Ecclestone : "La F1 a besoin d'un dictateur"
Après avoir passé des décennies à la tête de la Formule 1, Bernie Ecclestone se contente désormais du titre de président d'honneur de la F1, suite au rachat de ce sport par Liberty Media. L'octogénaire n'en a pas perdu sa franchise pour autant.
Photo de: Sutton Motorsport Images
C'est souvent qu'Ecclestone créait la controverse par des déclarations polémiques. En 2009 par exemple, le grand argentier de la Formule 1 avait déclaré son admiration pour l'efficacité d'Adolf Hitler en tant que leader.
Sans aller aussi loin, Ecclestone demeure convaincu que la catégorie reine du sport automobile a besoin d'être gérée par un dictateur : selon lui, la démocratie mise en place avec la création du Groupe Stratégique s'avère inefficace.
"Le problème, c'est que j'ai créé quelque chose qui s'appelle le Groupe Stratégique il y a quelques années, avec six votes pour le détenteur des droits commerciaux, six votes pour la FIA et six votes pour les équipes", détaille le Britannique dans un entretien accordé au site polonais ŚwiatWyścigów.pl. "Donc il y a une majorité simple qui vote, mais essayer de mettre ce groupe de gens d'accord est impossible."
"On avait le détenteur des droits commerciaux qui aurait pu être d'accord avec la FIA sur tout, mais qui n'en a jamais l'air capable. La FIA avait l'air d'être un peu du côté des équipes, mais si nous nous associons aux équipes en tant que détenteur des droits commerciaux, la FIA disait qu'elle n'était pas sûre que ce soit bien."
"Je suis désolé de dire ça, mais la Formule 1 a besoin d'un dictateur, de quelqu'un qui dise : 'Voilà ce que nous allons faire'. Dans la Formule 1 des années 1970, c'était exactement comme ça. J'étais plus ou moins un dictateur. Je disais comment nous allions gérer les choses. Tout le monde était d'accord. Et ça marchait. Il y a sûrement des choses que j'aurais pu faire différemment, mais ce n'est pas important. Ce que nous faisions marchait."
Une F1 exclusive
Nouveau propriétaire de la Formule 1, Liberty Media a adopté une approche plus ouverte que celle longtemps conservée par CVC Capital Partners, avec qui Ecclestone gérait l'aspect commercial de la compétition. Les écuries ont désormais le droit de poster des vidéos sur les réseaux sociaux ; Liberty veut que les fans en aient pour leur argent. Un jeune fan de Kimi Räikkönen a même été invité dans le paddock pour rencontrer son idole.
Cependant, Ecclestone estime que ce qui rend la Formule 1 attirante, c'est qu'elle soit inaccessible. "J'avais une approche complètement inverse avec tout ça", reconnaît-il. "Si j'ouvrais un restaurant aujourd'hui, la première chose que je voudrais dire, c'est : 'Je suis sincèrement navré, nous ne pouvons pas vous recevoir, nous affichons complet, peut-être aurons-nous une table pour vous jeudi prochain'. Les gens veulent toujours ce qu'ils ne peuvent pas avoir."
"On veut donner aux gens gratuitement quelque chose qu'ils ne peuvent pas avoir. Cela abaisse complètement le niveau. J'ai géré la compagnie comme un restaurant étoilé au Michelin. Si l'on s'en moque, on peut gérer une compagnie comme une sandwicherie et être comme KFC. Mais on se rend vite compte que nos sponsors ne veulent pas avoir l'image de KFC."
"Je sais que nos sponsors sont satisfaits parce que nous sommes exclusifs. Ils ont le sentiment que leur produit est exclusif. Les montres Rolex coûtent cher, elles ne sont pas bon marché, et ils veulent être associés à quelque chose qui est au top."
L'art du deal
Enfin, Ecclestone s'exprime avec franchise sur les accords qu'il trouvait avec les promoteurs des Grands Prix, quelque temps après avoir reconnu qu'il "demandait trop d'argent" aux circuits.
"À chaque fois que je faisais des deals, je disais aux gens directement, dès le début : 'Si vous signez ce contrat, il va vous faire perdre de l'argent. Si vous avez des raisons de penser que c'est bien pour vous de signer ce contrat et d'accueillir la Formule 1 dans votre pays, super, mais je doute que vous gagniez le moindre argent'," conclut l'Anglais.
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