1981 - Jacques Laffite et Gilles Villeneuve s’illustrent au Canada
Le Grand Prix du Canada 1981 a vu le pilote français Jacques Laffite remporter sa sixième et dernière victoire en Formule 1, et le Canadien Gilles Villeneuve réaliser des prouesses au volant de sa Ferrari.
Organisée le 27 septembre, l’épreuve de Formule 1 canadienne était l’avant-dernière du calendrier 1981. Seules trois écuries – Ferrari, Renault et Toleman – disposaient de moteurs turbo tandis que la majorité comptait sur le vénérable V8 Ford Cosworth DFV. On notait aussi la présence des moteurs V12 Matra et Alfa Romeo au cri strident.
Pour la première fois, deux Villeneuve étaient inscrits : Gilles aux commandes de sa Ferrari 126CK #27 et son jeune frère Jacques, qui avait hérité du volant de l’Arrows A3-Ford au comportement énigmatique, habituellement confiée à l’Italien Siegfried Stohr.
Nigel Mansell s’était qualifié au cinquième rang dans sa Lotus 87-Ford tandis que Gilles Villeneuve était loin, en 11e position. Son frère Jacques n’avait pu qualifier l’Arrows, ayant eu bien du mal à tirer le plein potentiel des pneus de qualification Pirelli, dont la durée de vie se limitait à un seul tour de piste à pleine vitesse.
Des karts de 600 chevaux
À cette époque, les voitures exploitaient à fond l’effet de sol. C'est pourquoi les suspensions étaient incroyablement rigides, afin de tirer le maximum d’appui des tunnels venturi sculptés dans les pontons. Sur la surface bosselée du circuit de l’Île Notre-Dame, les bolides ruaient dans tous les sens, parfois avec les quatre pneus en l'air ! Les pauvres pilotes étaient secoués comme des pruniers et plusieurs avaient même du mal à conserver leur pied bien droit sur l’accélérateur.
Le dimanche, une pluie forte noie le circuit et la course se tient dans des conditions dantesques. Douze des 24 partants vont d'ailleurs abandonner sur sortie de piste ou après avoir connu des ennuis mécaniques.
Alan Jones prend la tête dès le départ, mais Prost le double au sixième tour. Six boucles plus tard, Jacques Laffite profite de la souplesse de son moteur V12 Matra et de l’adhérence exceptionnelle des pneus pluie Michelin pour doubler ses rivaux et occuper la tête de l’épreuve.
Derrière Laffite, Villeneuve réalise une course extraordinaire. Au sixième tour, il est déjà cinquième, et il accède à la deuxième place au 14e tour.
John Watson, aux commandes de la révolutionnaire McLaren MP4/1-Ford au châssis en fibre de carbone, profite aussi de l’adhérence supérieure des pneus pluie Michelin. Au 37e passage, il double Villeneuve et occupe le second rang.
Villeneuve frôle la catastrophe
Au 40e tour, Villeneuve tente de prendre un tour à Elio de Angelis sur Lotus. Toutefois, les deux voitures se touchent, et le choc brise l’aileron monoplan de la Ferrari, qui demeure toutefois rattaché au châssis. Villeneuve remet des gaz et continue la course.
L’aileron bat au vent et commence à se soulever dans les airs. Soudainement, il se retrouve à la verticale, incliné sur le cockpit de la Ferrari. Villeneuve ne semble pas trop s’en faire. Il penche la tête afin de voir où il roule, tout simplement. Plusieurs autres pilotes auraient abandonné dans de telles conditions, mais pas Gilles Villeneuve !
Avec huit tours à parcourir, le vent fait finalement voler l’aileron endommagé juste avant le freinage de l’épingle. La Ferrari effectue un travers, Villeneuve en garde le contrôle et repart de plus belle, sans appui à l’avant de sa monoplace. Sous une pluie torrentielle, le Québécois parvient à maintenir en piste sa Ferrari complètement déséquilibrée.
Pour Laffite, tout va bien. Il maintient son avance sur ses concurrents sans trop forcer. Il remporte la victoire avec 6"2 d'avance sur Watson et presque deux minutes sur Villeneuve. Tous les autres qui parviennent à l’arrivée affichent au moins un tour de retard sur la Ligier bleue.
Bruno Giacomelli termine quatrième dans sa Alfa Romeo 179C, devant Nelson Piquet à bord de sa Brabham BT49C-Ford et Elio de Angelis au volant de sa Lotus 87.
Sur le podium, Laffite, hilare, fait le pitre pour le public tandis que Gilles Villeneuve est pleinement satisfait de sa performance, n’ayant jamais baissé les bras.
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