Evans : L'accès à la F1 "n'est pas basé sur la performance pure"
Mitch Evans, pilote Jaguar en Formule E, estime que les promotions des pilotes en F1 sont souvent basées sur des considérations politiques et financières de la part des équipes.
Photo de: Simon Galloway / Motorsport Images
Animateur du championnat de Formule E depuis 2016, Mitch Evans fait sans nul doute partie des hommes forts de la discipline. Le Néo-Zélandais défend les couleurs de Jaguar depuis ses débuts dans la série électrique, et a terminé dans le top 3 lors des trois dernières saisons, ayant même raté le titre de peu lors de l'exercice 2023/2024.
Désormais âgé de 30 ans, Evans a fait un temps figure de véritable espoir du sport automobile. Titré en Toyota Racing Series dans sa Nouvelle-Zélande natale en 2010 puis en 2011, le natif d'Auckland a décroché le titre en GP3 en 2012. Quatrième du GP2 – ancêtre de la F2 - en 2014 avec deux victoires au compteur, cinquième l'année suivante avec autant de succès, Mitch Evans aurait pu logiquement prétendre à une accession en Formule 1, mais l'opportunité ne s'est jamais présentée à lui.
Ayant depuis longtemps fait une croix sur ses ambitions en F1, Mitch Evans est revenu, lors d'un entretien à Total-Motorsport.com, sur sa frustration de l'époque, alors qu'il tentait de gravir l'échelon ultime.
"Le plus dur a été d'obtenir un volant pour des essais en F1", se souvient-il. "J'ai fait des journées sur le simulateur, j'ai été plus rapide que les pilotes titulaires et j'ai été compétitif, mais cela n'a rien donné. Il faut vraiment une situation exceptionnelle. Même pour essayer d'obtenir une place de pilote de réserve, il y a des gars qui paient pour cela. C'est ridicule."
Une frustration alors d'autant plus grande à l'époque pour Mitch Evans que bon nombre de ses rivaux de l'époque ont eux accédé à la catégorie reine lors des années suivantes, avec plus ou moins de réussite il est vrai. Ce fut le cas de pilotes comme Felipe Nasr, Jolyon Palmer, Stoffel Vandoorne, Alexander Rossi ou encore Nicholas Latifi ou un certain Pierre Gasly, parmi d'autres.
En GP2, Mitch Evans a affronté, et souvent devancé, des pilotes plus tard promus en F1 comme ici Jolyon Palmer et Stoffel Vandoorne
Photo de: GP2 Media Service
"Quand on est vraiment dans le coup, et que l'on sait comment cela fonctionne, on se dit que ce sport est fou", continue-t-il. "Regardez Nyck de Vries. Il n'était pas parti pour tenter sa chance pour un volant en F1, puis il a eu une opportunité offerte sur un plateau lorsque Alex Albon est tombé malade [lors du Grand Prix d'Italie 2022], il a fait du bon travail, et tout d'un coup, les gens se sont dit qu'il était exceptionnel, alors qu'il est resté le même pilote qu'il a été durant toutes ces années."
"Et regardez Oliver Bearman. C'est un bon pilote, mais la semaine avant [le Grand Prix d'Arabie saoudite cette saison], il s'est qualifié 18e à Bahreïn [en F2], puis il a eu sa chance avec la Ferrari. Il a fait du bon travail, mais il était dans l'une des meilleures voitures du plateau. Tout est une question de perception, mais les équipes ne veulent plus prendre de risques avec les pilotes. La seule façon d'y parvenir est d'avoir une opportunité folle dans un baquet de course."
De fait, même le titre en Formule 2 n'assure plus une place de titulaire en F1 l'année suivante, comme ce fut le cas lors des premières saisons de la discipline. Les deux derniers lauréats, Felipe Drugovich (2022) et Théo Pourchaire (2023), ont dû jusqu'ici se contenter d'un rôle de pilote de réserve, sans réelle perspective de décrocher un volant en Formule 1. Quant à De Vries, il est passé directement à la Formule E après son sacre en F2 en 2019.
Beaucoup de pilotes ont des opportunités qui rapportent de l'argent [à leur équipe]. Regardez Sergio Pérez, il rapporte toujours de l'argent à Red Bull, et vous ne pouvez pas rivaliser avec ça.
"[Les équipes de F1] ne vont jamais prendre un risque avec toi juste pour le plaisir", poursuit Evans. "Tu peux cocher toutes les cases, présenter le meilleur CV en catégories junior, de tes journées en simulateur, mais tu n'auras quand même pas d'opportunité. C'est un sport étrange. Cela n'a aucun sens."
"Beaucoup de pilotes ont des opportunités qui rapportent de l'argent [à leur équipe]. Regardez Sergio Pérez, il rapporte toujours de l'argent à Red Bull, et vous ne pouvez pas rivaliser avec ça. Ce n'est pas un mauvais pilote, mais on doit faire face à cela."
"Il est difficile de se mesurer à un pilote sur la base de ses seuls mérites. C'est comme ça. Beaucoup de pilotes de F1 qui arrivent en Formule E sont confrontés à une énorme prise de conscience. C'est dommage que De Vries n'ait pas réussi [en F1], je ne sais pas si cela nous a été préjudiciable ou pas."
"C'est un sport étrange", conclut Evans. "Un monde étrange, mais tout n'est pas basé sur la performance pure. Ce n'est pas comme le tennis, le golf ou le football, où l'on peut afficher ses compétences à tout moment."
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