Márquez : Le titre on s'en souvient, pas le nombre de victoires

L.B., Cheste – Du haut de ses 24 ans, Marc Márquez aborde la finale du championnat en expert de la manière dont une course au titre se gagne, lui qui a parfois même vaincu après avoir fait durer la bagarre jusqu'à la dernière manche. En 2010, alors qu'il évoluait en 125cc, il avait su marquer les points qui lui manquaient face à Nico Terol pour coiffer sa première couronne. Trois ans plus tard, alors en MotoGP, il était sorti vainqueur de son duel contre Jorge Lorenzo en montant sur le podium de Valence.

À la tête de cinq titres mondiaux, dont trois en catégorie reine, le Catalan a toutes les cartes en main pour faire parler son expérience ce week-end et ainsi venir à bout d'un Andrea Dovizioso en position plus délicate. Pour autant, Márquez entend parfaitement le message que lui a fait passer son rival hier : il a tout à perdre en cas d'erreur.

"C'est évident, ce championnat je peux le perdre et il peut le gagner. Celui qui est devant de 21 points est celui qui doit gérer son avance et celui dont une erreur peut faire gagner l'autre. Dovi doit prendre des risques et il n'a qu'une stratégie : gagner la course et espérer. La chance que j'ai c'est que ça dépend de moi et, surtout, ce que je dois faire c'est finir la course", résume-t-il. "Tout peut arriver. Nous sommes dans un sport où beaucoup de choses ont une influence – la mécanique, les autres pilotes, une erreur humaine, il peut se passer beaucoup de choses. Et Dovi a démontré cette année qu'il pouvait gagner sur n'importe quel circuit."

"Je signerais pour arriver chaque année à la dernière course avec 21 points d'avance, c'est une très bonne marge. Mais il ne faut pas tomber dans l'erreur ou la tentation, parce que je parle aux gens et tout le monde le voit comme étant fait. Le sport et la vie sont très capricieux et tout peut arriver. Je ne peux ni me détendre ni baisser la tension ne serait-ce qu'un minimum. Il faut continuer comme jusqu'à présent", assure le pilote Repsol Honda, qui possède un solide palmarès à Valence où il n'a plus manqué le podium depuis 2012.

"La meilleure manière d'aborder le week-end c'est de le faire avec normalité, si tu changes quelque chose tu crées une situation qui est anormale. Il faut faire ce que l'on a toujours fait", poursuit Márquez, qui a tout de même pris des précautions depuis son retour de la tournée extra-européenne : "Cette semaine je n'ai touché à aucune moto parce que s'il m'était arrivé quelque chose, ils m'auraient tué !"

"C'est un week-end important, durant lequel que ça te plaise ou non tu sens que c'est spécial. Mais ça n'est pas la première fois que je suis dans cette situation et cela me permet d'être plus tranquille le jeudi", expliquait-il à son arrivée sur le circuit Ricardo Tormo hier. "Si tu es nerveux le premier jour, tu arrives le dimanche anesthésié, sans forces. Il faut qu'on aborde le week-end en étant fidèle à notre style, en cherchant la limite et une bonne mise au point."

La situation actuelle du championnat fait qu'Andrea Dovizioso pourrait, s'il s'imposait dimanche, compter plus de victoires que son adversaire sur l'ensemble de la saison et pourtant voir le titre lui échapper, Márquez ayant affiché durant l'année une moisson de points plus régulière. Mais il n'y a pas de quoi intimider l'Espagnol !

"Je suis conscient, et je l'ai appris au fil des années, qu'il est beaucoup plus important de gagner un championnat qu'une course. Si je gagne le championnat en ayant remporté six courses et que Dovi en a remporté sept, cela m'est totalement égal. D'ici un mois, personne ne s'en souviendra plus, à part les fans de moto. Le championnat on s'en souvient pour toujours."

Avec Germán Garcia Casanova