la AVS Shadow Mk.1, une sorte de super kart propulsé par un moteur V8 Chevrolet de cinq litres qui produit 600 chevaux. Harris désire que sa voiture génère le moins de traînée possible et dessine une partie avant ultra plate. Il convainc Firestone de produire des pneus de 17 pouces à l’avant et de 19 pouces à l’arrière (comparativement aux 24 et 26 pouces habituels). Le pilote est assis au milieu de ce treillis de tubes, le tronc complètement exposé. Le radiateur d’eau est situé sous l’énorme aileron arrière. Qui dit petites roues dit aussi petits freins. Les disques étaient nettement trop petits pour ralentir la bête, et George Follmer, son pilote, devait mettre la Shadow en glissade avant les virages afin de ralentir convenablement ! Façon rallye ! Nichols avait aussi attiré un important sponsor : Universal Oil Products (UOP).

Après l’échec de la Mk.1, Nichols engage Tony Southgate qui dessine les Shadow suivantes. Des voitures rapides, certes, mais qui manquent clairement de fiabilité. Nichols s’intéresse aussi à la Formule 1 et fait construire sa DN1 à moteur Ford Cosworth que piloteront Follmer et Jackie Oliver en 1973.

La saison 1974 débute avec une tragédie quand l’Américain Peter Revson se tue au volant de sa Shadow en Afrique du Sud suite à un bris de suspension. Le pauvre Revson est remplacé par Tom Pryce et Nichols engage le Français Jean-Pierre Jarier qui grimpe sur le podium à Monaco.

L’année suivante, la Shadow DN5 donne des ailes à Jarier qui signe deux pole positions consécutives en début de saison, mais qui doit abandonner les deux fois. En fin de saison, Jarier pilote aussi une Shadow DN7 à moteur V12 Matra, sans succès.

Chez Shadow, j’ai fait des pole positions et mené des courses, mais la voiture n’était pas fiable”, de confier Jarier à Motorsport.com il y a de cela quelques mois lors d’une interview. “Même chose avec les Shadow Dodge en Can-Am et des moteurs qui cassaient tout le temps. C’est dur d’aller vite, de bien régler la voiture et de ne rien récolter. Avec la Shadow F1, on arrivait à faire de bonnes performances, mais elle n’était pas du tout fiable. On a connu tous les ennuis, des problèmes de pompage d’essence dans le réservoir. Des conneries, des trucs qui n’arrivent plus maintenant.”

Une autre tragédie

Nichols et les membres de l’écurie Shadow vont vivre une autre tragédie, encore une fois sur le tracé de Kyalami lors du Grand Prix d’Afrique du Sud en 1977. Durant la course, Renzo Zorzi, au volant d’une Shadow DN8, connaît un ennui et immobilise sa voiture en bord de piste et un léger incendie se déclare. Deux jeunes commissaires traversent la piste armés d’extincteurs pour aider le pilote italien, ce qui était formellement interdit. Survient un groupe de quatre voitures, dont la Shadow de Pryce qui ne peut éviter un commissaire et le fauche. L’extincteur qu'il portait percute de plein fouet le casque du pilote qui est tué sur le coup.

Quelques mois plus tard, la joie est de retour dans le clan quand Alan Jones remporte le Grand Prix d’Autriche au volant de sa Shadow. Un jeune pilote italien, Riccardo Patrese, a été intégré à l’équipe, mais ce dernier accompagne quelques grosses pointures (l’homme d’affaires et sponsor Franco Ambrosio, Alan Rees, Jackie Oliver, Dave Wass et Tony Southgate) qui quittent Shadow durant l’hiver 77/78 pour créer une nouvelle écurie, Arrows. Toutefois, la Arrows FA1 est en fait une copie de la Shadow DN9 et Nichols alerte la Haute Cour de Londres qui interdit à Arrows de faire rouler cette FA1.

Les Shadow DN8 et DN9 de Clay Regazzoni et Hans-Joachim Stuck terminent trois fois au cinquième rang en 1978. Un an plus tard, Elio de Angelis décroche une quatrième place lors du dernier Grand Prix de la saison 1979 à Watkins Glen. En 1980, Teddy Yip prend le contrôle de l’équipe, mais rien ne va, et il jette l’éponge après le Grand Prix de France. Fin de l’histoire Shadow.

Don Nichols abandonne la scène du sport automobile. On le reverra toutefois à quelques reprises sur les circuits de voitures anciennes, car ses voitures Shadow, habillées d’une magnifique robe noire, ont toujours été d’une grande élégances et demeurent les favorites de milliers de fans à travers le monde.

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Toro Rosso s'attend à "des problèmes" à Spa et à Monza
Article suivant Pérez : Force India m'a dit qu'Ocon était 100% fautif à Bakou

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France