Horner : "Tout ce qu'a fait Masi était dans les règles"

Christian Horner n'en démord pas : aucune infraction majeure au règlement n'a eu lieu lors du Grand Prix d'Abu Dhabi 2021.

Christian Horner, team principal de Red Bull Racing

Photo de: Red Bull Content Pool

Près d'un an après le Grand Prix d'Abu Dhabi 2021, la question n'est plus abordée si souvent tant les sujets ne manquent pas dans le paddock en cette saison 2022 de Formule 1. Mais lorsqu'elle l'est, la polémique est toujours aussi vive.

Lors de cette épreuve, un accident de Nicholas Latifi provoquant une intervention de la voiture de sécurité avait relancé la bataille pour le titre, tandis que Lewis Hamilton dominait l'épreuve jusqu'alors. Le directeur de course Michael Masi avait dérogé à deux sections du Règlement Sportif, d'abord en faisant se dédoubler uniquement les retardataires qui séparaient Hamilton de son rival Max Verstappen, puis en relançant la course à la fin du même tour et non au passage suivant (qui était le dernier). Verstappen avait ainsi disposé d'une boucle en pneus neufs pour prendre l'avantage et remporter le titre.

Sous le feu des critiques, Masi avait alors même reçu des menaces. Sa position ayant été fragilisée au sein de la FIA, il a finalement quitté la fédération pour rejoindre son Australie natale, où il a retrouvé un rôle au sein du championnat national Supercars.

"La manière dont il a été traité, je l'ai trouvée injuste, car il a fait de son mieux en suivant les principes qui lui avaient été donnés", affirme Christian Horner dans le podcast Beyond The Grid, faisant référence au souhait de finir les courses sous drapeau vert quand c'est possible, avant d'omettre le fait que la course n'était pas censée être relancée à un tour de la fin si les retardataires étaient autorisés à se dédoubler : "La seule erreur qu'il a commise, c'est de ne pas permettre aux deux derniers retardataires de reprendre leur tour de retard."

"Tout ce qu'il a fait était absolument dans les règles et respectait le principe de laisser les pilotes finir la course sur la piste. Comme on l'a vu récemment à Monza, personne ne veut voir une course édulcorée et achevée derrière la voiture de sécurité. Il a fait tout son possible pour relancer cette course ; ç'aurait été une fin de saison affreuse si elle avait été édulcorée et conclue sous Safety Car."

La voiture de sécurité, Lewis Hamilton, Mercedes W12, Lando Norris, McLaren MCL35M, Fernando Alonso, Alpine A521, et le reste des monoplaces

La voiture de sécurité devant Lewis Hamilton et le reste des monoplaces

Horner fait preuve de compassion vis-à-vis de Masi, qui a connu une période difficile simplement car il a commis des erreurs dans un bref instant de haute tension. "Des torrents d'insultes lui ont été adressés, des menaces de mort ont été envoyées à sa famille", déplore le directeur de Red Bull Racing. "Personne ne mérite de vivre ce qu'il a vécu."

La fin du Grand Prix d'Abu Dhabi n'était que l'apogée d'une saison 2022 où le duel de titans que se sont livré Lewis Hamilton et Max Verstappen, Mercedes et Red Bull, s'est joué sur la piste aussi bien qu'en dehors. Masi, lui, s'est efforcé d'assurer son rôle d'arbitre tant bien que mal, avec certaines décisions que Horner continue de regretter.

"Michael, dans des circonstances très difficiles, a fait de son mieux tout au long de l'année", poursuit le Britannique. "Il faut se rappeler qu'il a eu très peu de soutien dans la tour de la direction de course, il s'est vraiment retrouvé tout seul là-haut. Il n'avait pas toutes les ressources des écuries, avec leurs salles des opérations, leurs logiciels, etc. La procédure restait très rudimentaire."

"Il y a des choses qui nous ont beaucoup contrariés plus tôt dans l'année, voire plus tôt dans cette course, lorsque Max a doublé Lewis au premier tour et qu'il n'a pas été demandé à Lewis de rendre la position [Verstappen avait tassé Hamilton hors de la piste, et le pilote Mercedes avait coupé le virage, ndlr]. Nous avons trouvé cette décision très sévère pour nous. Nous avons trouvé les décisions sévères au Qatar, en Arabie saoudite, tandis qu'il y avait de l'indulgence à d'autres moments. Mais c'est subjectif pour chacun, quand on se sent lésé par l'arbitre."

Max Verstappen, Red Bull Racing RB16B, se bat avec Lewis Hamilton, Mercedes W12, pour la tête de course

L'incident du premier tour entre Max Verstappen et Lewis Hamilton

Et Horner d'adresser un tacle à son homologue Toto Wolff : "À Abu Dhabi, il y a eu plusieurs moments pendant la course où Toto essayait de faire en sorte qu'il n'y ait pas de Safety Car, il essayait d'influencer le cours de l'épreuve. Mais je reçois cette transmission audio. Dès que j'entends ça, ma réaction immédiate est la défense, et la meilleure défense est l'attaque. Je veux représenter notre position. Ce n'est pas unilatéral, et les derniers mots dans l'oreille de [Masi] sont ceux qui ont le plus d'influence. Je pense qu'il est bien que l'on y ait mis un terme."

Ce n'était pas la première fois de l'année que Wolff et Horner étaient en conflit, loin de là ; c'était notamment le cas à Silverstone, où Verstappen et Hamilton bataillaient pour la tête de l'épreuve au premier tour lorsqu'un contact à Copse a expédié le Néerlandais dans le mur, le septuple Champion du monde en étant jugé responsable par les commissaires.

"Toto et moi avons eu un échange assez houleux à la direction de course, où Toto défendait évidemment sa cause, affirmait que son pilote ne devrait pas être sanctionné, alors que j'avais un pilote à l'hôpital et une voiture hors course !" s'exclame Horner. "J'étais forcément très contrarié."

"Toto a toujours vu Red Bull comme une menace, car c'est une écurie qu'il n'est jamais parvenu à maîtriser ou influencer. Nous avons toujours été des anticonformistes, en quelque sorte. C'était très intense, et parce qu'il se passait beaucoup de choses hors piste – nous recrutions des membres clés de Mercedes pour qu'ils rejoignent Red Bull Powertrains –, il y avait énormément de pressions auprès de la FIA au sujet de différentes pièces de la voiture, en utilisant la voix des pilotes pour ce faire, que ce soient les ailerons arrière sur notre voiture à Barcelone, les ailerons avant autorisés à être flexibles sans problème… Nous avions le sentiment qu'on se jouait de nous, et de surcroît, le cirque médiatique était mis à profit. Un discours défavorable à Red Bull était en train d'être créé, ce que j'ai trouvé un peu injuste. C'était certainement injuste vis-à-vis de Max."

Verstappen a malgré tout remporté son premier titre mondial, et d'ores et déjà un second cette saison, sous réserve des décisions qui seront prises au sujet des infractions au Règlement Financier commises par Red Bull.

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