La mémorable victoire d'Olivier Panis à Monaco

La victoire d'Olivier Panis au GP de Monaco 1996 fut longtemps la dernière d'un Français en discipline mais est restée dans les esprits en raison de la manière dont elle a été remportée. Un succès à la fois inattendu et splendide s'il en est. C'était un 19 mai, il y a 27 ans jour pour jour.

Olivier Panis, Ligier JS43 Mugen-Honda

Olivier Panis, Ligier JS43 Mugen-Honda

LAT Images

Sur la grille de départ détrempée de ce 54e Grand Prix de Monaco, Olivier Panis n'occupe que la septième ligne. Auteur du 14e chrono des qualifications, il a sur sa droite la Sauber de Johnny Herbert et, juste devant lui, la Footwork d'un certain Jos Verstappen dont le nom allait devenir bien plus célèbre 20 ans plus tard et une génération après. Mais ceci est une autre histoire.

Panis espérait clairement mieux de ces qualifications, mais un moteur cassé dès les premiers essais du jeudi lui a fait perdre du temps en piste. Il s'est montré le plus rapide du warm-up ce dimanche matin, de quoi attiser ses regrets mais pas vraiment faire remonter ses chances de bon résultat. À Monaco, c'est bien connu, doubler est quasiment mission impossible. Mais à Monaco, la pluie peut suffire à transformer la course en partie de roulette russe, comme lors de la célèbre édition 1982.

Une entame difficile

Depuis le début de saison, Panis n'a marqué que le point de la sixième position au Brésil, deuxième manche du championnat. À la porte des points en Australie puis en Argentine avec une septième et une huitième places, il reste, avant le rendez-vous de la Principauté, sur deux abandons lors des premières courses européennes, à Imola et au Nürburgring. Le score de son équipier, le riche débutant Pedro Diniz, est encore vierge. Un début de saison pas très folichon pour l'écurie Ligier, qui célèbre ses 20 années de présence en Grands Prix – même si bien plus d'eau a coulé sous les ponts qu'il n'en est tombé ce week-end à Monaco depuis les exploits de ses jeunes années signés Jacques Laffite, Patrick Depailler ou Didier Pironi.

Rachetée avant la saison 1993 par l'entrepreneur Cyril de Rouvre, qui n'y a pas trouvé suffisamment de vitesse pour ne pas être rattrapé par la justice un peu plus tard, puis par Flavio Briatore l'année suivante, elle a fait les frais des desseins du rusé patron de l'équipe Benetton : donner ses V10 Renault à celle-ci pour lui "refiler" ses blocs Mugen-Honda en échange. Elle est aussi passée par une belle porte après que Tom Walkinshaw, acolyte de Briatore qui en avait pris les rênes en 1995, a renoncé à son projet de la faire déménager en Angleterre...

Pas de ravitaillement

Panis gagne des positions dès le premier tour car sur les cinq voitures qui n'en voient pas le bout, trois se sont élancées devant lui : la Footwork de Verstappen qui a fini dans les pneus dès Sainte Dévote, la Jordan-Peugeot de Rubens Barrichello, et surtout la Ferrari de Michael Schumacher qui, parti de la pole position, s'est laissé surprendre dans le droite suivant l'épingle du Lœws (aujourd'hui Grand Hôtel).

La Ligier #9 commence à faire son chemin dans le peloton. Martin Brundle et Mika Häkkinen s'inclinent, puis Heinz-Harald Frentzen s'efface en raison d'un accrochage avec Eddie Irvine et avant même de subir une attaque de Panis.

Après s'être défait de Herbert, qu'il suivait depuis le début de course, le Grenoblois rentre au stand pour un arrêt qui sera éclair car la piste séchant, il se contente de monter des pneus slicks sans embarquer de carburant au passage. En fait, l'équipe avait tenté le pari de prendre le départ avec le plein (soit une centaine de kilos d'essence) en sachant que si 26 tours au moins étaient couverts sur piste humide, son pilote pourrait parcourir les 269,6 km de course sans devoir ravitailler. 

Olivier Panis, Ligier

Podium en vue

Le timing de cet arrêt est également le bon car une fois tout le monde repassé par son stand, Panis aura gagné trois places de plus aux dépens de Jacques Villeneuve, Mika Salo et, ce qui s'avérera le plus important, David Coulthard. Ne resteront plus devant lui que Damon Hill, Jean Alesi et Eddie Irvine.

Irvine, justement, le pilote de la bleue JSR3 s'en défait un peu plus tard au prix d'une manœuvre volontaire dans l'épingle du Loews, qui laisse la Ferrari sur le carreau. Il se retrouve alors sur le podium provisoire du Grand Prix de Monaco...

Des podiums, Panis en a déjà signé deux en Formule 1. À chaque fois une deuxième place. L'une en 1994, l'année de ses débuts et dès son septième départ, à Hockenheim. L'autre en Australie, pour la dernière course de 1995 et l'ultime Grand Prix couru dans les rues d'Adélaïde. Côté victoires, le Champion de France 1988 de Formule Renault reste sur une série de trois consécutives durant la saison 1993 de Formule 3000, sur la route du titre – à Hockenheim, au Nürburgring et à Spa. Cela dit, de donner une éventuelle suite à cet enchaînement victorieux, il ne semble pas être question à ce stade.

Double coup de théâtre

Mais Hill ne remportera pas cette course que son père, Graham, avait accroché cinq fois à son palmarès. Son moteur expire au 41e tour. Un fait de course dont les conséquences auraient pu doublement changer le cours de celle-ci : arrivant sur l'huile lâchée par le V10 Renault de la Williams, Panis part en toupie et se retrouve dans l'échappatoire. Plutôt que de revenir directement en piste et risquer une pénalité, il effectue un second tête-à-queue, volontaire celui-là, pour se remettre dans le bon sens et reprendre la course depuis l'endroit où il l'avait quittée.

C'est un doublé français qui se dessine alors. Jean Alesi, qui a enfin ouvert son palmarès en F1 la saison précédente à Montréal, va pourtant repasser par son stand pour ce qu'il croit être une crevaison. La réalité est bien plus grave : la suspension de la Benetton s'affaisse et l'Avignonnais ajoute son nom à la (longue) liste des abandons.

Le jour de gloire

Avant la victoire d'Alesi à Montréal 11 mois plus tôt, l'attente avait été un peu plus longue pour voir un pilote français remporter un Grand Prix. Cela n'était en effet plus arrivé depuis le dernier succès d'Alain Prost, en juillet 1993 à Hockenheim. Un peu moins de deux ans donc. Soit douze fois moins de temps écoulé entre la victoire de Panis à Monaco en 1996 et celle de Pierre Gasly à Monza en 2020...

Car le pilote né à Lyon un peu moins de 30 ans avant son jour de gloire s'est bien imposé ce 19 mai 1996 en Principauté, au prix d'une attaque de tous les instants qui lui permit, après être remonté dans le classement, de résister jusqu'au bout à David Coulthard qui le remontait alors que la course s'approchait de la durée limite réglementaire de deux heures. Ce même Coulthard que Panis avait dépassé "dans les stands" durant la première moitié de course. Un peu plus tard, sur les marches de la loge princière qui fait office de podium à Monaco, ils étaient rejoints par Johnny Herbert, qui s'était élancé aux côtés de Panis sur la septième ligne et le devançait en début de course...

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