Espargaró : Le rêve de titre "trop gros pour le moment"

Cela faisait plusieurs Grands Prix, déjà, qu'Aleix Espargaró croyait de moins en moins au titre, freiné dans sa quête par un enchaînement d'erreurs et une baisse de performance. Finalement exclu de la course au sacre en Malaisie, il oscille entre déception, tristesse et fierté pour le chemin parcouru.

Aleix Espargaro, Aprilia Racing Team

Photo de: MotoGP

Il est bien difficile de faire perdre la foi à Aleix Espargaró, et pourtant les dernières courses ont peu à peu érodé sa confiance, lui qui croyait si fermement dans ses chances de titre. Pour entretenir l'espoir, l'Espagnol a longtemps pu compter sur sa régularité (il n'a jamais manqué l'arrivée), mais aussi sur une bonne moyenne de résultats. Entré dans le cercle des vainqueurs en début de saison, il a bouclé les deux tiers des 15 premières courses dans le top 5 et a notamment pu s'offrir une série de quatre podiums consécutifs au printemps.

Depuis juin, cependant, il n'est monté qu'une seule fois sur la boîte. Et puis est arrivée la tournée outre-mer et, là, ses performances ont dégringolé et le titre s'est envolé. En quatre courses, Espargaró n'a empoché que 18 points, curieusement le même nombre que son coéquipier, Maverick Viñales. Non seulement, c'était insuffisant pour se mesurer aux autres candidats au titre, mais il a vu pas moins de 12 pilotes faire mieux que lui sur cette période.

Ayant bien senti le vent tourner, le pilote catalan avait déjà tendance à dresser le bilan de cette lutte à l'issue manquée durant le week-end de Sepang, bien qu'il ait conservé jusqu'à l'arrivée de la course une chance mathématique. "Pas au niveau" selon lui pour se battre pour le titre avec une moto qui a perdu de sa compétitivité, Aprilia a aussi commis "trop d'erreurs" et mis trop de temps à s'adapter à certaines pistes, particulièrement celles qui n'avaient plus été visitées depuis trois ans. Même à Sepang, où se sont déroulés des essais l'hiver dernier, il n'a pas retrouvé la vitesse sur laquelle il comptait. Seulement dixième en course, il a conclu le week-end en actant que c'était "un cauchemar de piloter cette moto", désormais mathématiquement exclu de la course au titre.

"Tout le monde fait des erreurs pendant une saison. Fabio [Quartararo] a fait des erreurs, Pecco [Bagnaia] en a fait plus. En fait, je suis celui qui en a fait le moins", observait le pilote espagnol après la course, ne cachant pas sa déception. "Plus que des erreurs, ce dont je suis vraiment triste, c'est de notre niveau lors des dernières courses. Pendant huit ou neuf mois de haute compétitivité, les erreurs sont possibles, ça fait partie du jeu. En fait, je suis le seul pilote à avoir fini toutes les courses. Au Japon, j'ai fini 16e, hors des points, à cause de notre problème technique mais sinon j'ai fini toutes les courses [dans les points]. Donc au final, je suis content de mes performances cette année mais le problème c'est la vitesse que l'on a eue dans les dernières courses."

Une saison malgré tout historique, qui fera date

Après s'être finalement incliné face à Pecco Bagnaia et Fabio Quartararo, Aleix Espargaró tâchera de conserver la troisième place du championnat à Valence. En dépit de sa déception, ce serait un dénouement exceptionnel pour lui, après une saison 2022 qui a semblé être un rêve éveillé alors qu'il aura dû attendre sa 18e saison en Grand Prix pour décrocher sa première victoire et jouer enfin aux avant-postes. À 33 ans, alors que sa carrière semblait déjà derrière lui, il peinait à croire que ce soit encore possible, pourtant ses efforts ont bel et bien fini par être récompensés.

Pleinement investi dans le projet d'Aprilia depuis 2017, il a porté le développement à bout de bras et a particulièrement souffert, aux côtés des ingénieurs, pour mener la RS-GP au sommet. Les signaux positifs se sont multipliés depuis 2020 et, en terminant au pied du podium à l'issue d'une course solide lors de l'épreuve inaugurale au Qatar, le pilote espagnol a confirmé le niveau affiché durant la pré-saison et des ambitions désormais revues à la hausse. Il n'a fallu attendre que deux Grands Prix de plus pour le voir tout rafler, en Argentine : la pole position, la victoire et la tête du championnat ! La machine Espargaró était lancée.

Race winner Aleix Espargaro, Aprilia Racing

Aleix Espargaró a remporté cette saison sa première victoire mondiale, après 18 ans en Grand Prix

En dépit d'une 11e place à Austin, il a ensuite enchaîné quatre podiums consécutifs, en plus d'une nouvelle pole à Barcelone. Sur ses terres, il commettait cependant une énorme erreur à l'entame du dernier tour en croyant avoir passé le drapeau à damier ; ralentissant pour saluer le public, il finissait par s'apercevoir de son étourderie et sauvait les meubles avec une cinquième position, dure à accepter cependant.

S'il a ensuite continué à afficher sa régularité avec trois top 4, deux sixièmes places et une neuvième position, le #41 n'a plus été en mesure de vraiment se battre aux avant-postes, alors que Pecco Bagnaia devenait redoutable. Son podium d'Aragón lui a encore permis de se rapprocher au championnat, mais la tournée outre-mer a ensuite sonné le glas de ses espoirs de titre.

Victime d'une erreur de cartographie commise par son équipe qui lui a valu une 17e place au Japon, il a perdu là-bas l'opportunité de tirer profit des difficultés de Quartararo et Bagnaia. En manque de performance par la suite, il est apparu à la peine en Thaïlande (13e), en Australie (neuvième) puis en Malaisie (dixième).

"Je suis très fier de ce qu'on a accompli", assurait-il néanmoins avant de quitter Sepang. "Maintenant, je suis triste parce que j'aurais aimé qu'on termine de la même façon que ce que l'on a fait pendant la majeure partie de la saison. Mais je suis heureux et fier d'où nous sommes arrivés. Le niveau atteint cette année a été incroyable donc j'espère le reproduire l'an prochain."

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Espargaró est en effet déjà tourné vers l'avenir et sa critique se veut constructive, car 2023 commence dans quelques jours à peine avec les premiers essais qui se dérouleront au surlendemain du dernier Grand Prix. "La moto est à un niveau complètement différent de toutes les autres versions de la RS-GP, cette moto est très compétitive, mais je sens que ce n'est pas assez pour se battre pour le titre", sentait-il à Sepang, néanmoins convaincu que cette expérience finirait par être payante.

"Aprilia a beaucoup appris cette année, sur comment gérer la pression d'être devant au championnat. Ils ont amené une moto super compétitive. Moi aussi j'ai beaucoup appris en tant que pilote, sur comment rouler avec la pression, comment me battre pour la victoire, pour des podiums, pour des pole positions. J'ai donc le sentiment que l'an prochain ne sera pas pareil, mais mieux encore. C'est sûr à 100%, par contre pour moi il est important d'être plus régulier."

"Ce qu'on a fait cette année est incroyable, c'est historique, ça restera pour toujours. Mais en même temps, la façon dont on termine la saison est un peu triste parce que si on avait réussi à maintenir notre niveau dans les quatre dernières courses, on serait arrivés à Valence en conservant quelques chances, mais on les a vraiment perdues. Le rêve semble avoir été trop gros pour nous, pour le moment. J'espère qu'on pourra en tirer les leçons et être mieux préparés à l'avenir."

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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