Mir préconise de conditionner l'arrivée en Moto2 aux résultats
Joan Mir souhaite qu'un minimum de podiums dans les plus petites catégories soit nécessaire pour accéder au Moto2, afin d'inciter la jeune génération à travailler sur les performances et non sur des coups d'éclats spectaculaires pouvant susciter des dangers.
Dans un contexte lourd après les différents drames qui ont touché le monde de la moto ces derniers mois, l'impressionnant accident qui a marqué la course de Moto3 d'Austin a vite été suivi de conséquences. Deniz Öncü, jugé coupable d'un mouvement en pleine ligne droite à l'origine de l'incident, a été suspendu pour deux courses. Les critiques envers les comportements tels que celui du pilote Tech3 au Texas ont été nombreuses mais au lieu de l'incriminer, Joan Mir a dit espérer avant tout une prise de conscience générale en Moto3, pensant que cette sanction aura valeur d'exemple.
"J'ai vu le visage de Deniz, il était dévasté", a rappelé le Champion du monde 2020 du MotoGP. "Il n'a pas fait cette manœuvre volontairement. Il n'est pas le seul à faire ce genre de choses. Il faut que les autres arrêtent de le faire. Cette pénalité est un exemple et je l'approuve. On ne peut plus laisser faire ces manœuvres parce qu'on a perdu trop de gamins cette année, et on a failli en perdre un autre [à Austin]. Il faut prendre de bonnes décisions parce que dans ces catégories, les petites, les motos sont très faciles et il y a de gros groupes. Je pense que ça devient très dangereux."
Mir appelle à des mesures mises en œuvre "rapidement" pour éviter de nouveaux drames. Interrogé sur le besoin de prendre en compte l'agressivité des pilotes avant de les promouvoir à l'échelon supérieur, l'Espagnol a proposé de restreindre l'arrivée en Moto2 à des concurrents ayant obtenu des résultats suffisamment bons au préalable. Faisant écho à un Andrea Dovizioso interloqué par l'agressivité de la jeune génération, Mir pense qu'avec une telle mesure, les pilotes chercheraient moins à se lancer dans des manœuvres spectaculaires avec pour seul but de se montrer.
"C'est une question délicate parce qu'il y a beaucoup d'argent, beaucoup de sponsors dans les équipes et c'est sûr qu'ils veulent faire au mieux. Mais parfois, les team managers sont un peu trop optimistes. [...] Pour passer d'une catégorie à l'autre, il faut peut-être des victoires, quelques victoires ou quelques podiums, un minimum. Je pense que ça améliorerait la sécurité."
"On voit que le danger n'est pas dans les plus grosses catégories. Il est dans les plus petites parce qu'ils sont tous en paquet et qu'ils se battent, ils veulent tenter des manœuvres folles pour essayer de faire la différence avec les autres quand ils n'ont pas la vitesse. C'est pour ça qu'il y a beaucoup de chutes et ce genre de choses. Ils ne montrent rien pendant les essais et ils apparaissent en course. Et l'adrénaline est très forte. Mais cette catégorie est comme ça."
Mir demande aussi aux dirigeants de se montrer responsables. Il n'a pas apprécié que la course soit relancée pour cinq tours après un premier drapeau rouge, ce qui a rassemblé les pilotes pour un sprint vite interrompu par la très grosse chute provoquée par Öncü : "Ils ont fait ça parce que c'est ce que dit le règlement, mais sur le plan de la sécurité, ce n'était pas une bonne décision. En Moto3, ces gamins veulent juste se montrer et faire ces choses. On ne peut pas avoir des courses de cinq tours, car alors ça peut arriver."
Petrucci s'inquiète de la course aux performances
En écho au pilote espagnol et à son souhait de temporiser l'ascension des jeunes pilotes, Danilo Petrucci s'est interrogé de son côté sur la quête incessante de talents de plus en plus jeunes, qui voit des adolescents prendre de très gros risques sur des machines déjà puissantes, dans les catégories de plus en plus nombreuses qui leur sont destinées.
"C'est très dur de trouver une solution", a reconnu l'Italien. "On est toujours à la recherche de jeunes talents et on le voit aussi en MotoGP, où à 30 ans on est vieux. Il y a toujours plus de pilotes de 20, 21, 22 ans qui sont déjà compétitifs en MotoGP mais parce que ça fait déjà de nombreuses années qu'ils courent sur de grands circuits, avec des motos déjà assez grandes."
"En ce qui me concerne, à 13 ans j'ai commencé à aller en piste avec une 1000cc, mais je ne faisais pas de courses, alors c'est très, très différent. Treize ans, c'est assez tôt pour aller en piste, mais c'est surtout assez dangereux pour faire des courses tous ensemble. Je me souviens qu'il y a quelques années, à 14 ans ce sont des 125cc qu'on pilotait. Ce sont des motos d'un certain point de vue plus sûres, elles sont plus légères, [même si] ça reste des motos de Grand Prix."
"C'est vraiment difficile de trouver une solution parce qu'en termes de sécurité et d'équipement, on est toujours plus au top, mais c'est malheureusement une course aux performances. Il faut aller toujours plus fort, toujours plus tôt, et ça, malheureusement, je ne sais pas comment ça peut s'arrêter. Et puis, en ce qui concerne les accidents, quand le pilote reste au milieu de la piste, malheureusement il n'y a pas de solution."
Avec Léna Buffa
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