Cameron Beaubier ne regrette pas son pari perdu en Moto2
Après deux saisons difficiles en Moto2, Cameron Beaubier va retrouver le MotoAmerica, catégorie dont il est quintuple Champion. L'Américain fait le bilan de son épopée européenne, décevante mais à laquelle il ne pouvait pas renoncer.
Il y a deux ans, Cameron Beaubier s'est lancé dans un immense défi : revenir en Europe pour essayer d'y triompher alors que tout lui réussissait aux États-Unis. Le Californien était déjà passé par le Vieux Continent durant son adolescence, de la Rookies Cup jusqu'à la catégorie 125cc, avant de regagner son pays natal pour y gravir les échelons et finalement décrocher cinq titres en MotoAmerica en six saisons avec Yamaha.
Mais fin 2020, l'opportunité de rouler en Moto2 dans une équipe 100% US, American Racing, est née et Beaubier l'a saisie, avec l'espoir d'initier une nouvelle ère pour les pilotes américains en Championnat du monde. Deux ans plus tard, le bilan est bien maigre avec une 15e puis une 17e place au championnat et aucun podium. L'un des meilleurs souvenirs restera sa pole à Austin, où il avait gagné en MotoAmerica.
À 30 ans, le rêve de triompher au plus haut niveau mondial semble s'être envolé et Beaubier va ainsi retrouver le MotoAmerica en 2023, avec BMW. L'ancien homme fort de la catégorie a toujours été attiré par les compétitions basées en Europe, comme l'avait montré son apparition pour une course en WorldSBK en 2016, et il ne regrette pas d'avoir cédé aux sirènes du Moto2.
"En me penchant sur tout ce que j'ai fait ces dernières années et ce que j'ai traversé, ça a été incroyable", a confié Beaubier dans le podcast Greg's Garage. "On parlait toujours de mon arrivée en Europe et il n'y avait jamais la bonne opportunité. Et reconnaissons-le, je gagnais bien ma vie [en MotoAmerica], j'étais super proche des gars de Yamaha, ça se passait trop bien pour renoncer à ça en faveur d'une opportunité dont je n'étais pas certain en Europe. Mais après avoir réussi aux États-Unis, j'ai tout simplement foncé."
"J'étais prêt pour quelque chose de nouveau, quelque chose de frais, et je me disais que si je n'y allais pas, j'aurais toujours un 'et si ?' dans un coin de ma tête. Évidemment, je n'ai pas décroché les résultats que j'espérais. Après avoir vécu ce que j'ai vécu, quand on finit neuvième, on peut facilement se dire 'est-ce que je vais redevenir performant ?' parce que c'est dur d'expliquer à quel point le niveau est élevé et le fait que l'on se retrouve dans leur milieu, leurs circuits, leurs pays..."
Cameron Beaubier
Les différences de nature et d'approche de la compétition entre les États-Unis et l'Europe ont nécessité un travail d'adaptation très important pour Beaubier, qui a dû se couper des habitudes prises en baignant dans la culture américaine : "C'est ce qui est dur à comprendre pour les gens, à quel point c'est dur d'être performant, sans parler d'être devant. Je suis content d'avoir réussi à trouver ça. J'aurais aimé que les résultats soient meilleurs mais je suis content d'avoir pu être parmi les plus rapides dans les bons jours."
Des promesses trop rarement concrétisées
Cameron Beaubier a en effet montré des signes de son talent cette année. Il a pris la quatrième place au Mans, occupait la même position avant une chute sur ses terres au GP des Amériques, et s'est classé au septième rang à Phillip Island et à Sepang en fin de saison. Le potentiel pour faire mieux était bien là : "On n'a pas décroché les résultats que l'on voulait ou que l'on méritait. On a juste eu beaucoup, beaucoup de malchance, et j'ai fait beaucoup d'erreurs quand il y avait un déclic, quand ça fonctionnait bien."
"Dans les dernières courses, j'ai vraiment, vraiment compris des choses", a-t-il ajouté. "La saison a très bien débuté, j'étais très rapide et j'ai eu des chutes, j'ai perdu confiance. Dans cette catégorie, si on perd un tout petit peu de confiance, c'est trois dixièmes de seconde. On voit ce que ça fait dans le classement et si on se qualifie 17e ou 16e, on se complique vraiment la tâche pour la course avec tout le monde sur la même moto."
La nature des machines utilisées en Moto2, plus basiques sur le plan technique que les Superbikes auxquelles il étaient habituées, a également posé un défi pour Cameron Beaubier. Il estime que rejoindre le MotoGP aurait peut-être été plus simple pour lui après les habitudes prises sur sa Yamaha en MotoAmerica.
"Je pense que j'aurais mieux piloté une moto plus grosse avec mon style, [...] après m'être appuyé pendant des années sur l'électronique, l'antipatinage et l'anti-wheelie. C'est amusant de repasser sur une Moto2 et de ne rien avoir, tout se passe bien jusqu'à devoir trouver la dernière seconde sans pouvoir s'appuyer sur l'antipatinage ou des choses comme ça. C'est là que ça devient un peu dur."
Cameron Beaubier
Beaubier sera de retour en terrain conquis en 2023 en MotoAmerica et il a déjà pu découvrir sa BMW. Il a très rapidement retrouvé ses repères au guidon d'une moto plus naturelle à piloter et à comprendre pour lui : "C'était cool parce que je sens que je suis vraiment devenu un meilleur pilote en Moto2, avec tous ces gars, et en changeant un peu mon style. C'était bien de retrouver la Superbike, j'avais l'impression que la moitié du chemin était faite parce que ça se pilote différemment, ça fonctionne plus instantanément."
"Ces deux dernières années, il y a eu des moments de ma carrière en Moto2 où quand je demandais un changement, on le faisait, basé selon mon expérience avec la Yamaha", a ajouté Beaubier. "Je me disais 'si on fait ça, je pense que ça sera mieux' et soit on régressait, soit on se confrontait à un nouveau problème. C'était tout simplement rafraîchissant [de retrouver le MotoAmerica], de faire quelques changements qu'on imagine bons pour la BMW, et ils fonctionnaient vraiment."
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