Analyse

Comment Aston Martin prépare un programme Hypercar décalé

Aston Martin redouble d'efforts pour rejoindre dans moins d'un an la catégorie reine du Championnat du monde d'Endurance et de l'IMSA. Voici où en est le projet Valkyrie LMH ressuscité...

Dirk Muller, Aston Martin Valkyrie AMR Pro

C'est à l'été 2019 qu'Aston Martin a annoncé son projet de développer une hypercar respectant le règlement LMH du Championnat du monde d'Endurance (WEC). L'intention initiale était d'intégrer la compétition à partir de 2021, mais ce n'est qu'en 2025 que la Valkyrie s'alignera aux 24 Heures du Mans.

Beaucoup de choses se sont passées depuis qu'Aston a affiché son ambition de revenir au plus haut niveau de l'Endurance après plus d'une décennie d'absence. Tout d'abord, la création de la formule LMDh a mis à mal le projet de baser le modèle LMH sur la Valkyrie de route. Ensuite, le règlement LMH a été modifié dans le cadre du processus de convergence, ce qui a également contraint Toyota et Peugeot à changer leurs voitures.

Il y a ensuite eu le rachat d'Aston Martin Lagonda par un consortium dirigé par Lawrence Stroll, ce qui a marqué le début d'un nouveau chapitre dans l'histoire de la marque britannique. Aston s'est alors concentré sur son équipe de Formule 1 nouvellement créée, une entité distincte également détenue par Stroll, laissant le programme Hypercar au second plan.

Le projet Valkyrie a donc d'abord été reporté en 2020 avant d'être suspendu pour une durée indéterminée. Bien qu'Aston n'ait jamais confirmé officiellement l'abandon du programme, il était de notoriété publique que la marque avait décidé en interne de saborder son projet de retour au Mans.

Aston Martin Valkyrie

Aston Martin Valkyrie

Photo de: Aston Martin

Pendant longtemps, il a semblé qu'Aston Martin allait manquer le nouvel âge d'or de l'Endurance, tout comme Audi. Enfin, c'était le cas jusqu'à la fin de l'année dernière, lorsque le programme a été relancé par Aston Martin et son équipe GT partenaire Heart of Racing, dans le but de participer au WEC et à l'IMSA en 2025.

L'un des changements majeurs par rapport au plan initial de 2019 a été l'abandon d'un développement basé sur une voiture de route, Aston construisant désormais une Hypercar sur mesure selon le règlement LMH actuel. Cela signifie que la nouvelle Valkyrie LMH qui participera aux 24 Heures du Mans et de Daytona l'année prochaine ne sera pas développée autour du modèle de production du même nom. Elle sera plutôt basée sur la Valkyrie AMR Pro, une supercar réservée à la piste reprenant la technologie du projet LMH mort-né.

C'est un choix intéressant de la part d'Aston Martin, qui lui permet d'accélérer le développement et de refaire son retard sur la concurrence, qui aura plusieurs années d'avance lorsque la Valkyrie fera ses débuts en piste, en 2025.

Lire aussi :

Plusieurs entités sont impliquées dans la conception, le développement et les essais de la Valkyrie LMH. Il s'agit notamment de l'équipe Prodrive/Aston Martin Racing, de la nouvelle division Aston Martin Performance Technologies ainsi que de l'équipe américaine Heart of Racing, qui a déjà connu beaucoup de succès avec la Vantage GT3 dans le championnat IMSA.

La marque s'est également associée à la branche européenne de Multimatic, ce qui lui permet d'avoir accès à plusieurs ingénieurs impliqué dans le programme GT de Ford, entre 2016 et 2019. Multimatic est également très impliqué dans le développement et l'engagement de la Porsche 963 LMDh, ce qui ne peut que profiter à Aston, qui prépare l'un des projets de voiture de sport les plus ambitieux de son histoire.

