Qualifs Sprint : ce qu'il faut garder et ce qu'il faut changer

Au Grand Prix de Grande-Bretagne, la Formule 1 a organisé ses premières qualifications sous la forme d'une course sprint. Il est difficile de tirer des conclusions après un seul essai mais nous trouvons déjà des points positifs et des zones à améliorer.

Max Verstappen, Red Bull Racing RB16B, Lewis Hamilton, Mercedes W12, Valtteri Bottas, Mercedes W12, Charles Leclerc, Ferrari SF21, et le reste du peloton au départ

Max Verstappen, Red Bull Racing RB16B, Lewis Hamilton, Mercedes W12, Valtteri Bottas, Mercedes W12, Charles Leclerc, Ferrari SF21, et le reste du peloton au départ

JEP / Motorsport Images

Compte tenu du battage médiatique autour du sujet, les Qualifs Sprint ont eu du mal à être à la hauteur de nos attentes. Les rêves de course pied au plancher, mêlant des pilotes de tête n'ayant plus à se soucier de la dégradation des pneus et du carburant, avaient finalement peu de chances de se concrétiser. Mais le premier essai conduit à Silverstone n'a pas été ridicule, même s'il a donné un aperçu de ce qui pourrait devenir un problème majeur si les Qualifs Sprint venaient supplanter définitivement les Q1, Q2 et Q3 le samedi.

Pour évoquer le positif, il y a eu quelques belles bagarres sur la piste et les pilotes n'ont pas attendu qu'un arrêt aux stands leur offre une opportunité de dépassement. À l'avant, cela a pris la forme de ce que Carlos Sainz avait prédit plus tôt dans le week-end : du plaisir pendant sept virages, puis une procession jusqu'au drapeau à damier. L'agressivité de Max Verstappen au départ et la tentative audacieuse de Lewis Hamilton par l'extérieur à Copse ont été brillantes à observer, et ce n'était pas quelque chose qu'un Grand Prix de deux heures aurait proposé.

Les Qualifs Sprint ont surtout été portées à bout de bras par Fernando Alonso qui, grâce à ses pneus tendres, est passé de la onzième place sur la grille à la cinquième quelques mètres plus loin. Les quatre premières places étant de toute façon gravées dans le marbre dès la fin du premier tour, toute l'attention s'est portée sur un Alonso qui tentait vaillamment de contenir les pilotes en mediums derrière lui.

Ce genre de différence de stratégie est rarement observé en course car les relais sont beaucoup plus longs que les 17 tours des Qualifs Sprint. Alonso n'aurait jamais pris le pari des pneus tendres dans un dimanche normal, car il aurait été forcé de s'arrêter trop tôt et cela aurait ruiné ses chances de bien figurer au classement.

Ce qui sera particulièrement intéressant, c'est de voir si le point de croisement incertain entre les tendres et les mediums à Silverstone se reproduira sur d'autres circuits. Car si les gommes tendres n'avaient pas été une option, alors la course sprint aurait été beaucoup moins palpitante.

Les Qualifs Sprint n'avaient pas pour seul but d'offrir un beau spectacle de 30 minutes. Comme Ross Brawn, directeur de la F1, n'a cessé de le répéter ces dernières semaines, le changement de format visait à améliorer l'ensemble du week-end de Grand Prix, chaque jour ayant son moment fort : les qualifications le vendredi, le sprint le samedi et la course principale le dimanche.

À Silverstone, le vendredi a montré que ce changement donnait du piquant à la première journée d'essais. La joie des spectateurs en voyant Lewis Hamilton décrocher une pole (qui n'en était pas une) n'a pas pu être ignorée. Au niveau de l'engagement, les regards sur la F1 étaient certainement plus nombreux ce vendredi-là que lors de tous les autres de la saison.

Mais il ne faut pas oublier que Silverstone bénéficie aussi du facteur nouveauté. Le meilleur temps de Hamilton et l'effort de George Russell pour atteindre la Q3 ont été perçus comme des moments forts parce qu'ils représentaient quelque chose de nouveau et parce qu'un public nombreux était derrière les héros locaux.

Nous ne pouvons pas encore dire avec certitude si l'intensité et la valeur des qualifications du vendredi diminuera massivement lorsque les équipes réaliseront que les positions sur la grille de départ des Qualifs Sprint n'ont pas beaucoup d'importance. Si le nouveau facteur clé consiste à prendre de bons départs et faire de bons premiers tours, alors les pilotes pourraient rapidement cesser de se préoccuper du vendredi. Il suffit qu'un pilote d'un top team dise "je me fiche d'être quatrième, je sais que les Qualifs Sprint vont tout changer" pour que les fans comprennent le message et cessent de s'intéresser aux qualifications du vendredi.

Pour ces mêmes fans, l'avantage du "nouveau vendredi" est le temps limité en essais libres, les équipes ayant plus de chances de se tromper dans les réglages. Avec le parc fermé, les réglages sont gelés dès le vendredi après-midi, ce qui signifie que l'approche des pilotes pour le week-end est actée au bout d'une seule séance d'essais.

