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Christian Sarron, acteur de la grande époque, sans regrets

Retiré du championnat depuis le Grand Prix de France 1992, alors couru à Magny-Cours, Sarron fut l'un des pionniers de la présence tricolore en GP. Champion du monde 250cc en 1984, il se souvient avec émotion de son passage dans la catégorie reine aux côtés d'illustres pilotes tel que Freddie Spencer ou Eddie Lawson, et ne regrette en rien ne pas avoir réussi à leur arracher une couronne.

Podium : le vainqueur Randy Mamola, le deuxième Eddie Lawson, le troisième Christian Sarron

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Dans la foulée de Jean-Louis Tournadre, premier français Champion du monde en Grand Prix en 1982 en 250cc, Christian Sarron, décrochait également le titre dans cette même catégorie deux années plus tard, il y a de cela près de 35 ans. À croire qu'il faisait bon d'être d'origine auvergnate pour briller sur la scène des Grands Prix à l'époque !

Sarron, qui allait se constituer le plus beau palmarès français de la moto, avait fait ses débuts en deux roues sur le tard. "J'ai commencé la course à 20 ans. Je n'avais jamais mis les pieds sur les circuits avant 20 ans", explique ainsi le Clermontois auprès du site officiel du MotoGP. "J'étais un jeune peureux, j'avais peur de tout. Mais je refusais la peur, je voulais dominer cette peur, être maître de mon destin."

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Arrivé en 350cc en 1976, Sarron n'allait cependant pas tarder à faire ses preuves, en obtenant un premier succès, sous la pluie, lors du Grand Prix d'Allemagne 250cc en 1977. Il faudra néanmoins attendre cinq ans avant de revoir le Français monter de nouveau sur la plus haute marche du podium, toujours sous la pluie et cette fois-ci en Finlande, ce qui allait lui permettre de se forger une réputation de pilote redoutable dans des conditions humides.

Cinq autres succès suivront, dont trois l'année de son sacre en 1984, avant une dernière victoire l'année suivante, celle de son accession à la catégorie reine, lors du Grand Prix d'Allemagne. L'Auvergnat, évoluant sur une Yamaha, allait d'ailleurs faire forte impression en bouclant sa première saison en 500cc à la troisième place du championnat, une performance qu'il allait réitérer en 1989, une année avant son retrait des Grands Prix.

Une filière américaine prolifique

Avec du recul, Sarron conserve ainsi un regard nostalgique sur une époque où lui fut donné de côtoyer d'autres pilotes émérites, pour bonne partie australiens et surtout, américains. "À cette époque, tous les pilotes américains ou australiens étaient de purs talents", se souvient-il. "Il y avait une école américaine ou australienne, où tous les pilotes faisaient beaucoup de dirt ou de cross, et cela leur apportait un peu plus de contrôle sur les machines lorsqu'il fallait glisser."

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Freddie Spencer, Eddie Lawson, Kevin Schwantz ou bien encore Wayne Rainey, autant de grands noms de la moto que Sarron a pu fréquenter, et qui de son propre aveu lui ont permis de perfectionner son pilotage, grâce à des techniques à l'époque peu usitées par les pilotes européens.

"Je n'ai pas eu de manager, pas d'entraîneur. Donc personne ne m'a expliqué comment piloter une moto", reprend-il. "J'ai appris tout seul. Et puis quand j'ai vu les pilotes américains qui déhanchaient alors que moi je ne le faisais pas, je me suis mis à essayer. En déhanchant, c'était un peu plus sûr. On avait plus de sécurité pour contrôler la machine. J'ai dû sans cesse repousser mes limites et travailler beaucoup pour essayer de m'approcher d'eux et essayer de temps en temps d'en battre quelques-uns. Je n'ai gagné qu'un seul GP [en 500cc], mais j'ai fini plusieurs fois sur le podium, beaucoup en bagarre avec eux."

Christian Sarron, Yamaha

Christian Sarron sur sa Yamaha lors du GP d'Allemagne 1984 en 250cc

Le Français se souvient surtout de l'état d'esprit qui régnait à l'époque dans le paddock, où il était encore possible d'être amis entre pilotes, tous mis sur un pied d'égalité devant un sport qui ne pardonnait pas la moindre erreur et forçait le plateau à l'humilité. "Il y a eu des attaques franches, vraiment de la rivalité, mais je n'ai jamais vu de manœuvres qui n'étaient pas fair-play", se remémore-t-il ainsi. "On avait du respect les uns pour les autres, peut-être parce que la course était plus dangereuse à cette époque qu'aujourd'hui. Les circuits, ce n'étaient pas de vrais circuits, mais des routes ouvertes qu'on fermait pour les courses le dimanche, et quand on chutait on était tous conscients qu'on pouvait perdre la vie."

Aucun regret sur l'absence de titre en 500cc

Convaincu qu'il a participé à l'une des plus belles pages du Championnat du monde, Sarron ne regrette ainsi en rien son absence de titre en 500cc, préférant garder le souvenir de sublimes batailles en piste, toujours viriles mais correctes. "Peut-être que s'ils n'avaient pas été là, j'aurais pu être Champion du monde, mais ce n'est pas grave", fait-il contre mauvaise fortune bon cœur. "Je préfère avoir lutté, avoir couru contre des pilotes de talent et de caractère comme eux, et ne pas avoir été Champion en 500cc, plutôt que de ne pas les avoir connus. Oui, pour moi ce fut une grande époque."

Meilleur pilote français de sa période, Sarron pourrait bien voir à terme Johann Zarco ou Fabio Quartararo le supplanter alors que le MotoGP, digne successeur du 500cc, confirme sa popularité d'année en année et semble s'inscrire dans un nouvel âge d'or.

Christian Sarron, Marc Marquez, Repsol Honda Team

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