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Édito - Le Halo de la discorde

Monza, jeudi 31 août, 13h30. Pilotes, directeurs d'équipe, journalistes, officiels de la FIA et observateurs divers sont rassemblés dans le paddock de la Formule 1 pour la présentation de la nouvelle F2 2018.

La nouvelle F2 2018 est dévoilée dans le paddock

Photo de: Steven Tee / Motorsport Images

La monoplace qui va succéder à la Dallara GP2/11 après sept ans de bons et loyaux services est recouverte d'un voile noir, mais certaines de ses caractéristiques ne sont qu'un secret de polichinelle. En particulier le Halo, qui fait alors sa première apparition officielle sur une monoplace. C'est une nouvelle ère qui s'ouvre avec ce qui s'apparente clairement à une pomme de discorde.

Le Halo est loin de faire l'unanimité dans le paddock. Un consensus certain règne chez les pilotes de Formule 2, qui reconnaissent généralement qu'ils préféreraient s'en passer. Ils s'efforcent toutefois de voir le verre à moitié plein, dans l'espoir que les bénéfices en matière de sécurité l'emportent sur les inconvénients en matière de visibilité et de sensations (inconvénients qui paraissent moindres, d'après les pilotes de Formule 1 qui l'ont testé) et de look – de ce point de vue, rendre le Halo positif ne sera pas chose aisée, même si l'on s'y habituera rapidement, comme pour chaque évolution, décriée ou non.

Discutant avec Trevor Carlin quelques instants après que le voile a été levé sur la nouvelle voiture, le fondateur de l'écurie du même nom m'a rappelé une polémique que j'avais oubliée : l'élèvement des côtés du cockpit pour la saison 2008 de Formule 1, suite à l'accrochage de David Coulthard avec Alexander Wurz au Grand Prix d'Australie de l'année précédente, où la Red Bull était passée à quelques centimètres du casque de l'Autrichien.

Or, c'était un scandale ! Imaginez-vous : non seulement on ne voyait déjà plus les épaules du pilote en action, mais la partie basse de son casque était désormais masquée ! Et pourtant, c'est devenu la norme. Rares sont ceux qui imagineraient revenir en arrière, d'autant que les images du début des années 1990 nous donnent désormais l'impression que les pilotes évoluaient à découvert, à un point extrême. Le système HANS a également connu son lot de réfractaires, mais qui s'en passerait aujourd'hui ?

La nouvelle F2 2018

Nous nous habituerons au Halo, et les dirigeants de la F1 comme de la F2 en sont conscients. Parmi ceux qui ont levé le voile sur la nouvelle monoplace, on retrouvait Bruno Michel, PDG de la F2 et du GP3, et Mario Isola, responsable de Pirelli, mais aussi Charlie Whiting, directeur de course F1, et Ross Brawn, directeur sportif de la catégorie reine. Didier Perrin, directeur technique F2/GP3, et Laurent Mekies, directeur de la sécurité à la FIA, étaient également présents, et tous étaient prêts à défendre ce projet.

Or, qu'on aime le Halo ou pas, l'approche de la fédération est pragmatique. Non, le Halo n'est pas forcément la meilleure solution possible – comment pourrait-il l'être, alors que toutes les options évoquées pour protéger la tête du pilote n'ont pas encore été analysées en détail ? Et quand on écrit "en détail", on parle de plusieurs années d'analyse approfondie.

En revanche, en attendant que d'autres pistes soient explorées aussi exhaustivement, le Halo est une évolution qui va clairement contribuer à la sécurité. Avec lui, il est très probable que Justin Wilson et Henry Surtees seraient encore parmi nous. Certes, il est esthétiquement très discutable. Mais qui sommes-nous pour exiger que les pilotes n'aient pas davantage de sécurité ? Et ne parlez pas de l'ADN de la Formule 1 : les F1 d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec celles d'il y a 50 ans. L'ADN de la F1, c'est un concept auquel chacun fait dire ce qu'il veut.

En attendant, la nouvelle F2 a un grand défi à relever. La GP2/11 a écrit des pages parmi les plus belles de l'Histoire de la discipline et nous a encore offert deux courses palpitantes à Monza. La F2 2018 sera-t-elle capable d'en faire autant ? Toujours est-il que son look agressif, semblable à celui des F1 nouvelle génération, fait l'unanimité auprès des pilotes. Tout comme son moteur Mecachrome V6 turbo qui, selon Louis Delétraz, devrait "apporter un peu de piment".

Le sport automobile est en perpétuelle évolution, et ce n'est pas le Halo qui va gâcher son avenir. La Formule 2 va continuer de former les stars de futur, pour notre plus grand plaisir.

La nouvelle F2 2018 est dévoilée dans le paddock

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