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Tyler Alexander, ses souvenirs de McLaren

Tyler Alexander, un des membres fondateurs de la prestigieuse écurie McLaren, est décédé jeudi à l’âge de 75 ans.

Tyler Alexander et Bruce McLaren

Photo de: McLaren

Tyler Alexander
Tyler Alexander, McLaren avec Bernie Ecclestone
McLaren Can-Am
Bruce McLaren
Kimi Räikkönen

Né aux États-Unis, Tyler Alexander a été aux côtés de Bruce McLaren dès la création de l’écurie en 1963. Alexander, un homme charmant et incroyablement passionné, était l’un des piliers de l’écurie alors qu’elle courait dans plusieurs championnats très différents : Formule 1, USAC, Can-Am et même en Formule 5000.

En 2014, il a publié un livre, contenant ses propres photos, intitulé McLaren from the Inside, qui fait revivre les grands moments et découvrir les personnages illustres de l’écurie à l'origine néo-zélandaise.

Avant de publier son livre, Alexander a rencontré certains membres de la presse afin de discuter des bons et des moins bons moments de cette équipe. Il en a profité pour expliquer comment l’écurie s’était relevée après la mort tragique de Bruce McLaren à Goodwood en 1970.

 

Quelle fut votre période préférée chez McLaren?

Alexander : Je dirais que ce fut en 1998 et 1999 quand Mika Häkkinen a remporté ses deux titres mondiaux. Il aurait aussi dû être sacré champion en 2000, mais nous avons connu trop de soucis de fiabilité. Mika a aussi beaucoup travaillé pour gagner le Grand Prix de Grande-Bretagne. Il rencontrait toujours un problème. En 2001, je me souviens qu’il est arrivé au circuit dimanche et on voyait bien qu’il n’était pas là pour prendre du plaisir. Il était ennuyé par le fait de toujours avoir été rapide à Silverstone sans avoir réussi à gagner. Après avoir remporté la victoire, il m’a dit "Tu sais, Tyler, le Grand Prix de Grande-Bretagne est l’une des courses qu’il faut avoir gagnée. Et je devais gagner aujourd’hui!" Mika a aussi eu des passes d’armes incroyables avec Michael Schumacher. On disait que ce n’était pas possible de le faire, et il le faisait.

Quelle a été votre McLaren favorite?

En ce qui a trait aux voitures de sport, c’est la Can-Am de 1969, la McLaren M8B avec l’énorme aileron arrière. Ce fut l’une de nos meilleures. Si nous pouvions refaire cette voiture avec les matériaux modernes, elle serait fantastique. Elle a remporté les 11 courses auxquelles elle a participées. À l’exception des barres antiroulis, je crois que nous n’avons rien changé sur cette voiture durant toute la saison. Nous disposions de deux ailerons : un pour les circuits rapides et l’autre pour les tracés lents.

En ce qui a trait aux voitures de F1, c’est plus difficile de faire un choix. Je pense qu’il s’agit de la voiture de 2005 de Kimi Räikkönen. Kimi aurait dû remporter 12 victoires cette saison-là, mais il a connu des ennuis de fiabilité. La voiture de Häkkinen en 1998 était aussi très bonne. Quand nous sommes allés la déverminer à Barcelone, elle était toute neuve et en trois ou quatre tours, elle roulait 1,5 seconde plus vite que toutes celles qui roulaient depuis deux jours! J’ai alors dit "Remettons-la dans le camion, car il ne faut pas y toucher". Nous sommes allés à Melbourne où Mika et David Coulthard se sont qualifiés devant le peloton.

Quel genre de leader était Bruce McLaren?

Il possédait un charisme fascinant. Quand il est mort, Eoin Young a écrit une lettre à ses parents, et sa première phrase résumait tout. "Nous ne travaillions pas pour Bruce McLaren. Nous travaillions avec Bruce McLaren", avait-il écrit. Il y a aussi cette phrase de Howden Ganley, l’ancien pilote, qui disait que si nous étions tous arrivés au travail un matin et que Bruce nous avait demandé de le suivre dans une traversée du désert du Sahara, nous l’aurions tous suivi sans nous poser une seule question. Bruce possédait vraiment une sorte de magnétisme spécial.

Comment l’écurie a-t-elle survécu à la mort de Bruce McLaren?

Je l’ai appris le lundi suivant les 500 Miles d’Indianapolis de 1970. Je prenais mon petit déjeuner en compagnie de Dan Gurney quand on m’a dit que j’avais un appel téléphonique. C’était Teddy Mayer qui m’apprenait que Bruce s’était tué durant l'après-midi sur le circuit de Goodwood. Je suis retourné en Angleterre et j’ai filé directement à l’usine. Tout le monde était là. Le concepteur en chef, Gordon Coppuck, a dit que ce qui venait de survenir n’était pas agréable et qu’il était d’accord pour que les employés prennent une journée de congé pour réfléchir. Puis, Teddy Mayer a eu un geste grandiose, très inspirant. Il a grimpé sur une chaise et a déclaré "Ce qui est arrivé à Bruce est arrivé et c’est très dommage. Par contre, nous devons disputer une course de Can-Am dans deux semaines et nous devons nous préparer". C’est tout ce qu’il y avait à dire. Le jour suivant, tout le monde est venu travailler. Ce fut incroyable.

Qu’est-il arrivé lors de cette course?

Elle avait lieu à Mosport, au Canada. Dan Gurney pilotait une voiture et l’autre fut confiée à Denny Hulme. Ce dernier avait encore les mains couvertes de bandages pour les protéger des brûlures infligées lors de l’Indy 500. Dan a remporté la victoire, et Denny a terminé au troisième rang. Après la course, Denny ne parvenait pas à s’extirper de la voiture. Il était physiquement vidé et ne pouvait retirer ses mains brûlées du volant. Il n’aurait pas dû piloter cette journée-là, mais il l’a fait en l’honneur de Bruce. Dan, Denny et tous les employés de McLaren ont gardé cette équipe en vie. Tout le monde s’est serré les coudes et a fait ce qu’il fallait faire. Regardez : cette écurie existe toujours.

Qu’avez-vous appris de toutes ces années passées dans le sport automobile?

J’ai appris à garder mes yeux et mes oreilles bien ouverts, et à garder ma bouche fermée. Je suis encore ici. J’ai essayé d’agir ainsi dans les limites du raisonnable. L’autre chose fut de compter sur des gens de confiance. Je connais certaines personnes de l’écurie McLaren depuis des décennies et je leur fais aveuglément confiance. Ils ne m’ont jamais laissé tomber et je ne les ai jamais laissés tomber.

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