Richards : "Pollock a empoisonné ma relation avec Villeneuve"
Il y a 20 ans, Jacques Villeneuve était débarqué de chez BAR au profit de Takuma Sato, avant même la fin de la saison 2003. David Richards revient sur sa relation tendue avec le Champion du monde 1997, qui a mené le Canadien à quitter l'écurie qu'il avait contribué à fonder.
Ce pari a été le tournant majeur dans la carrière de Jacques Villeneuve : en 1999, le Champion du monde se lançait dans l'aventure British American Racing, écurie financée par British American Tobacco sous la houlette de son manager Craig Pollock.
Au terme de trois saisons marquées par deux podiums seulement, Pollock n'avait eu d'autre choix que de quitter la direction de l'écurie sous la pression de BAT, David Richards en prenant les commandes à l'aube de la saison 2002. Mais Pollock ne s'était pas éclipsé de chez BAR pour autant, ayant conservé son rôle de manager de Villeneuve… "Ça, c'était compliqué !", s'exclame Richards dans le podcast Beyond The Grid.
Richards et Villeneuve n'ont jamais su trouver une entente convenable pour travailler ensemble, menant au départ prématuré du Québécois juste avant le dernier Grand Prix de la campagne 2003. Le Britannique le déplore, voyant là une influence néfaste de Pollock.
"Jacques est quelqu'un de très compliqué", souligne Richards. "J'ai appris à apprécier Jacques au fil des années, nous discutons régulièrement quand je le vois. Les relations étaient très tendues à l'époque. Je pense que Craig se mettait entre nous, à vrai dire. Craig voulait influencer Jacques et l'équipe. Il ne me laissait pas me rapprocher de Jacques et a probablement empoisonné ma relation avec lui. Je n'ai donc pas tiré le meilleur de Jacques. Et ça, franchement, ça m'a déçu, car nous aurions probablement pu travailler relativement bien ensemble, mais ça n'a pas été le cas."
Olivier Panis, Craig Pollock et Jacques Villeneuve à la présentation de la BAR 003, en 2001
À l'automne 2003, un Villeneuve désabusé tançait la nouvelle direction de BAR dans la presse, et sans prendre de gants : "En l'espace de deux ans, certaines personnes ont réussi à détruire tout ce que j'ai accompli depuis que j'ai commencé". Il a finalement été remplacé par Takuma Sato pour le Grand Prix du Japon en conclusion de la saison. "J'ai reçu un appel de Craig Pollock m'informant que Jacques voulait être libéré de ses obligations contractuelles", avait alors fait savoir Richards. "Je l'ai accepté. Si quelqu'un ne veut pas piloter, il ne veut pas piloter."
Le divorce était clairement une issue inévitable. "Ça commençait à être très tendu, et on ne peut pas avoir dans une organisation – encore moins dans une écurie – un problème qui prend le pas sur tout le reste", commente Richards avec le recul. "Les pilotes sont les personnes les plus influentes dans n'importe quelle équipe. Il faut qu'ils fassent partie de l'équipe, qu'ils respectent les règles de l'équipe et communiquent avec l'équipe. S'ils ne le font pas, alors ils doivent partir."
Le cas Jenson Button
"Si quelqu'un ne veut pas piloter, il ne veut pas piloter." Cette doctrine a trouvé ses limites un an plus tard, lorsque Jenson Button a signé chez Williams pour 2005 malgré un contrat valide avec BAR, qu'il a été contraint de respecter, le contentieux reposant sur une clause concernant la fourniture moteur.
D'après Richards, c'est le manager de Button, John Byfield, qui était responsable de cette situation. "Jenson – comme c'est si souvent le cas pour les jeunes pilotes, et encore plus pour lui – a été très mal conseillé et influencé par son management", assure-t-il. "Le management autour de lui avait des intérêts personnels et ne pensait pas à lui en priorité."
Malgré de nombreux podiums en 2004, l'ambiance n'était pas au beau fixe entre Jenson Button et David Richards...
"Souvent, les meilleurs managers prennent grand soin des arrangements, titillent un peu quand c'est nécessaire et vous mettent face à vos responsabilités quand vous ne faites pas ce qui est attendu de votre côté. D'autres essaient de prendre le contrôle de la relation dans son entièreté."
"Une fois, ça a si mal tourné avec le management de Jenson que j'étais frustré de ces gens-là et je ne pouvais pas composer avec eux. J'ai eu une grosse dispute avec eux et ils ont dit : 'Tu ne peux rien faire. Le contrat est très clair : tu dois nous donner deux pass pour le motorhome. À chaque course jusqu'à la fin de la saison, on sera là, dans ce motorhome'. Cette idée m'était insupportable ! Heureusement, je suis allé voir Bernie [Ecclestone], et nous les avons privés de leurs pass paddock, si bien qu'ils n'ont pas pu entrer dans le motorhome. Bernie m'a bien aidé sur ce coup-là !"
Button s'est ainsi séparé de son manager John Byfield et de la compagnie Essentially Sport, confiant la gestion de sa carrière à son ami Richard Goddard… ce qui n'allait pas empêcher un nouvel imbroglio avec Williams, Button s'extirpant cette fois d'un pré-contrat pour 2006 afin de rester chez BAR !
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