Rétro 1975 - Dix pilotes pour deux Williams

À une certaine époque, on aurait dit que l’entrée d’une petite écurie de Formule 1 était munie d’une porte tournante. Un pilote sortait tandis qu’un autre entrait.

Jacques Laffite, Williams FW04

Photo de: LAT Images

Frank Williams avec Arturo Merzario, Williams FW03
Arturo Merzario, Williams FW03
Renzo Zorzi
Frank Williams damns les ateliers de l'ISO Marlboro IR01 Ford
Damien Magee
Jo Vonlanthen, Williams FW04
Lella Lombardi, Lavazza March
Francois Migault
Jacques Laffite, Williams FW
Tony Brise, Williams Ford

Durant les années 70, ces petites équipes, sans véritable budget ni sponsor, faisaient appel à des pilotes payants, les poches remplies de billets provenant de fortunes familiales, de sponsors ou de riches mécènes. À la fin de chaque Grand prix, c’était comme si une affiche “À louer pour la prochaine course” était placée sur quelques monoplaces ! Je parle ici d’écuries de petite taille comme, entre autres, March, Surtees, BRM, Embassy Hill, Hesketh et Ensign.

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Il en existait une autre, toute jeune, sans le sou, mais dirigée par un ancien pilote débrouillard, déterminé et fin négociateur : Frank Williams. Ce Britannique et sa microscopique équipe, Frank Williams Racing Cars, ont fait courir des voitures de F1 privées durant quelques saisons. Le pauvre Frank a dû réaliser mes miracles pour que les huissiers ne mettent pas la clé à son atelier. D’ailleurs, il traitait ses affaires depuis une boîte téléphonique du coin de la rue afin d’éviter que la ligne de l'usine soit coupée pour défaut de paiements. Il était criblé de dettes, mais est parvenu à survivre en louant ses voitures à un nombre effarant de pilotes payants.

Les peu véloces Iso

Au début, il a fait rouler des voitures italiennes de la marque Iso qui étaient fabriquées par un certain Pietro Rivolta. En 1973, neuf pilotes se sont partagés le volant de ses deux Iso-Marlboro IR-Cosworth dessinées par John Clarke. En 1974, ils sont six (un peu moins) à piloter les deux Iso-Marlboro FW-Cosworth et un an plus tard, Frank Williams bat son propre record avec cette fois 10 pilotes dans son écurie ! Pour cette saison 1975, il créée Williams Grand Prix Engineering qui fait rouler une FW de l’année précédente et une toute nouvelle FW04 à moteur Cosworth DFV, dessinée par Ray Stokoe.

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Le Français Jacques Laffite est celui qui a décroché le meilleur résultat de la petite équipe ; une deuxième place acquise sur le redoutable Nordschleife du Nürburgring en Allemagne aux commandes de la FW04. Sinon, les résultats de l’équipe Williams ont été décevants, sinon désastreux. Les voitures, préparées avec des bouts de ficelles à deux sous, ne sont ni fiables, ni vraiment performantes. Il faut aussi préciser qu’en employant des pilotes payants, Frank Williams n’a pas toujours eu des champions du monde potentiels au volant de ses bolides…

À l’exception de sa seconde place, Laffite a connu sept abandons en 11 départs… Le petit Arturo Merzario a disputé une poignée de courses pour Williams, le tout se résumant à une kyrielle d’abandons, une non-qualification et un non-classement. Lors du Grand Prix de Suède, l’Irlandais Damien Magee prend les commandes de la FW. Il termine au 14e rang, à deux tours du vainqueur, Niki Lauda sur Ferrari. Le Sud-Africain Ian Scheckter, le frère de Jody, prend le volant de la FW04 à cette occasion. Il se qualifie au 19e rang et termine la course 12e, avec cinq tours de retard.

Le fond de grille

Le Britannique Tony Brise est relativement compétitif au Grand Prix d’Espagne. Il signe le 18e temps en qualification et occupe le sixième rang quand il est forcé à l’abandon au 23e passage suite à une collision.

Un excellent pilote d’Endurance, le Français François Migault, s’essaie en F1 lors du Grand Prix de France organisé au Castellet. Migault se qualifie en 24e place, mais il casse son moteur Cosworth lors du warm-up et ne peut participer à la course.

Le Britannique Ian Ashley, le coéquipier de Laffite en Allemagne, réalise le 20e temps des qualifications, mais sa Williams quitte la piste et percute les rails au virage Pflanzgarten. Le pauvre Ashley est évacué du circuit avec les deux chevilles fracturées…

Le Suisse Jo Vonlanthen s’essaie en Grand Prix en Autriche. Il réalise le 29e temps des qualifications (à huit secondes de la pole position…) et abandonne au 14e tour quand son Cosworth DVF crache ses pistons.

Renzo Zorzi prend les commandes de la FW en Italie à Monza. Il termine au 14e rang, à six tours du vainqueur, Clay Regazzoni sur Ferrari.

Une femme, Lella Lombardi, pilote une seconde FW04 aux États-Unis à Watkins Glen. Qualifiée en 23e place, elle découvre de sa voiture souffre d’un ennui électrique juste avant le départ. L’Italienne tente de prendre alors la voiture de Laffite, mais le baquet n'est pas adapté à sa morphologie, ce qui la force à déclarer forfait.

Pourquoi veut-elle emprunter le bolide de Laffite ? C’est parce qu’il est disponible ! L’exubérant Jacquot devait utiliser un collyre oculaire durant ce week-end-là. Mais le samedi soir, distrait, Laffite a confondu deux flacons dans son sac et s’est mis de l’anti-buée dans les yeux ! Le malaise fut douloureux, mais passager, ce qui l’a toutefois empêché de prendre le volant et de disputer la course.

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