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Il y a 20 ans : la dernière leçon du Professeur (1/2)

A l'heure où la présence française en Formule 1 est assurée par quatre pilotes dont aucun n'a usurpé sa place, il y a donc moins de raisons d'être nostalgique par rapport aux années 80 et 90 où les pilotes tricolores se comptaient sur les doigts des deux mains

A l'heure où la présence française en Formule 1 est assurée par quatre pilotes dont aucun n'a usurpé sa place, il y a donc moins de raisons d'être nostalgique par rapport aux années 80 et 90 où les pilotes tricolores se comptaient sur les doigts des deux mains. Cependant, si certains se sont approchés du titre mondial sans l'atteindre, faute de conditions adéquates ou par la faute d'un destin funeste, un pilote aura décroché le Graal, et à quatre reprises. On parle bien évidemment d'Alain Prost.

Le Professeur est encore aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands pilotes de F1 de l'Histoire et, avec Sebastien Loeb, le plus grand pilote du sport automobile français. Pourtant, sa renommée et son palmarès n'a jamais été proportionnel à l'attachement d'une part du public, et plus encore de la presse. Or, lors de son retour à la compétition en 1993 après une année sabbatique rétribuée par Ferrari suite à son renvoi anticipé fin 1991, Prost fut la cible des mêmes critiques qui pleuvent sur Sebastian Vettel aujourd'hui : avoir gagné trop facilement.

En effet, Prost bénéficia de la meilleure monoplace du plateau cette année-là : la Williams FW15C. A ce moment, l'électronique était omniprésente en Formule 1, et le modèle précédent, la FW15B, avait écrasé la saison 1992 grâce à cela. Celui qui lui succéda disposait d'à peu près tout ce qui pouvait l'aider à aller plus vite : anti-patinage, boîte semi-automatique, suspension active, et tutti quanti. Prost trouvera d'ailleurs la meilleure image pour qualifier sa nouvelle monture : "un vrai petit Airbus".

Face à lui, la concurrence était défavorisée : son équipier Damon Hill n'avait que deux Grands Prix sur une Brabham agonisante à son actif, tandis que les Mclaren et Benetton devaient se contenter d'un moteur Ford V8 qui ne valait pas le Renault V10, rapidement devenu l'arme absolue. Au grand dam de Ayrton Senna qui ne signa avec Mclaren que peu de temps avant le premier Grand Prix, après avoir essayé en vain de se faire recruter par Williams ! Or Prost avait posé une seule condition lors de son engagement : ne pas avoir le Brésilien comme équipier. Ce dernier devait donc ronger son frein sur une Mclaren certes très performante en soi, mais sous-motorisée...

Dans ces conditions, on pouvait penser que Prost aurait la partie facile. Or il subit des pressions avant même son retour puisqu'il eut le tort de se laisser aller à des commentaires acerbes sur la gestion de la Formule 1 par la FIA et Bernie Ecclestone. En réaction, Max Mosley menaça carrément de ne pas accorder la super-licence au triple Champion du Monde ! Les tensions se seront calmées par la suite, mais d'entrée, le Français subissait à nouveau les côtés négatifs de son métier. Cette menace illustrait aussi la crainte des autorités de voir un nouveau championnat sans suspens, car suspendre Prost pour quelques courses l'aurait nourri....

Son succès d'entrée en Afrique du Sud après une superbe lutte face à son éternel rival ne calma pas la fronde de ses détracteurs. Au Brésil au moment où une averse tropicale inonda le circuit, une liaison radio exécrable lui fit comprendre qu'il devait rester en piste. Mauvaise idée puisqu'il partit en travers au premier virage pour échouer sur la Minardi de Christian Fittipaldi. Pendant ce temps, Senna fit le bonheur des siens en triomphant une dernière fois à domicile. Puis vint Donington, pour ce qui reste l'un des triomphes les plus célèbres de Magic... et l'un des échecs les plus cuisants de Prost, comme lui-même l'a raconté en 2004 dans un documentaire consacré à Senna, dix ans après sa disparition.

"Nous avions embauché quelqu'un pour la météo. Il était situé à l'aéroport, près du circuit de Donington, nous étions en contact permanent avec lui. A un moment il nous a annoncé - à moi et aux ingénieurs - qu'une averse allait arriver, une grande averse ! Or il tombait quelques gouttes. Je me suis alors arrêté aux stands et peu après, il ne pleuvait plus. Et à chaque fois qu'il nous a annoncé une prévision, le contraire se passait ! Si bien que je détiens le triste record de changements de pneus : sept, dont six avec le mauvais choix !"

Les conditions très changeantes ce jour-là n'ont pas touché que Prost, puisque Senna lui-même changea cinq fois de pneumatiques. Reste que ce dernier remporta la course avec une minute d'avance sur Hill, et un tour sur Prost. Le comble fut atteint durant la conférence de presse où lorsque Prost justifia sa contre-performance par divers soucis techniques, Senna lui répliqua "Tu devrais échanger ta voiture avec moi !". Le Brésilien avait encore impressionné son monde sous l'averse et sur une monoplace qui ne valait pas la Williams, là où Prost, connu pour être prudent sur piste humide, aggrava son cas auprès des observateurs malgré des circonstances atténuantes...

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