Interview

Le Superbike des années 90 ? L'équivalent du MotoGP selon Fogarty

Au cours d'un entretien accordé à Motorsport.com, le quadruple Champion du monde de la catégorie donne son avis sur les difficultés actuelles du Superbike en termes de popularité et de spectacle.

Carl Fogarty

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Son record du nombre de victoires a beau avoir été battu en 2018 par Jonathan Rea (celui-ci tenait depuis près de deux décennies et culminait à 59 succès en Superbike), Carl Fogarty n'en demeure pas moins l'un des pilotes au palmarès les plus prolifiques du championnat des motos dérivées de la série.

Inerview :

En passionné, le Britannique garde un œil averti sur les évolutions de la discipline et détient un avis tranché sur la baisse de l'intérêt porté sur celle-ci. Pour le quadruple Champion du monde de la catégorie (1994, 1995, 1998 et 1999), la concurrence du MotoGP, la disparition du calendrier de tracés mythiques, l'envahissement de l'électronique et les formats de course sont autant de facteurs qui, à un moment ou à un autre, ont eu un impact délétère sur le spectacle fourni par le championnat.

Fidèle à sa réputation, c'est donc au cours d'un entretien exclusif accordé à Motorsport.com que Fogarty est revenu sans détour sur le Superbike.

Comment devrait se positionner le Superbike ? La catégorie devrait-elle se rapprocher toujours plus des motos de série ou bien des prototypes ?

C'est une question difficile. Quand je courais, vous pouviez faire ce que vous vouliez sur les motos. Nous avions des freins en carbone. C'est impossible de revenir à cette période-là. Les gens qui détiennent le Superbike détiennent également le MotoGP. Ils ne veulent pas vraiment créer deux championnats similaires en disant 'vous pouvez faire ce que vous voulez'. À mon époque c'était possible. Nous étions les MotoGP des années 1990 si vous voulez. C'est une catégorie difficile pour tout le monde à présent.

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Comment expliquez-vous que le MotoGP a pris le pas sur le Superbike en tant que championnat dominant au niveau mondial ?

Le public ne semble plus intéressé, l'intérêt des télévisions est moindre. Tout est lié à l'arrivée du MotoGP en 2002. Avant le MotoGP, le Superbike était le championnat quatre cylindres le plus important au monde. Maintenant c'est le deuxième. C'est difficile de rendre cela [le MotoGP] plus populaire que ça ne l'est en ce moment. J'ai été très chanceux de participer au Superbike pendant sa période d'or. C'était tellement grand. Démesuré.

C'était plus important que les Grands Prix dans beaucoup de pays. Pour moi, c'est impossible que cela redevienne comme cela. Je le pense vraiment. Et je suis désolé parfois pour les pilotes, car il y a de très bons pilotes tel que Jonathan Rea. Je pense qu'il est possible que Jonathan gagne dans toutes les catégories. Personne ne semble aussi intéressé [que lui] par le Superbike. Et parce que les propriétaires [de la discipline] sont les mêmes que ceux du MotoGP, ils font selon moi toujours en sorte de maintenir la catégorie en-dessous du MotoGP. Ils vont changer les règles et garder plus de motos de production, des motos plus standards. C'est difficile de savoir quel chemin emprunter pour faire de nouveau recette.

Vous regrettez la disparition de circuits légendaires, tel que Brands Hatch ?

Je ne pense pas que cela aide, vraiment [de perdre des tracés mythiques]. Nous avons encore Donington Park. Lorsque j'ai couru à Donington Park en 1999, il y avait 70 000 personnes. Maintenant il n'y en a plus que 10 000. Le plus gros problème, c'est le MotoGP. C'est à présent le numéro 1, ce qui se fait de mieux chez les quatre cylindres. La couverture télé n'est pas aussi bonne que ce qu'elle a été autrefois. Les pilotes, les personnalités ne sont pas les mêmes qu'à mon époque. Je pense que c'est une combinaison de trois ou quatre choses. Le gros truc pour moi, c'est que le MotoGP est la discipline numéro 1 dans le monde chez les catégories de quatre cylindres.

2019 va marquer le retour du format à trois courses par week-end...

J'ai détesté les courses du dimanche. Je ne comprends pas cela. Je ne pense même pas en avoir regardé une. J'essaie d'oublier cela. Normalement, je vois sur les réseaux sociaux que Jonathan a encore gagné. Je n'aime pas cela. Bon, ils veulent garder cela. Mais c'est bien d'avoir de nouveau deux courses le dimanche. C'est comme cela que ça doit être. Nous devons voir. C'est peut-être trop pour les pilotes et les équipes de se préparer pour trois courses. Je ne sais pas. Mais c'est toujours mieux que d'avoir une course le samedi et une course le dimanche.

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Votre avis sur l'électronique ?

Prenez toute l'électronique et mettez ça à la corbeille. Pas d'électronique, vous devez alors piloter avec votre poignet et contrôler comme en British Superbike, et comme j'ai dû le faire [en Superbike dans les années 90]. Maintenant tout est électrique. À mon époque, tout était mécanique, et je préfère cela. Je sais qu'on ne peut jamais revenir en arrière, et qu'une fois que quelque chose est inventée on ne peut pas rétropédaler. Mais l'électronique rend tout cela très ennuyeux. Celui qui a la meilleure électronique remporte la course. C'est fou.

Pas d'électronique, même avec des motos de plus de 250ch ?

Bien sûr que c'est ce qu'il faut [rires]. Si vous patinez trop, vous réduisez les gaz. Quand je pilotais, lorsque les pneus étaient détruits il fallait ajuster votre style et utiliser davantage la boîte de vitesses et faire en sorte que la moto ait moins d'angle, et de ne pas rester trop longtemps sur un même rapport [à l'accélération]. Je savais faire cela très bien. Troy Corser était rapide comme moi, mais quand les pneus se dégradaient il était en difficulté. Je pouvais gérer le problème bien plus facilement.

Propos recueillis par Sebastian Fränzschky

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