Formule 1 GP du Japon

Grue à Suzuka : ce que dit le rapport de la FIA

À la suite de son enquête sur les incidents du Grand Prix du Japon 2022 de Formule 1, la FIA a publié ses conclusions.

Max Verstappen, Red Bull Racing RB18, se bat avec Charles Leclerc, Ferrari F1-75, devant Sergio Perez, Red Bull Racing RB18, Lewis Hamilton, Mercedes W13, et le reste des monoplaces au départ

Après avoir ouvert une enquête sur les incidents du départ au Grand Prix du Japon, la FIA vient de publier ses conclusions, accompagnées de plusieurs mesures. Il était notamment question de la manière dont la direction de course a géré la procédure de départ arrêté alors que la pluie s'aggravait, ainsi que l'intervention des commissaires et engins de dépannage après les abandons de Carlos Sainz et Alexander Albon dans le premier tour.

Dans son rapport, l'organe directeur de la F1 a tout d'abord expliqué que les conditions météo, certes difficiles, n'étaient pas incompatibles avec un départ arrêté en pneus intermédiaires : "Malgré la pluie, les conditions étaient suffisamment bonnes pour donner le départ de la course à l'heure [prévue]", est-il écrit. "Tous les [pilotes] ont pris le départ en pneus intermédiaires après des tours de mise en grille, mais une pluie plus forte au moment du départ a rendu la maîtrise de la voiture en pneus intermédiaires plus difficile."

Une analyse détaillée des premiers tours de course a ensuite été donnée. À 14h04, un peu plus d'une minute après le départ du Grand Prix, Sainz a perdu le contrôle de sa Ferrari dans le virage 12 et heurté les barrières. Le drapeau jaune a alors été immédiatement présenté aux 16 pilotes derrière lui. C'est ensuite un double drapeau jaune qui a été agité dans la portion précédente, le virage 11, en raison du tête-à-queue de Zhou Guanyu. À noter que ce double drapeau jaune n'a pas été agité dans le virage 12 après l'accident de Sainz.

Le direction de course a fait sortir le Safety Car à l'issue de ce premier tour, dans lequel Sainz et Albon ont abandonné leur voiture. À 14h06, les commissaires ont pénétré sur la piste, à l'entrée du virage 12, "selon les instructions du directeur de course et du directeur d'épreuve". Au même moment, deux grues ont été envoyées sur le circuit : la première à l'entrée du virage 12, la seconde à la sortie de cette courbe, où était arrêtée la Williams d'Albon.

Dix secondes plus tard, le peloton est repassé dans le virage 12. Les pilotes en tête de cortège avaient un rythme inférieur à 60 km/h. La queue du peloton roulait légèrement plus vite (au-delà de 70 km/h), tandis que Nicholas Latifi, Sebastian Vettel et Zhou, tous trois légèrement décrochés en raison des incidents du premier tour, ont été respectivement "flashés" à 143 km/h, 159 km/h et 167 km/h.

Au moment de passer la deuxième grue, les vitesses étaient plus élevées puisque le Safety Car accélérait, mais sont restées inférieures à 110 km/h, à l'exception de Kevin Magnussen (122 km/h).

À 14h08, la direction de course a suspendu l'épreuve avec le drapeau rouge, alors que le peloton était dans la ligne droite menant à la chicane et que Pierre Gasly, ayant percuté un panneau publicitaire dans le premier tour, n'avait pas encore passé les deux grues. Une seconde après la présentation du drapeau, le Français a passé la voiture de Sainz à la vitesse de 189 km/h. Un commissaire, situé à côté de la grue, a notamment dû s'écarter. Gasly a ensuite passé le lieu du deuxième incident à 163 km/h. Le rapport de la FIA précise que le pilote AlphaTauri a accéléré "jusqu'à un maximum de 250 km/h dans le reste du tour".

À 14h09, toutes les voitures, dont celle de Gasly, étaient dans les stands. Deux minutes plus tard, les deux grues quittaient la piste.

Gasly pointé du doigt pour sa conduite "dangereuse"

Pierre Gasly, AlphaTauri AT03

Pierre Gasly, AlphaTauri AT03

Dans son rapport, la FIA a confirmé que "les procédures de dépannage des voitures [avaient] été respectées" puisque "la piste [avait] été neutralisée avec le Safety Car avant que les commissaires et les grues ne soient envoyés sur la piste".

