Rétro 1961 - La Ferguson P99 inspirée d’un tracteur !
Vous connaissez peut-être la marque d’engins agricoles Massey-Ferguson. Eh bien le Ferguson en question a déjà fabriqué et fait rouler une monoplace de Formule 1 !
Photo de: LAT Images
Durant les années 20, le Britannique Harry Ferguson, ingénieur de formation, conçoit un système hydraulique de fixation d’outils d’agriculture aux premiers tracteurs de ferme. En 1953, Ferguson fusionne avec l’entreprise canadienne Massey-Harris pour former Massey-Ferguson et devient ainsi l’un des plus importants fabricants de machinerie agricole au monde.
Une branche de l’entreprise, Harry Ferguson Research Ltd, est totalement dédiée au développement technologique. Ses ingénieurs commencent à travailler sur une voiture de Formule 1 qui exploiterait le rouage intégral et un système de freinage révolutionnaire qui, en fait, se trouve à être l’ancêtre de l’ABS. Pour Ferguson, cette F1 servira à promouvoir la technologie de ses équipements de ferme.
Début 1960, trois ingénieurs, Fred Dixon, Tony Rolt et Claude Hill, sont chargés d’effectuer les études de conception de cette Ferguson P99. Hill désire voir le couple du moteur distribué également entre les essieux avant et arrière. La répartition correcte des masses exige de placer le moteur à l’avant, même si cela n’est vraiment plus à la mode.
Coup de frein à la performance
Quelques mois du tard, dans le but de réduire la vitesse des bolides de F1 pour la saison 1961, la CSI (Commission sportive internationale) décide de réduire la cylindrée des moteurs à seulement 1500 cm3, sans compresseur. Chez Ferguson, on se demande si un moteur aussi petit parviendra à générer suffisamment de puissance pour exploiter le mécanisme à quatre roues motrices.
Il semble que oui, car la P99 reçoit finalement un moteur quatre cylindres Climax de 1,5 litre qui est incliné sur le côté dans le châssis afin de libérer assez d’espace pour y loger les demi-arbres de transmission et le différentiel avant. Le siège du pilote est décalé afin de faire passer l’arbre de transmission longitudinal à gauche de la voiture.
Le moteur atmosphérique Climax FPF, alimenté par des carburateurs, peut produire 151 chevaux à 7500 tours/minute. La transmission est à cinq rapports et l’équipe a fabriqué un bon nombre de pièces en métaux légers qui permettent de conserver le poids de la voiture assez près de la limite autorisée. La P99 est équipée de freins antiblocage Dunlop Maxaret ; une révolution pour l’époque. Pas vraiment au point, le comportement aléatoire du système et les retours violents de la pédale de freins inquiètent les pilotes.
L’entreprise britannique encaisse un coup dur fin octobre quand Harry Ferguson décède à l'âge de 75 ans : il ne verra pas rouler sa voiture.
Deux P99 sont produites pour l’écurie Rob Walker Racing qui les fait débuter au XIII British Empire Trophy le 8 juillet 1961 sur le tracé de Silverstone. Stirling Moss effectue quelques tours de piste à bord de sa Ferguson, mais décide de courir avec une Cooper T53. Son coéquipier, Jack Fairman, se qualifie sur la dernière ligne de départ dans sa P99, mais sort de piste au troisième tour à cause d’un ennui de levier de vitesses.
Une semaine plus tard, au Grand Prix de Grande-Bretagne, Moss est inscrit sur une Lotus 18/21 tandis que Fairman se voit confier la Ferguson. Qualifié 20e, Fairman occupe le 13e rang quand il doit stopper à son stand à cause d’un ennui technique. Ses mécanos ne parviennent pas à faire redémarrer le moteur. Ils poussent le bolide pour lui redonner vie, ce qui est interdit par le règlement sportif. C'est la disqualification. Fairman doit donc abandonner.
Entre-temps, Moss, aux commandes de sa Lotus, roule au deuxième rang, mais il se met à perdre des places à cause d’ennuis de freins. Il rentre à son stand et saute dans la Ferguson qui est en état de marche. Partager une voiture était permis à cette époque. Moss rejoint la course, mais doit finalement rentrer à nouveau pour obéir à la disqualification de la voiture. C’en est fini de la Ferguson en Grand Prix.
Toutefois, Moss a été positivement surpris par le comportement de cette monoplace. Il convainc Rob Walker de l’inscrire à l'International Gold Cup à Oulton Park, une course hors-championnat qui a lieu fin septembre. Moss se qualifie deuxième et sous le crachin anglais, la P99 se montre nettement supérieure aux autres bolides. Le rouage intégral fait des merveilles sur cette piste glissante et piégeuse, et Moss remporte la course avec une avance de 46 secondes sur Jack Brabham à bord d’une Cooper-Climax. Cette victoire fut la seule en tant que F1 d’une voiture à quatre roues motrices et la dernière d’une F1 à moteur avant.
Plus tard, la P99 servit de plateforme à la Ferguson P104 Novi à quatre roues motrices que pilota Bobby Unser lors des Indy 500 de 1964 et 1965, abandonnant les deux fois.
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