Les pneus rodés vont-ils être la clé des qualifications en 2022 ?

Une nouvelle tendance pourrait bien chambouler les stratégies en qualifications cette saison.

Carlos Sainz Jr., Ferrari F1-75

Photo de: Mark Sutton / Motorsport Images

Les pneus neufs, accessoire indispensable pour jouer la pole position jusqu'à l'an dernier, semblent avoir perdu de leur superbe. Carlos Sainz en a fait l'amère expérience dans un exemple criant au Grand Prix d'Arabie saoudite : auteur du meilleur temps en Q1 et Q2, le pilote Ferrari était également le plus rapide en Q3 grâce à un beau tour en 1'28"402 avec des pneus qui avaient pourtant déjà effectué un run précédemment.

Sainz a ensuite chaussé des pneus neufs pour sa dernière tentative mais, contre toute attente, n'est pas parvenu à améliorer, incapable de faire mieux que 1'28"651. Il a ainsi rétrogradé à la troisième position sur la grille de départ.

"Le tour de la troisième place était relativement bon", a commenté l'Espagnol. "C'était en pneus usés, car sans que je sache pourquoi, le pneu usé me donne une meilleure sensation ce week-end. Le pneu neuf est très difficile à manier pour moi. Et quand j'ai mis les neufs pour le dernier run de Q3, je n'avais simplement aucune adhérence à l'arrière et j'étais à la peine, alors pour un [chrono en] pneus usés, ce n'était pas si mal."

Après deux Grands Prix en cette saison 2022, le manufacturier unique qu'est Pirelli est en mesure d'apporter de premiers éléments permettant d'expliquer cet étrange phénomène.

"En qualifications, nous avons vu deux situations différentes", analyse Mario Isola, directeur du projet F1 de Pirelli. "Certaines écuries faisaient deux tours de préparation pour les tendres, d'autres utilisaient les tendres pour un deuxième run en qualifications. Si l'on se rappelle, l'an dernier, ça n'est jamais arrivé. Les pneus sont donc capables de recouvrer l'adhérence, car si le pneu ne peut pas recouvrer l'adhérence, on ne le réutilise pas."

"Il s'agit d'un facteur supplémentaire. Quant à savoir combien il sera puissant, c'est un peu tôt pour le dire, car nous avons des circuits différents, des caractéristiques différentes."

Mario Isola, directeur de la compétition, Pirelli Motorsport, parle à la presse

Mario Isola, directeur de la compétition chez Pirelli Motorsport

Sergio Pérez, lui, a manifestement trouvé la clé avec les pneus neufs, puisqu'il a signé la pole position à Djeddah. "J'estime que le pneu tendre, lorsqu'il était neuf, avait beaucoup d'adhérence au début, et cela donnait un comportement instable. Ces voitures sont relativement délicates à piloter, surtout sur une piste où les murs sont si proches de la piste, on ne peut faire aucune erreur", poursuit Isola concernant le cas spécifique du circuit saoudien.

"Un pneu usé perd un petit peu de sa pointe d'adhérence et améliore la sensation du pilote. Il est donc un petit peu plus progressif, et le pilote peut attaquer davantage. Si l'on n'a pas de véritable dégradation thermique venant du pneu, le pilote ressent plus de confiance."

"L'an dernier, certains pilotes étaient capables de rouler plus vite avec les mediums qu'avec les tendres, car ils sentaient moins de mouvement de la bande de roulement. Cette année, le tendre usé leur a donné plus de confiance. C'est pourquoi certains pilotes ont pu signer un meilleur chrono en tendres usés qu'en tendres neufs. Mais si vous trouvez les réglages parfaits en tendres neufs, comme Checo [Pérez], le chrono est là."

Chaque équipe va désormais chercher à déterminer lors des essais libres si les tendres rodés peuvent représenter un avantage en qualifications. En course, ce composé n'a pas été utilisé une seule fois à Djeddah, mais la donne pourrait être différente au Grand Prix d'Australie en raison des gommes choisies par Pirelli.

"À Melbourne, nous avons les C2, C3 et C5, et la marche est grande entre les C3 et les C5", détaille Isola. "Le C5 est probablement un choix relativement agressif que nous voulions faire, car d'après nos tests de l'an dernier, le C3 et le C4 ont l'air relativement proches l'un de l'autre. Nous avons décidé d'essayer C2-C3-C5 pour voir si l'écart est le bon entre les composés."

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"Pour Melbourne, le C5 est probablement un pneu similaire au tendre à Bahreïn en matière de comportement, avec 1,2 seconde au tour de différence. Si le tendre n'a pas de graining en Australie, avec cet écart de performance par rapport au medium – le C3 – peut-être que certains pourraient tenter de prendre le départ en tendres. Si ce pneu est rapide mais a du graining, et que la dégradation est plutôt élevée, alors le medium devient l'option pour le départ." Avec un autre facteur nouveau : les blocages de roue ne sont pas aussi néfastes qu'avec les roues 13", conséquence selon Isola de "la construction et la raideur de la voiture".

Propos recueillis par Adam Cooper

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