Analyse

Les problèmes que la F1 devra affronter avec ses Qualifications Sprint

Annoncées en début de semaine, les Qualifications Sprint, qui seront organisées lors de trois Grands Prix en 2021, ont reçu un accueil mitigé, entre excitation et scepticisme. Mais avant de savoir quel camp aura raison, la Formule 1 doit établir ses critères de réussite pour justifier la mise en place de ce format de manière plus permanente.

Le départ

Photo de: Charles Coates / Motorsport Images

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C’est parti pour les Qualifications Sprint. Après le vote unanime survenu en début de semaine entre les écuries, la F1 et la FIA, le Grand Prix de Grande-Bretagne de cette année sera le théâtre de l’un des plus grands bouleversements de format de l’Histoire de la discipline. Le pilote qui s’élancera en pole position le dimanche ne sera plus le plus rapide sur un tour, mais le vainqueur d’une course de 100 kilomètres organisée le samedi après-midi. Un changement alléchant pour certains, mais qui laisse bon nombre d’acteurs et de fans sceptiques.

L’une des principales craintes est que la course du samedi s’approprie l’éclat et le prestige du Grand Prix du dimanche. De plus, le format de qualifications actuel plaît à la très grande majorité des spectateurs : si quelque chose n’est pas cassé, pourquoi vouloir le remplacer ?

Le samedi n’avait pas besoin d’être pimenté, et désormais, le système de qualifications en Q1, Q2 et Q3 aura lieu quand de nombreux passionnés seront au travail ou à l’école, le vendredi après-midi. Il est également possible que la course du samedi ne soit qu’une copie conforme de celle du dimanche, qui permettra notamment aux pilotes qui se sont ratés la veille de rattraper leurs erreurs.

Mais la F1 a été claire dès le début du projet : le but n’est pas de rendre le samedi plus excitant, mais plutôt d’améliorer le week-end dans son ensemble.

À l’heure actuelle, le vendredi fait tâche dans le week-end : les séances d’essais libres, au nombre de deux lors de la première journée, sont bien plus passionnantes pour les ingénieurs et les stratèges que pour les fans. Le nouveau format proposé vise à introduire une session pleine d’enjeux chaque jour, en plus de réduire le temps de travail sur les réglages avant le véritable passage à l’action. Ainsi, les qualifications (organisées le vendredi après-midi) pourraient proposer plus de surprises qu’aujourd’hui.

 

Les téléspectateurs les plus assidus continueront à regarder les qualifications du vendredi (ou du moins, les résumés), tandis que la journée du samedi attirera un plus grand public. Combien de personnes ne regardent que le départ d’une course, trouvant le reste trop ennuyeux ? Avec ce nouveau format, ces derniers auront deux fois plus d’occasions d’assister à une extinction des feux.

Il est également possible que ces Qualifications Sprint (ou courses sprint, appelez-les comme vous voulez) soient un véritable succès. Toto Wolff, directeur de l’écurie Mercedes, a affirmé que le DTM a bénéficié d’un regain d’audience avec un format plus court. "À mon avis, les courses sprint sont un format intéressant, et une expérience que nous devons faire", a déclaré Wolff plus tôt cette année, lorsque l'idée a été évoquée pour la première fois. "J'ai vu dans d'autres championnats, comme le DTM, que l'audience a presque doublé en ayant une course le samedi et une le dimanche, et cela peut évidemment être monétisé."

Le bilan sera difficile à établir si les conséquences sont diverses sur le week-end de course, ce qui devrait être le scénario le plus réaliste. Comment sera jugé un week-end où le nombre de téléspectateurs augmente (ce qui est positif pour les promoteurs), mais où la course du dimanche est ratée, sans aucune surprise ?

Mais la multitude d’avis positifs et négatifs à l’encontre de ce nouveau format va rendre la tâche ardue pour les organisateurs. Dans le but de pérenniser ce format, quels critères permettront de savoir si les Qualifications Sprint seront un succès ou un échec ?

En fin de compte, il serait plus facile de distinguer un échec d’un succès. Si les audiences ou le nombre de spectateurs sur une course n’augmentent pas lors des deux premières journées, et que l’épreuve principale du dimanche perd de son intérêt et de son suspense, alors il paraîtra évident que l’idée des Qualifications Sprint doit être jetée à la poubelle.

Mais le bilan sera difficile à établir si les conséquences sont diverses sur le week-end de course, ce qui devrait être le scénario le plus réaliste. Comment sera jugé un week-end où le nombre de téléspectateurs augmente (ce qui est positif pour les promoteurs), mais où la course du dimanche est ratée, sans aucune surprise ? Et si cette course raccourcie du samedi venait à être l’élément phare du week-end, faisant ainsi baisser les audiences du Grand Prix du dimanche ?

 

Un troisième scénario pourrait voir des qualifications et une course sprint ennuyeuses mais qui augmenteraient la diversité des stratégies pour la course principale. Après tout, les pilotes savent déjà qu’une sortie de piste ou un accident aurait des conséquences désastreuses pour l’épreuve du dimanche, qui rapportera le plus de points. Ainsi, les Qualifications Sprint pourraient se transformer en une véritable procession au bout d’un tour.

Certaines voix sont déjà convaincues que ce dernier scénario est le plus plausible, bien que des contre-exemples existent. Le Grand Prix de Macao organise des qualifications avec une course sprint depuis des années, et si les pilotes ne se montrent pas aussi agressifs le samedi que le dimanche, l’action est tout de même au rendez-vous.

Le bilan de ce nouveau format sera également déterminé par le déroulement de ces trois week-ends en particulier. Si Lewis Hamilton commet une erreur le samedi, la course du lendemain pourrait donner lieu à une remontée spectaculaire et adorée des fans. Mais le cas contraire (une séance de qualifications ratée le vendredi, et une remontée aux avant-postes le samedi) serait vu comme un échec de ce format. Un scénario ou un autre serait une pure coïncidence, mais cacherait d’autres aspects importants qui doivent être pris en compte pour juger de l’efficacité de ce format.

D’autres questions trouveront difficilement leurs réponses. Les premiers week-ends avec ce format attireront forcément du monde, mais cet engouement se maintiendra-t-il sur le long terme ? Il sera intéressant de voir comment la Formule 1 juge la réussite (ou non) de ce nouveau format. Si les signaux renvoyés sont positifs, alors il faudra lui donner une chance d’être reconduit dans les saisons futures. Si le format ne convainc pas, les promoteurs ne devront pas s’entêter à défendre ces Qualifications Sprint et l’idée devra être mise rapidement de côté.

"Les pilotes sont ouverts d'esprit sur le format", a déclaré Ross Brawn, manager sportif de la F1. "Et c'est tout ce que nous demandons, que les pilotes gardent cette ouverture d’esprit afin que nous puissions évaluer cet événement et ensuite décider si, à l'avenir, il fera partie de la saison de F1. Si cela ne marche pas, nous arrêterons et nous réfléchirons de nouveau."

Steve Neilsen, FOM, et Ross Brawn, manager sportif, FOM

Steve Neilsen, FOM, et Ross Brawn, manager sportif, FOM

Photo de: Charles Coates / Motorsport Images

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