Aston a commencé son travail dans un nouvel atelier situé à Brackley, juste à côté des bureaux de Multimatic et à une courte distance en voiture de ses départements F1 et Performance Technologies, situées à Silverstone. Avec un certain nombre de recrutements prévus jusqu'à la fin de l'année, Aston espère disposer de la main-d'œuvre nécessaire pour mener à bien un programme LMH.

Interrogé par Motorsport.com sur les dernières avancées du projet, Ian James, directeur de l'équipe Heart of Racing, a déclaré : "Nous avons un mulet qui a été un peu testé. Nous commençons à constituer l'équipe. Nous avons récemment loué des locaux à Brackley, au Royaume-Uni, pour le programme WEC, à côté de Multimatic Europe."

Ian James

Ian James

Photo de: JEP / Motorsport Images

"Nous allons travailler en collaboration avec Multimatic Europe, et quelques personnes clés du programme de l'époque de la Ford GT seront impliquées. Vous verrez bientôt George-Howard Chappel [un ingénieur renommé, ndlr] sous les couleurs de Heart of Racing, et nous ferons passer ce groupe actuel de cinq ou six personnes clés à probablement 35 à 40 personnes dans les neuf mois à venir."

Les essais ont débuté au début du mois de janvier avec un roulage de la Valkyrie AMR Pro à Silverstone. La marque britannique continuera à tester d'autres développements de son mulet dans les mois à venir, avant qu'une version plus définitive du modèle ne soit prête.

Aston prévoit d'effectuer jusqu'à 15 000 km d'essais avant les 24 Heures de Daytona en janvier prochain, mais est conscient qu'il aura fort à faire pour combler le retard qu'il accuse par rapport aux constructeurs en place.

"Nous allons faire autant de tests que possible", a déclaré James. "Tout se déroule dans les temps. Nous espérons qu'au milieu de l'année, nous aurons sur la piste une voiture qui sera très proche de la voiture finale."

"Nous allons essayer de parcourir entre 10 000 et 15 000 kilomètres avant la saison prochaine. Il est évident que nous ne pourrons jamais rattraper le temps perdu par rapport aux autres constructeurs, mais [la voiture] sortira rapidement de la planche à dessin."

Aston Martin Valkyrie AMR Pro

Aston Martin Valkyrie AMR Pro

Photo de: JEP / Motorsport Images

Heart of Racing jouera également un rôle crucial dans le projet, notamment grâce à un simulateur de pointe qui permettra d'accélérer le développement de la voiture. "Nous avons une relation étroite avec Aston Martin Lagonda", a expliqué James. "Le fait d'être l'équipe d'usine est évidemment un grand honneur mais même à ce stade, nous sommes déjà impliqués dans le projet."

"Nous avons la chance de disposer d'un système 'driver-in-loop' à jour à Phoenix, dans notre atelier. Nous sommes déjà en train d'y modéliser la voiture et nous commencerons à faire des essais dans le monde virtuel. Nous marchons donc main dans la main tout au long du processus."

Darren Turner, pilote Aston Martin de longue date, a été chargé de parcourir les premiers kilomètres et de jeter les bases du programme LMH. Aucun pilote de développement n'a été désigné pour le projet jusqu'à présent mais le banc d'Aston Martin comprend déjà quelques noms de premier plan qui sont susceptibles de faire partie de l'équipe finale. Les Danois Marco Sorensen et Nicki Thiim sont considérés comme des candidats évidents, tandis que Ross Gunn et Jonny Adam pourraient également être en lice.

"Darren Turner a fait un peu de roulage initial dans la voiture mulet", a révélé James. "Il ne sera pas l'un des pilotes de course, mais il fait partie de Heart of Racing et d'Aston Martin Racing. Il s'est occupé de certaines tâches banales comme l'étalonnage et d'autres choses du même genre. Ensuite, nous verrons certainement des gars de Heart of Racing et de l'usine se succéder au cours des étapes de développement."

Lire aussi :

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Cadillac et Ganassi se sépareront après la saison 2024 de WEC
Article suivant Clash WEC/FE : les pilotes des 6H de Spa ne pourront pas rouler à Berlin

Meilleurs commentaires

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Édition

France France