L'avantage inattendu de la course sprint

Le test des courses sprint en Formule 1 à Silverstone a suscité des réactions mitigées samedi, mais il restait à savoir quel serait son impact sur le Grand Prix de dimanche. Alors que les fans s'émerveillaient du départ de Fernando Alonso, une leçon clé permettait d’anticiper l’accident survenu à Copse le lendemain.

Max Verstappen, Red Bull Racing RB16B, Lewis Hamilton, Mercedes W12

Max Verstappen, Red Bull Racing RB16B, Lewis Hamilton, Mercedes W12

Mark Sutton / Motorsport Images

La première course sprint de Formule 1 a coché un grand nombre de cases au moment où les voitures ont regagné les garages, après l’épreuve de 17 tours organisée le samedi. Un vendredi bien plus intéressant et une course de qualification samedi qui a offert suffisamment de frissons (grâce à Fernando Alonso) et de rebondissements (merci les pilotes Haas et Sergio Pérez) étaient exactement ce que la F1 avait espéré lorsque l'idée a été proposée pour la première fois.

Bien sûr, certains aspects du week-end méritent d'être revus, comme l'attribution de la pole, l'obsession inutile de ne pas appeler le sprint une "course", et comment faire en sorte que le samedi matin ne soit plus un spectacle vide. Mais ces détails peuvent bien être réglés en 10 minutes. Donnez la pole historique à l'homme le plus rapide le vendredi, acceptez que le samedi soit une "course" sprint, et renommez la session du samedi matin "warm-up", comme cela était le cas par le passé. Le tour est joué.

Cependant, la plus grande préoccupation, et l'aspect qui avait peut-être été le plus difficile à prévoir avant l'expérience réelle, était l'impact de la course du samedi sur le Grand Prix officiel du dimanche.

Les craintes, bien sûr, étaient que ce format rende le Grand Prix beaucoup moins spectaculaire. Après avoir pu pousser à fond pendant 17 tours lors de la course sprint, sans avoir besoin de gérer ses pneus et son carburant, nombreux étaient ceux qui craignaient que le spectacle soit beaucoup moins intéressant le lendemain, lorsque les stratégies devraient être mises en place par les écuries. Il est presque certain que le genre de pari qu'Alonso et Alpine ont pris dans la course sprint de samedi, en optant pour un pneu tendre, n'avait aucune chance de voir le jour lors du Grand Prix du dimanche.

 

Et pour ce qui est du spectacle, il y avait cette impression que le samedi avait déjà éliminé une grande partie du travail de devinette sur la façon dont les voitures allaient se comporter dans l'épreuve principale. Les monoplaces qui avaient déjà été alignées une fois dans leur ordre de vitesse sur un seul tour, étaient maintenant alignées une deuxième fois dans l'ordre de compétitivité qu'elles avaient montré sur une courte distance de course. Quelle raison y avait-il de croire que le résultat final du dimanche serait différent de ce que nous avions vu le samedi ?

Mais ce que personne ne savait avant la course, c'est que le fait même d'avoir vu un instantané des performances des voitures (et des forces et faiblesses) a contribué à faire monter les enchères le dimanche. Contrairement aux fois où la F1 a couru deux fois de suite sur le même circuit (notamment au Red Bull Ring il y a quelques semaines), ce qui a ajouté une touche unique à la course de Silverstone, c'est que les réglages des voitures étaient verrouillés.

Les responsables de la F1 ne souhaitaient pas que les équipes mettent au point des voitures de qualifications pour le vendredi avant de passer aux spécifications de course pour le samedi et les jours suivants. Des restrictions de parc fermé ont donc été imposées dès que les voitures ont quitté les stands au début de la Q1, vendredi soir. Cela signifie que, contrairement à ce qui s'est passé entre les Grands Prix de Styrie et d'Autriche, où les équipes ont pu changer les réglages et adapter leurs voitures pour la deuxième course en fonction des leçons tirées de la première, cette option n'existait pas cette fois-ci.

Plutôt que de voir la course sprint gâcher le spectacle du dimanche, la première épreuve nous a peut-être montré comment elle peut servir à l'améliorer et à renforcer l'intrigue et les efforts pour renverser la situation

En effet, les équipes n'avaient plus le pouvoir ni la responsabilité d'améliorer les choses, mais bien les pilotes. Car c'était simplement à ceux qui étaient dans le cockpit de s'adapter et de s'améliorer avec les mêmes outils. Et c'est exactement ce facteur qui a déclenché le duel incroyablement intense entre Max Verstappen et Lewis Hamilton lors du premier tour du Grand Prix.

Les deux hommes connaissaient bien les forces et les faiblesses de leur package. Verstappen avait la confiance de savoir qu'il avait une très bonne voiture de course, mais savait que la configuration à appui plus élevé dans laquelle son équipe était enfermée depuis vendredi le laissait exposé sur les lignes droites.

Du point de vue d'Hamilton, le Britannique était bien conscient de l’avantage en ligne droite que lui procurait son package à faible traînée, mais il savait parfaitement, sur la base de ce qu'il avait vu samedi, que s'il n'avait pas dépassé la Red Bull au moment où les voitures se dirigeaient vers l’enchaînement Magotts - Becketts, il n'aurait que très peu de chances de dépasser son rival pour le titre.

C'est dans cet état d'esprit qu'Hamilton s’élançait, avec pour mission de ne pas laisser la hiérarchie s’installer dans le premier tour. Il devait agir. C'est ce qui a déclenché les attaques agressives dans le premier secteur, la course roue contre roue dans Brooklands puis son choix de trajectoire dans Copse.

 

Samedi, Hamilton était dans une situation identique avec Verstappen à la sortie de Luffield, mais le champion en titre avait choisi de contourner par l'extérieur. À cette occasion, Verstappen avait tenu la trajectoire avantageuse, à l’intérieur, et avait pu rester en tête. C'était suffisant pour lui permettre de s'échapper dans Becketts et Chapel avec sa monoplace plus chargée aérodynamiquement, afin de s’envoler dans la ligne droite suivante.

Ayant intégré les leçons de la veille, il était évident qu'Hamilton n'allait pas refaire la même erreur. Comme il l'a dit après la course : "Hier, j'ai pris le côté gauche et j'ai vraiment regretté de ne pas être allé chercher l'espace qu'il y avait sur le côté droit. Donc je l'ai dupé, je me suis déplacé vers la gauche et ensuite vers la droite pour cet espace."

Le patron de Red Bull, Christian Horner, était également convaincu que ce sont les leçons mêmes de la course sprint (à savoir qu’être en tête à la sortie de Copse était primordial) qui ont déclenché ce que nous avons vu au premier tour.

"Je pense qu'il le savait exactement", a-t-il dit. "Je pense qu'il était remonté après le résultat d'hier et il savait que c'était sa seule chance, je pense. Il savait que si Max était passé dans ce virage, il ne l'aurait peut-être pas revu de l'après-midi..."

Ainsi, plutôt que de ruiner le spectacle du dimanche, la course sprint nous a montré comment elle pouvait servir à l'améliorer et à accroître l'intrigue et les efforts pour renverser la situation. C'est une conséquence à laquelle peu de gens s'attendaient vraiment lorsque l'idée est apparue.

 

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