Analyse

La force de Mercedes avec ses pneus est-elle sa plus grande faiblesse ?

Mercedes a quitté Imola en conservant la tête des deux classements généraux mais ne se fait aucune illusion sur la menace que représente Red Bull.

Valtteri Bottas, Mercedes W12

Valtteri Bottas, Mercedes W12

Steve Etherington / Motorsport Images

Aidé par les tours brouillons de Max Verstappen et Sergio Pérez en Q3, Lewis Hamilton a arraché la 99e pole position de sa carrière à Imola, une de plus pour le compte de Mercedes. Cependant, un départ fulgurant de Verstappen a permis à Red Bull de prendre la tête de la course de l'extinction des feux jusqu'au drapeau à damier, Hamilton accusant un retard de 22 secondes en deuxième position.

Après la course, le responsable de l'ingénierie de piste de Mercedes, Andrew Shovlin, a fait part de son "soulagement" quant au maintien de la première place des classements pilotes et constructeurs, alors que l'écurie allemande accuse toujours un déficit de performance sur Red Bull. "[Red Bull] va gagner ce championnat si nous n'améliorons pas notre voiture très rapidement", a déclaré le Britannique. "C'est notre état d'esprit, nous sommes toujours dans le rôle des poursuivants."

Christian Horner, directeur de Red Bull, s'attend à ce que la guerre pour le titre se joue sur des gains marginaux, avec une première bataille à gagner autour de la gestion des pneus. En raison de l'entrée en vigueur de nouvelles règles visant à réduire l'appui aérodynamique cette saison, Mercedes doit composer pour le moment avec un train arrière instable.

En tête des deux premières séances d'essais libres à Imola, Valtteri Bottas a indiqué qu'il se sentait "beaucoup plus heureux" au volant de la W12, lui donnant l'espoir de prendre part à la lutte contre Red Bull. Cependant, le week-end de Bottas a tourné court dès les qualifications. Selon Mercedes, une mauvaise mise en température des pneus a impacté le rythme du Finlandais, ne lui permettant pas de faire mieux que huitième sur la grille de départ.

Ce problème a été encore plus visible en course. Dans des températures très fraîches pour un mois d'avril, le pilote Mercedes a eu un mal fou à mettre ses gommes dans la bonne fenêtre de température, ce qui l'a coincé derrière l'Aston Martin de Lance Stroll. En l'espace d'une trentaine de boucles, le Finlandais a perdu un tour sur son équipier et a même vu George Russell le menacer pour le gain de la neuvième place avant leur collision polémique.

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La déroute de Bottas marque surtout un changement important dans l'Histoire de Mercedes en catégorie reine. Traditionnellement, l'écurie allemande connaissait le succès dans des conditions plus fraîches et était plus en difficulté lorsque les températures grimpaient. Sur le circuit d'Imola, l'inverse s'est produit.

"Ces dernières années, nous avions souvent du mal dans des températures élevées et nous étions performants dans des conditions plus froides parce que les pneus chauffaient mieux", a commenté le numéro 77. "Nous avons vraiment essayé de développer la voiture sans surchauffer les pneus, mais le point négatif est que si nous avons besoin de solliciter rapidement les pneus, d'autres équipes y parviendront beaucoup mieux que nous."

"Par exemple, par rapport à Lewis en qualifications, c'est un vrai exercice de funambule", poursuit-il. "Parfois, vous arrivez à faire fonctionner [les pneus], comme j'ai pu le faire en Q1, mon temps était beaucoup plus rapide qu'en Q3. Tout peut dépendre d'une différence d'un ou de deux degrés sur la piste ou sur les pneus. C'est difficile à expliquer. De toute évidence, la température de la piste changeait en fonction des nuages, donc cela a probablement eu une influence."

Afin d'aider Bottas à remonter la pente, Shovlin estime que Mercedes doit résoudre cette mise en température des pneus capricieuse. "Le problème avec la température des pneus, c'est qu'une très petite différence a souvent un très grand impact sur l'adhérence", relate le responsable. "Malheureusement pour Valtteri, sa position de départ a été compromise. Nous devons l'aider et travailler sur cela avec lui."

"En course, il a eu du mal à suivre et à dépasser, simplement parce qu'il perdait le train avant dans l'aspiration, mais aussi parce que le train arrière n'était pas performant. Encore une fois, la mise en température lui a posé problème. Sur la transition vers la gomme medium, il a été pris dans ce groupe contenant certains retardataires. Max est arrivé [pour lui prendre un tour] et c'est ce qui a déclenché la séquence ayant mis fin à sa course. Je pense que tous les points négatifs se résument à ce problème de chauffe. Nous devons trouver une solution. Si nous le faisons, je pense que tout devrait rentrer dans l'ordre."

Mais si la mise en température des gommes est le talon d'Achille de la W12, la gestion de la dégradation est l'un des domaines où Red Bull pense être en retard. À Bahreïn, Hamilton a pu garder ses pneus durs en vie pendant la moitié de la course et résister aux assauts de Verstappen, chaussé de pneus beaucoup plus frais.

D'après Horner, un scénario similaire s'est déroulé à Imola lors de la fin du relais en pneus intermédiaires. Pendant la première moitié du Grand Prix, le pilote Mercedes accusait environ cinq secondes de retard sur le Néerlandais avant de rapidement refaire son retard au moment de la transition vers les pneus slicks.

Tour après tour, Verstappen communiquait avec son stand afin de déterminer le moment idéal pour effectuer son arrêt, celui-ci s'étant produit un tour avant Hamilton. L'undercut de Red Bull a parfaitement fonctionné, repoussant le septuple Champion du monde à cinq secondes d'écart, jusqu'à ce que celui-ci se rapproche de nouveau puis commette une erreur à Tosa, en prenant un tour à Russell.

"Notre rythme est très proche de Mercedes et je pense que les deux voitures ont des qualités et des défauts dans des domaines différents", précise Horner. "Si vous regardez la performance avec les intermédiaires, nous étions plus rapides en début de relais, [Mercedes] était plus rapide en fin de relais. L'usure des pneus est très différente entre les deux voitures."

"Sur le même composé, avec le champ libre, Mercedes est très, très compétitive. [Hamilton] a signé le meilleur tour en course. C'est très serré et il faut réussir à tirer le maximum de la voiture au cas par cas. Mais, comme à Bahreïn, je dirais que Mercedes semblait un peu plus fort à la fin des relais."

Comme l'explique Shovlin, Mercedes cherche à trouver un équilibre entre une mise en température des pneus rapide et une dégradation stable sur les longs relais, ce qui laisse le Britannique dubitatif quant au réel avantage de Red Bull dans ce domaine.

"Il y a toujours un compromis à faire entre la mise en température et les longues distances", a déclaré Shovlin après la course. "Si nous avons trouvé le bon compromis, nous devons l'examiner. De ce que nous avons vu avec les pneus intermédiaires, [Red Bull] les met en température plus rapidement, même si Lewis avait des dégâts. Avec les pneus mediums, ce n'est pas si évident. Je pensais que nous étions assez performants par rapport à eux."

Alors que la F1 se dirige doucement vers les courses les plus chaudes de la saison, il y a fort à parier que ces nouvelles conditions aideront Mercedes à résoudre ses problèmes de mise en température des pneus, ce qui aidera Bottas en particulier. Pour l'heure, l'écurie tente de trouver un compromis afin de conserver son avantage au classement général contre un adversaire de plus en plus rapide.

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