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"Shutdown" de la F1 : de quoi s'agit-il ?

Privé de Grand Prix pendant un mois, le petit monde de la Formule 1 est en vacances. Avec quelles conséquences exactes sur la vie des usines ?

L'usine Mercedes à Brackley

L'usine Mercedes F1 à Brackley

Photo de: Mercedes AMG

Après 14 Grands Prix disputés sur les cinq derniers mois, la Formule 1 est entrée, en ce début du mois d'août, dans sa trêve estivale. Une période de repos pour les pilotes et pour la majeure partie du personnel, qui est devenue particulièrement encadrée ces dernières années.

L'Article 24.1 du Règlement Sportif régit en effet cette pause obligatoire pour les dix écuries du plateau, qui leur est imposée sur une "période de 14 jours consécutifs pendant les mois de juillet et/ou août". Il y a donc un peu de flexibilité pour le choix des dates, mais l'agencement du calendrier amène logiquement les écuries à s'aligner quasiment toutes sur les mêmes, à un ou deux jours près.

Ceci étant dit, il convient d'expliquer en quoi consiste cette trêve et son respect, sans quoi une équipe s'exposerait à des sanctions. Pendant ces deux semaines, aucune écurie ne peut travailler sur quoi que ce soit qui serait lié aux performances de sa monoplace, que ce soit en matière de design, de recherche & développement, de production de pièces ou d'activité en soufflerie et au simulateur. Il est même strictement interdit d'échanger des e-mails, d'organiser des visioconférences ou des réunions sur ces sujets.

Pourquoi un "shutdown" en F1 ?

Les souffleries sont évidemment à l'arrêt.

Les souffleries sont évidemment à l'arrêt.

Photo de: Andretti Autosport

Deux raisons essentielles ont conduit les instances à instaurer cette trêve estivale depuis plusieurs années. Comme indiqué précédemment, il s'agit tout d'abord de contribuer à la limitation des coûts, qui plus est depuis l'entrée en vigueur en 2021 du plafond budgétaire.

Par ailleurs, la Formule 1 se veut aujourd'hui plus soucieuse des conditions de travail du personnel des écuries, alors que le calendrier est devenu gargantuesque avec 24 Grands Prix dans l'année. Il est donc devenu primordial de pouvoir recharger les batteries. Il faut avoir en tête que, si le cap de la mi-saison est déjà allègrement franchi, il reste encore dix Grands Prix à disputer... répartis sur plusieurs continents différents dans un laps de temps de 107 jours seulement.

Que se passe-t-il dans les usines ?

Le McLaren Technology Centre à Woking.

Le McLaren Technology Centre à Woking.

Photo de: GP Racing

Dans les faits, que se passe-t-il dans les usines pendant ces 14 jours ? Si l'on dit communément qu'elles sont portes closes, ce n'est pas tout à fait vrai. Certes, bon nombre d'entre elles ont tout d'une ville fantôme à cette période de l'année, mais quelques exceptions permises par le règlement préservent une activité réduite pour les écuries qui le souhaitent.

C'est par exemple l'occasion idéale de procéder à un nettoyage en profondeur de l'usine. Ce qui n'est pas lié à la performance des F1 peut se poursuivre et il est également possible d'assurer la maintenance des installations mais aussi d'investir pour les améliorer ou, par exemple, d'effectuer des améliorations liées au réseau informatique.

"Environ 95% du personnel est à la plage", sourit Rob Thomas, directeur des opérations à l'usine Mercedes de Brackley, interrogé par Motorsport.com. "Mais il se passe beaucoup de choses et les gens ne s'en rendent pas compte. Il y a beaucoup de planification avant ces deux semaines précieuses. C'est le seul moment où l'on peut faire des choses que l'on ne fait pas le reste du temps en étant tout le temps la tête dans le guidon. Ça paraît évident mais c'est une période où l'on remet tout en état, un peu comme on révise sa voiture."

"On peut couper l'électricité une journée entière sans que ça ne perturbe les opérations. Notre 'shutdown' commence le samedi à 6h du matin et, quand la dernière personne quitte le site, une armée d'ouvriers arrive. Ils essaient de nettoyer autant que possible. À l'atelier d'usinage, chaque machine est entretenue. Le système de climatisation, l'éclairage et le chauffage font l'objet d'un entretien annuel. Tout ce qui doit être réparé est réparé, et nous repeignons même le sol pour que, lorsque les gens reviennent deux semaines plus tard, ils trouvent que ça a beaucoup changé et que c'est chouette !"

Dans des cas exceptionnels, les écuries peuvent obtenir une autorisation de la FIA pour réparer des monoplaces qui auraient été "gravement endommagées".  Enfin, les services marketing, administratif ou juridique sont également exemptés de trêve obligatoire et peuvent rester actifs. Néanmoins, beaucoup de membres du personnel profitent logiquement de cette période pour poser des congés annuels bienvenus.

Surveillance limitée et intégrité

L'activité habituelle laisse place à la maintenance.

L'activité habituelle laisse place à la maintenance.

Photo de: Carl Bingham / Motorsport Images

C'est à la FIA de s'assurer que les dix écuries du plateau respectent le Règlement Sportif et ces 14 journées consécutives de "shutdown". L'instance dispose de moyens de contrôle mais elle s'appuie sur une forte relation de confiance, qu'aucune écurie n'aurait intérêt à remettre en cause.

"C'est comme beaucoup de choses en Formule 1 où il est très difficile pour la FIA d'appliquer une surveillance directe", explique Rob Thomas. "C'est donc en grande partie l'intégrité des écuries qui est en jeu. Si un équipe venait à tricher, si l'on utilisait la soufflerie, ce serait très dur de le cacher, car il y a beaucoup de mouvements de personnel entre les équipes et les choses s'autorégulent naturellement."

"La FIA a toujours la possibilité de venir à tout moment pour voir ce que l'on fait, mais je ne crois pas que ce soit déjà arrivé. Je n'ai jamais non plus entendu de rumeur selon laquelle une autre écurie serait restée active."

Propos recueillis par Ben Hunt

L'usine de l'écurie Visa CashApp RB à Faenza.

L'usine de l'écurie Visa CashApp RB à Faenza.

Photo de: Red Bull Content Pool

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