Pourquoi le duel 2021 pour le titre est encore loin du pire

Le documentaire Netflix "Schumacher" fait beaucoup de choses très bien. Sur fond d'images et de séquences d'archives bien choisies, un éventail impressionnant de personnalités ayant contribué à la carrière du septuple Champion du monde de Formule 1 ont été réunies pour discuter de ses accomplissements et de son héritage. Les contributions de beaucoup – y compris, peut-être, les meilleures de toutes : Jean Todt et Ross Brawn – ont expliqué de manière claire et précise la complexité du caractère d'un personnage aussi légendaire. Mais elles ont finalement été reléguées au second plan par rapport aux expressions d'amour et de dévotion de la famille de Michael.

L'explication de Mick Schumacher selon laquelle son père et lui "auraient beaucoup plus de choses à se dire" maintenant qu'ils partagent tous les deux "le langage du sport automobile" est aussi déchirante que révélatrice lorsqu'on prend en compte le parcours du rookie de Haas vers la F1 après l'accident de ski de son père en 2013. Beaucoup de ceux qui ont observé et même aidé la progression de Mick se demandent ce qu'il aurait pu gagner d'autre en ayant à disposition l'immense expérience de Michael en sport automobile pendant cette période.

Le film n'est toutefois pas exempt de tout reproche. Notamment, il omet de grandes parties de la carrière de Schumacher en F1 et plusieurs controverses – bien que les souvenirs de Brawn sur Jerez 1997 aient été merveilleusement non aseptisés. On a également l'impression que "Schumacher" ne révèle rien de nouveau sur la carrière de Michael, mais étant donné le succès de Drive to Survive, qui a permis de faire découvrir la F1 à un nouveau public, ce n'était probablement pas le but ultime de la production.

Quoi qu'il en soit, les courses de Jerez 1997 et Suzuka 1990 – qui sont pertinentes pour l'histoire du documentaire parce que Schumacher a assumé le rôle de figure de proue de la F1 après la mort d'Ayrton Senna – valent la peine d'entrer dans la réflexion actuelle, en 2021.

 

Deux semaines se sont écoulées depuis que Max Verstappen et Lewis Hamilton ont connu leur deuxième accrochage de la saison. Contrairement à Silverstone, l'incident du Grand Prix d'Italie a éliminé les deux hommes de la course. Tout comme lors de la course britannique, l'affrontement de Monza a déclenché une vague de toxicité sur les réseaux sociaux.

Mais aucun de ces incidents ne parvient à se rapprocher des controverses de Suzuka 1990 ou de Jerez 1997 (ou, pour des raisons légèrement différentes puisqu'il s'agissait d'une voiture déjà accidentée et endommagée, d'Adélaïde 1994). Pas plus que les autres affrontements plus mineurs entre les deux pilotes cette année, qui commencent à s'accumuler (Imola, Barcelone, le premier tour de Monza, plus les limites de la piste à la fin de la course de Bahreïn).

Hamilton n'a tout simplement pas été impliqué dans des incidents aussi tordus que ceux de Senna et Schumacher, qui entachent à juste titre leur réputation respective

Silverstone et Monza ont fait l'objet de polémiques et ont nécessité un jugement a posteriori, les deux incidents ayant été correctement sanctionnés selon Motorsport.com. Dans les deux cas, il s'en est fallu de peu pour que l'un des pilotes soit gravement blessé, mais il s'en est également fallu de peu pour que ces événements soient qualifiés d'incidents de course. Et aucun ne se rapproche du cynisme caractéristique des affaires de Suzuka ou de Jerez.

Avec l'incident de Monza encore très frais dans les esprits, la F1 se rend à Sotchi ce week-end pour le huitième GP de Russie depuis que la course a rejoint le calendrier du championnat en 2014. Après cette épreuve il y a un an, les deux pénalités infligées à Hamilton pour avoir effectué des des essais de départ illicites avant la course ont fait que le pilote Mercedes a été brièvement à deux doigts d'une suspension avant que les points de pénalité qui lui avaient été infligés pour ces infractions (en plus de la pénalité en temps) ne soient annulés.

 

Pendant les quelques heures qui ont précédé le retour au bon sens, le fait de placer l'un des coureurs les plus propres de la F1 dans une telle position était une véritable farce. Hamilton n'a tout simplement pas été impliqué dans des incidents aussi tordus que ceux de Senna et Schumacher, qui entachent à juste titre leur réputation respective. C'est la même chose pour Verstappen – bien que sa carrière soit plus courte jusqu'à présent et que 2021 soit sa première expérience d'une bataille pour le titre.

En gardant cela à l'esprit, la saison 2021 de la F1 entre vraiment dans sa phase finale. Si Red Bull parvient à infliger à Mercedes la première défaite de son histoire au GP de Russie – une série qui remonte à 1913, compte tenu des deux triomphes de Benz avant la Première Guerre Mondiale dans ce qui était alors une épreuve organisée à Saint-Pétersbourg – l'équipe débutera la phase finale de la course au titre en tant que grande favorite.

Elle a déjà fait vaciller Mercedes dans ses précédents fiefs, au Paul Ricard et, dans une certaine mesure, à Silverstone (si l'on en croit la victoire du Néerlandais dans la course sprint), étant donné que la F1 version 2021 n'a jamais eu l'occasion de voir comment une bataille sur la distance d'un Grand Prix aurait pu se dérouler entre Hamilton et Verstappen.

Le circuit de Sotchi est également assez similaire à celui de Bakou, avec ses longues lignes droites, sa succession de virages à 90 degrés à vitesse moyenne et ses quelques portions à grande vitesse. C'est de bon augure pour Red Bull, étant donné sa domination avant la crevaison en Azerbaïdjan. La performance des pneus sera également un élément clé de la réussite ce week-end, mais pour une raison différente de celle de Bakou. En effet, le tracé de Sotchi met l'usure du pneu arrière à rude épreuve en fin de tour, surtout avec les composés les plus tendres de Pirelli.

 

Avec l'assouplissement continu des restrictions sur les voyages dans le monde, les dernières épreuves de la saison 2021 semblent plus assurées qu'à ce stade il y a un an.

Bien que deux nouvelles épreuves soient prévues par rapport aux chapitres "traditionnels" des saisons modernes – et que le remplacement de l'Australie par le Qatar n'ait pas encore été officiellement annoncé – Hamilton a toujours été excellent lorsqu'il s'agit de faire face à la pression croissante des derniers rounds. Cela a même été le cas lorsqu'il n'avait pas nécessairement la meilleure voiture, comme dans la lutte avec Sebastian Vettel et Ferrari en 2018.

Le circuit de Sotchi est également assez similaire à celui de Bakou, avec ses longues lignes droites, sa succession de virages à 90 degrés à vitesse moyenne et ses quelques portions à grande vitesse. C'est de bon augure pour Red Bull

S'il s'avère que c'est le champion en titre qui s'impose à Sotchi – l'épreuve de Bakou s'est après tout déroulée avant que Mercedes n'introduise ses améliorations à Silverstone – la pression inhabituelle sur Verstappen augmentera encore. Alors, comment l'issue de la course à venir pourrait-elle influer sur la nature de tout autre affrontement entre les deux féroces rivaux de 2021 ? De tels résultats, bons ou mauvais, entreront à juste titre dans les grandes pages de l'Histoire de la F1. Peut-être qu'un jour, cette histoire sera également immortalisée dans une série en streaming...