Le court et peu reluisant passage de Lamborghini en F1

L’histoire de la petite écurie italienne Modena Lambo Team commence de l’autre côté du globe, aux États-Unis d’abord, puis au Mexique.

Nicola Larini, Modena Team

Nicola Larini, Modena Team

Sutton Motorsport Images

En 1987, Chrysler Corporation achète la marque Lamborghini et décide de narguer son ennemi favori, Ferrari, sur son terrain de prédilection, la Formule 1. Pour ce faire, Daniele Audetto crée une structure technique à Bologne, Lamborghini Engineering, et recrute Mauro Forghieri, l’ancien directeur technique de la Scuderia Ferrari, qui crée un moteur V12 atmosphérique. Ce bloc propulse les Lola LC 89 de l’écurie Larrousse-Calmels en 1989. Un an plus tard, il motorise les Lola 90 de Gérard Larrousse et les T102 du Team Lotus. Voilà pour la partie nord-américaine.

Maintenant, l'histoire mexicaine : début 1990, un jeune riche homme d’affaires mexicain, Francesco Gonzales Luna, rassemble des entreprises florissantes de son pays dans le but de fonder une écurie nationale de Formule 1.

Gonzales Luna signe une entente avec Lamborghini Engineering. Forghieri et Mario Tolentino conçoivent la voiture. L’écurie portera le nom de GLAS (Gonzales Luna y Asociados). Tout se déroule bien et les factures sont payées à temps. Cependant, peu avant la présentation de la voiture à Mexico City, Gonzales Luna disparaît mystérieusement sans laisser de traces ! Encore aujourd’hui, on ignore ce qui est vraiment survenu.

Forghieri reprend le projet

Forghieri se retrouve donc avec des monoplaces, des moteurs et un staff technique. Pas question de gâcher cela. Un accord est conclu avec Paolo Patrucco, l’ancien patron le marque de vêtements de sports Fila. Lamborghini accepte d’investir une somme d’argent pour compléter le projet, et passe la main à Patrucco qui doit trouver des sponsors pour faire courir les voitures dans le Championnat du monde 1991. L’écurie est baptisée Modena Team et les bolides deviennent des Lambo 291.

La voiture est très basse, profilée, dotée de pontons triangulaires logeant des radiateurs en biais. Le moteur est le V12 atmosphérique Lamborghini L3512 d’une cylindrée de 3,5 litres, boulonné à une boîte de vitesses transversale Lamborghini. Les pilotes sont Nicola Larini et Eric van de Poele. Jaime Manca Graziadei, un ancien de Minardi, est nommé team manager et les ingénieurs sont Mario Tolentino et Dave Morgan. Larini effectue un déverminage des voitures avant qu’elles soient expédiées à Phoenix pour participer au Grand Prix des États-Unis en mars 1991.

Il y a tellement d’inscrits que plusieurs petites écuries doivent se pré-qualifier durant une courte séance chronométrée et organisée très tôt le vendredi matin. Seuls les concurrents les plus rapides de cette séance peuvent poursuivre le week-end. À Phoenix, van de Poele ne se pré-qualifie pas, mais Larini étonne en se qualifiant et en terminant la course au septième rang, ratant de peu de marquer un premier point.

Beaucoup d'efforts, mais peu de résultats

Au Grand Prix de Saint-Marin, à Imola, c’est van de Poele qui se qualifie. Il roule en cinquième place quand un souci d’alimentation en carburant (ou une panne d’essence…) coupe son élan à quatre tours de l’arrivée. Il est finalement classé neuvième.

Le petit budget de l’équipe fond comme neige au soleil. Larini et van de Poele apportent le soutien financier de leurs (petits) sponsors personnels, mais Patrucco ne parvient pas à intéresser de grandes entreprises à investir dans son projet. Lamborghini refuse d’ajouter une lire dans cette affaire qui lui attire plutôt de la mauvaise publicité.

La saison 1991 sera passablement pénible. La Lambo 291 est lente, désespérément lente, et sa tenue de route est problématique. En 16 participations, Larini ne dispute que cinq Grands Prix en queue de peloton tandis que le Belge van de Poele ratera toutes ses qualifications sauf celle d’Imola. Changer la forme des pontons à la mi-saison ne procure pas les gains espérés.

Après le dernier Grand Prix de la saison 1991, Modena Team ferme ses portes. Mauro Forghieri tente quand même de poursuivre l’aventure. Il négocie avec Gérard Larrousse et Adrian Reynard (qui a un projet F1 dans ses cartons), mais rien ne se concrétise. C’est la fin et les Lambo quittent la F1 pour de bon.

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