Il a également été expliqué pourquoi Pierre Gasly roulait à un rythme assez soutenu pour revenir sur le groupe rassemblé derrière la voiture de sécurité sans pour autant enfreindre le règlement. Pour justifier la vitesse de Gasly, la FIA rappelle que "sous Virtual Safety Car et Safety Car, les pilotes doivent respecter une vitesse limite qui se base sur les temps au tour. [...] Les temps [limités] en conditions humides sont 50% plus lents que les temps au tour d'une course typique sur le sec. Juste après l'accident de Sainz, le Safety Car a été déployé. Tous les pilotes devaient suivre leur delta de Safety Car. Gasly, qui a percuté un panneau publicitaire était, pour des raisons évidentes, plus lent que les deltas. En conséquence, son delta est devenu de plus en plus positif. Au moment où il a atteint l'entrée des stands et la ligne SC1, il était à 18 secondes du delta visé."

"Les temps ne sont pas remis à zéro dans la voie des stands donc, quand [Gasly] a quitté les stands sur la ligne SC2, il avait encore 18 secondes [de retard] sur son delta. En conséquence, il pouvait rouler avec 18 secondes d'avance sur le delta Safety Car sans déclencher l'alarme. Ainsi, bien qu'il ait roulé beaucoup plus vite que ce qui aurait été attendu dans ces circonstances, il était toujours en conformité avec les exigences des contrôles du delta qui étaient en place."

Mais en ce qui concerne l'incident dans lequel le Français est passé près des deux grues et ses excès de vitesse sous drapeau rouge, l'organe directeur a affirmé que Gasly n'avait pas respecté les procédures en ne ralentissant pas suffisamment. Ainsi, il est reproché au pilote AlphaTauri d'avoir "piloté de manière dangereuse".

"Gasly passait les lieux des incidents pour la deuxième fois, il était donc conscient qu'une voiture avait été accidentée et que les commissaires nettoyaient peut-être la piste. Quelques mètres avant que Gasly n'atteigne les incidents, les drapeaux jaunes avec les panneaux SC sont passés à un drapeau rouge."

"Les procédures SC (drapeaux jaunes et panneaux SC) ont la priorité sur les drapeaux jaunes simples et doubles. En supposant que Gasly n'ait pas pu voir les panneaux rouges, il était néanmoins censé respecter les drapeaux jaunes et les panneaux SC qui, conformément à la réglementation, obligent les pilotes à se préparer à ralentir et potentiellement à arrêter la voiture."

"La vitesse de Gasly était de 189 km/h en arrivant sur le premier incident (Sainz) et de 163 km/h au deuxième incident (Albon) alors que le drapeau rouge était présenté. Dans aucun de ces deux cas la vitesse de la voiture de Gasly n'était compatible avec l'obligation de ralentir et la possibilité de s'arrêter. Après le virage 12, toujours sous drapeau rouge, la voiture de Gasly atteignait encore des vitesses comprises entre 200 et 250 km/h."

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"La présence de grues sur le circuit de Suzuka dans ces conditions météorologiques est un sujet extrêmement sensible. Néanmoins, et sans minorer les responsabilités concernant la sécurité sur la piste, nous devons également considérer comme détaillé ci-dessus que Gasly a piloté de manière dangereuse en ne respectant pas les drapeaux, ignorant ainsi les règles de sécurité de base."

"Les conditions météorologiques étant en train de changer, il est conclu qu'il aurait peut-être été préférable de retarder le déploiement des véhicules de dépannage sur la piste. Cependant, la situation potentielle dans laquelle Gasly aurait perdu le contrôle de sa voiture et serait entré en collision avec la voiture endommagée à l'arrêt, un pilote et/ou tout commissaire marchant sur la piste doit également être prise en compte. En outre, en cas d'incident grave, la voiture médicale et son personnel auraient également pu se rendre sur les lieux."

"Il est important de souligner que, bien que le pilote ait une responsabilité importante sur la piste en ce qui concerne sa propre sécurité et celle des autres, il n'est pas tenu pour seul responsable de l'incident."

"Après le Grand Prix du Japon, une réunion a eu lieu le jeudi 13 octobre pour discuter de tous les aspects du départ de la course à Suzuka. Nous y avons identifié des zones d'amélioration. La FIA s'engage à une amélioration et à une analyse permanente afin que des situations telles que celle qui s'est produite à Suzuka puissent être évitées ou du moins désamorcées en toute sécurité."

"[Il existe] un problème dans les procédures actuelles où lorsque le Safety Car est utilisé pour neutraliser une course, les voitures situées juste derrière le Safety Car sont contrôlées, mais les voitures ailleurs sur la piste ne le sont pas assez."

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