C'était un 22 mai : hécatombe dans les rues de Monaco
Non, le Grand Prix de Monaco 1966 n’a pas été la course de Formule 1 la plus excitante de toutes. Elle s’illustre plutôt pour avoir été celle avec le moins de concurrents classés à l’arrivée.
L’année 1966, c’est celle de la naissance d’Olivier Panis et d’Alex Zanardi. C’est aussi celle qui marque le retour des grosses cylindrées en Formule 1, puisque les anémiques moteurs de 1,5 litre font place aux trois litres atmosphériques. Cette décision cause toutefois des soucis d’approvisionnement de moteurs aux écuries, d’autant que le motoriste britannique Coventry Climax a annoncé son retrait soudain de la F1. Certains, comme Ferrari, vont réduire la cylindrée de leurs moteurs d’endurance afin de les rendre règlementaires pour courir en F1 tandis que d’autres vont réaléser les petits moteurs existants à deux litres. Afin de mieux se préparer au début de saison, plusieurs équipes participent à deux épreuves hors championnat : au Grand Prix d’Afrique du Sud sur le tracé de Prince George en janvier et au Grand Premio di Siracusa organisé en Sicile en mai.
Le Championnat du monde débute très tard, le 22 mai, dans la Principauté de Monaco. Ce Grand Prix reste mémorable pour avoir servi de plateau de tournage à plusieurs scènes du fameux film Grand Prix, de John Frankenheimer. Il marque aussi les premiers pas d’un nouveau constructeur en F1 : McLaren. Malgré leurs efforts, les écuries se présentent à Monaco avec des voitures moyennement au point, peu testées et encore fragiles.
C’est Jim Clark qui signe la pole position, la 25e de sa carrière, aux commandes d’une Lotus 33 à moteur Climax V8 de deux litres. John Surtees réalise le deuxième meilleur chrono aux commandes de sa Ferrari 312. Les coéquipiers d’Owen Racing Organisation, Jackie Stewart et Graham Hill, se partagent la deuxième ligne de départ à bord de leurs BRM P261 tandis que Lorenzo Bandini (Ferrari 246) et Denny Hulme (Brabham BT22) réalisent les cinquième et sixième temps.
Clark premier, mais pas pour longtemps
Une grille de seulement 16 voitures prend place pour le départ devant la loge princière. Au baisser du drapeau, Clark démarre en trombe mais connaît vite des ennuis avec sa boîte de vitesses. Surtees le double, entraînant avec lui Stewart et Hill. Clark chute au dernier rang.
C’est au troisième passage des bolides que commence l’hécatombe. Le premier à quitter la scène est le Britannique Bob Anderson, dont le moteur Climax de sa Brabham explose. Puis, Bruce McLaren abandonne sur fuite d’huile de son moteur Ford 406, un V8 de trois litres. Quelques tours plus tard, Hulme abandonne à cause du bris d’un arbre de transmission puis Surtees, qui menait la course, l’imite quand le différentiel de sa Ferrari rend l’âme. Au 19e passage, la BT19-Repco de Jack Brabham subit un problème fatidique de boîte de vitesses.
Stewart mène la meute quand Mike Spence (Lotus 25-BRM) et Jo Siffert (Brabham BT11-BRM) abandonnent presque simultanément à cause de bris mécaniques. Nous n’en sommes même pas à la mi-course et il ne reste que neuf voitures en action !
Restera-t-il des voitures en fin de course ?
Et ça continue. Au 56e tour, le moteur Maserati de la Cooper T81 de Jochen Rindt explose. Quatre boucles plus tard, c’est la suspension de la Lotus de Clark qui casse net. Au 80e passage d'une course qui en compte 100, la transmission de la Cooper T81-Maserati de Richie Ginther lâche.
Stewart, qui mène la course depuis le 15e tour, coupe finalement la ligne d'arrivée avec une confortable avance de 40”2 sur Bandini. Graham Hill a effectué un tête-à-queue lors de son 99e passage et n’a pu repartir. Il est néanmoins classé troisième et doit revenir au paddock à pied pour grimper sur le podium.
L’Américain Bob Bondurant termine la course avec cinq tours de retard et est quand même classé quatrième aux commandes de sa BRM P261 de l’écurie privée Team Chamaco-Collect. Ginther, qui a pourtant abandonné il y a 20 tours de cela (!), se classe cinquième. Guy Ligier et Jo Bonnier ont bel et bien vu l’arrivée mais ne sont pas classés, car ils ont terminé respectivement à 25 et 27 tours de Stewart !
À ce jour, cette épreuve détient le record du plus petit nombre de concurrents classés d’une course de F1, seulement au nombre de quatre (Stewart, Bandini, Hill et Bondurant).
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