La mort tragique de Michele Alboreto

Pilote éclectique, autant sprinter que coureur de longues distances, l’Italien Michele Alboreto a tragiquement perdu la vie le 25 avril 2001, lors d'une séance d'essais privés aux commandes d’une Audi R8.

Michele Alboreto, Ferrari

Photo de: Rainer W. Schlegelmilch

La carrière de Michele Alboreto a été ponctuée de hauts et de bas, de grandes victoires et d’amères frustrations. Il a connu l’ultime honneur de piloter pour Ferrari en Formule 1 et l’affront de galérer au sein de petites écuries à court d’argent.

Lire aussi :

Alboreto était un pilote du même type que Carlos Reutemann : un gars qui marchait au moral. Capable d’effectuer un tour de qualification phénoménal comme de s’effondrer en certaines circonstances en doutant de lui, de son potentiel ou de sa monture. Dommage.

Après avoir fait ses classes en Formules Monza et Italia à la fin des années 70, il grimpe en Formule 3, où il est sacré Champion d’Europe, puis en Formule 2 en 1981 où il décroche une victoire.

#50 Lancia LC1: Michele Alboreto, Riccardo Patrese

Parallèlement à ses débuts en Formule 1 avec l’écurie Tyrrell, Alboreto court en Endurance avec Lancia. Avec des coéquipiers tels Riccardo Patrese, Teo Fabi et Piercarlo Ghinzani, Michele mène la Lancia Beta Monte Carlo, la Lancia LC1, surnommée "le lance-flammes", ainsi que la LC2 à plusieurs belles victoires.

Michele Alboreto, vainqueur de la course

En même temps, l’Italien, soutenu financièrement par le richissime Comte Zanon, impressionne aux commandes de l’humble Tyrrell à moteur atmosphérique Ford Cosworth DFV.

Son talent éclate au grand jour en 1982 quand il décroche un premier podium à Imola et sa première victoire dans le parking du Caesar’s Palace à Las Vegas. La saison suivante, Alboreto procure au fameux V8 DFV sa dernière victoire en F1 quand il gagne le Grand Prix de Détroit, toujours au volant d’une modeste Tyrrell.

Michele Alboreto, Ferrari

En 1984, il répond favorablement à l’appel que lui lance Enzo Ferrari. Pour un Italien, Ferrari, c’est la consécration d’une carrière. Impensable de ne pas aller vivre à Maranello... La campagne 1985 lui procure deux victoires et il est l’un des candidats au titre mondial. Malheureusement, sa Ferrari 156/85 n’est pas d’une grande fiabilité et les casses mécaniques se succèdent. Il est contraint à l’abandon lors des quatre derniers Grands Prix de la saison.

Michele Alboreto, Ferrari 156/85 abandonne avec un turbo en feu

À Brands Hatch, son moteur explose (encore une fois) et bien que Michele aurait pu immobiliser sa voiture n’importe où autour du circuit, il effectue un tour de piste complet avec le moteur en feu, bien en vue des caméras de télévision, histoire de montrer à la Scuderia qu’il en a réellement assez de ces pannes à répétition. Alboreto termine la saison au second rang derrière Alain Prost et sa McLaren-TAG Porsche.

Michele Alboreto, Larrousse LC89 Lamborghini

Au cours des trois saisons suivantes passées chez Ferrari, Alboreto ne décroche pas une seule victoire. La prestigieuse Scuderia vit une grave tourmente. Les voitures ne sont ni performantes, ni fiables. Des têtes tombent, le staff technique est pointé du doigt et la pression interne augmente sans cesse.

Alboreto quitte le navire et retourne chez Tyrrell avant de joindre les rangs de l’écurie Larrousse. Puis c’est la descente aux enfers. Michele se retrouve ensuite chez Footwork, puis chez BMS Scuderia Italia et finalement chez Minardi, où il découvre les affres des non-qualifications et les casses mécaniques à répétition. Fin 1994, il quitte la F1.

S’en suit un court épisode en DTM avant un exil en Amérique, à 39 ans, pour courir en Indy Racing League où il décroche un podium sur le petit ovale du New Hampshire Motor Speedway en 1996.

#7 Joest Racing TWR Porsche WSC 95: Michele Alboreto, Stefan Johansson, Tom Kristensen

En 1997, il remporte les 24 Heures du Mans aux commandes d’une TWR Porsche WSC-95 du Joest Racing en compagnie de Stefan Johansson et Tom Kristensen.

Alboreto est ensuite intégré à l’écurie Audi en American Le Mans Series. Il se classe troisième à Sebring en 1999, second en 2000 et remporte Petit Le Mans cette même année. En 2001, il commence bien la saison en gagnant les 12 Heures de Sebring.

Lire aussi :

Podium avec les vainqueurs : Laurent Aiello, Rinaldo Capello et Michele Alboreto, Joest Racing Audi R8

Quelques semaines plus tard, l’équipe Audi s’installe sur le circuit de l'EuroSpeedway Lausitz, en Allemagne, afin d'y effectuer des essais aérodynamiques pour le Mans. En fin d’après-midi du 25 avril, le pneu arrière gauche de sa Audi R8 éclate à près de 320 km/h. Le bolide s'envole, retombe à l'envers de l'autre côté des glissières de sécurité, où il effectue plusieurs tonneaux. Le pauvre Alboreto décède sur le coup de fatales blessures à la tête.

Homme charmant, calme, posé et réfléchi, au pilotage tout en douceur et de haute précision, Michele Alboreto n’a peut-être pas été sacré Champion du monde, mais il a laissé une marque éternelle dans toutes les écuries où il a œuvré.

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Un accrochage met fin au récital d'Alesi au GP de Monaco Historique
Article suivant Le crash à un million d'euros qui met Mercedes dans l'embarras

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France