Dans le cas de Red Bull Racing, le rythme lors de la première séance d'essais l'a convaincu de choisir un réglage à fort appui. De son côté, Mercedes a redressé ses ailerons pour gagner de la vitesse en ligne droite. Et selon le propre aveu de Max Verstappen, Red Bull n'a pas fait le bon choix, ce qui ne peut être que bon pour le divertissement.

Comme le craignait le Néerlandais, le parc fermé a eu pour conséquence de rendre inutile la dernière séance d'essais libres. Les équipes n'ont pas pu s'en servir pour modifier les réglages des voitures, ceux-ci étant déjà figés. Elles ont donc simplement vérifié la durée de vie des pneumatiques. Mais sur les circuits où il sera impossible d'adopter une stratégie pneumatique différente, qu'y aura-t-il à gagner en augmentant le kilométrage des moteurs et l'usure des autres pièces ?

Une autre question concerne l'incidence des Qualifs Sprint sur le Grand Prix. Avec le parc fermé en place, et les pilotes qui semblent tous prêts à s'élancer avec les mêmes pneus mediums, il y a peu de raisons de s'attendre à des surprises. Les fans savent déjà que la Red Bull RB16B est suffisamment performante dans les virages pour que Hamilton ne puisse pas la suivre de près. Donc, la stratégie est le seul espoir d'un revirement de situation.

Est-ce que cela rend les choses plus intéressantes ? Un coup d'œil sur le classement sprint nous montre qu'il n'y a pas eu beaucoup de changements, seuls Fernando Alonso et Kimi Räikkönen ont été les grands gagnants.

Pos. en Qualifs Pilote Pos. en Qualifs Sprint Différence
2 Max Verstappen 1 +1
1 Lewis Hamilton 2 -1
3 Valtteri Bottas 3 =
4 Charles Leclerc 4 =
6 Lando Norris 5 +1
7 Daniel Ricciardo 6 +1
11 Fernando Alonso 7 +4
10 Sebastian Vettel 8 +2
8 George Russell 9 -1
13 Esteban Ocon 10 +3
9 Carlos Sainz 11 -2
12 Pierre Gasly 12 =
17 Kimi Räikkönen 13 +4
15 Lance Stroll 14 +1
14 Antonio Giovinazzi 15 -1
16 Yuki Tsunoda 16 =
18 Nicholas Latifi 17 +1
19 Mick Schumacher 18 +1
20 Nikita Mazepin 19 +1
5 Sergio Pérez 20 -15

Le plus grand perdant a été Sergio Pérez, son tête-à-queue l'ayant relégué au fond du classement. En toute logique, il devrait prendre le départ depuis la voie des stands car cela permettrait à Red Bull de changer les réglages de la monoplace pour faciliter la remontée du Mexicain. Mais cela ne met pas vraiment en valeur les Qualifs Sprint. La F1 serait-elle vraiment gagnante si, par exemple, Hamilton partait en dernière ligne et n'avait que peu d'espoir de battre son rival Verstappen, à l'avant du peloton ?

L'un des grands débats sur les réseaux sociaux ce week-end a porté sur l'appellation. La F1 a particulièrement insisté sur le fait que ce sprint n'était pas une course. Dans le règlement de la FIA, la séance est connue sous le nom de Qualifications Sprint. Liberty Media, propriétaire de la F1, l'a appelée "F1 Sprint". Mais pour les fans, il s'agit surtout d'un langage marketing absurde. Comme l'a dit à juste titre Jenson Button, chargé de mener les interviews samedi après-midi : "Je ne veux pas appeler ça une course, mais c'était une course..."

Le débat pour savoir si la pole position du Grand Prix de Grande-Bretagne 2021 doit être créditée à Verstappen ou à Hamilton fera rage à jamais. Selon la FIA, le Néerlandais a hérité de la pole en remportant les Qualifs Sprint puisqu'il prendra le départ de la course depuis la position de pointe. Mais pour de nombreux fans (dont Verstappen lui-même et Sebastian Vettel), Hamilton aurait du décrocher sa 101e pole position à la suite de son meilleur temps en qualifications. "La pole devrait être décernée après un tour chronométré. C'est ça pour moi, une vraie pole position", a expliqué Verstappen.

On peut dire que les Qualifs Sprint ne sont en fait que le premier relais de la course, mais avec un drapeau rouge après 17 tours et une relance le lendemain. Est-ce que le sprint fait partie de l'avenir de la F1 ? Nous ne le savons pas encore. Mais ce qui est sûr, c'est que la discipline a bien fait d'essayer quelque chose de nouveau. Cela a donné un sujet de conversation pour les fans et les médias, et cela ne peut être qu'une victoire pour la F1.

"Je pense que ce qui a bien marché, c'est que les gens ont parlé du week-end et du format", a indiqué Zak Brown, PDG de McLaren. "En fin de compte, cela a suscité de l'intérêt et, qu'ils soient favorables ou non, cela a donné aux fans une raison de suivre le vendredi, ce qu'ils n'auraient peut-être pas fait auparavant. Il n'y aura jamais une réponse unanime sur la question. Mais jusqu'à présent, j'aime ce que j'ai vu car cela a créé un sujet de conversation."

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