Rea - Difficile d'imaginer reproduire les succès de 2015

C'est ce qui attend Jonathan Rea cette année, lui qui aborde pour la première fois de sa carrière une saison avec le numéro 1 du Champion du monde en titre. C'est le résultat d'une campagne 2015 ultra dominatrice, qui l'a enfin récompensé pour sa ténacité et l'a consacré dans une discipline qu'il contribuait à animer depuis des années.

"De l'extérieur, la perception des gens a changé, mais j'ai le sentiment que la façon dont je me prépare avant la saison et mon mental sont restés inchangés - même si j'ai maintenant deux enfants, ce qui m'a aidé à équilibrer ma vie, je me mets moins la pression", explique le pilote nord-irlandais à Motorsport.com.

"Après avoir couru pour Honda, j'étais prêt à sauter sur la Kawasaki", nous raconte-t-il, lui qui a longtemps été fidèle à la marque aux ailes dorées avant de se trouver une nouvelle famille de compétition. "Avec la moto et l'équipe, le déclic s'est fait, tout simplement. Toutes les pièces du puzzle ont trouvé leur place et j'ai pu trouver de la régularité dans mon pilotage. Chaque week-end, on avait une moto qui fonctionnait dans une fenêtre assez large en comparaison des autres motos."

Quelle concurrence en 2016 ?

Vainqueur de quatorze des vingt-six courses disputées l'an dernier, Jonathan Rea n'a manqué le podium qu'à trois reprises, en toute fin de saison. "La saison dernière a été incroyable, c'est certain, il serait donc assez insensé de ma part de penser que l'on peut faire mieux cette saison, ni même l'égaler, parce que je n'ai abandonné qu'une seule fois, et ce dans la toute dernière course. Notre régularité et nos résultats ont été incroyables", constate le pilote Kawasaki, sacré avec 548 points.

"Je m'attends à ce que nos adversaires aient beaucoup appris de leur saison et à ce qu'ils soient beaucoup plus fort", prévient-il à quelques jours du coup d'envoi du nouveau championnat. "C'est avec ce sentiment que j'ai commencé l'hiver, pour régénérer ma motivation, revenir et essayer de conserver le numéro 1. Je respecte mon championnat et il sera encore plus dur. Savoir cela était une bonne manière de commencer l'hiver pour conserver ma motivation et revenir en force."

Les adversaires ne manqueront pas pour le Nord-irlandais, à commencer par celui qui prendra place chaque week-end de l'autre côté du stand Kawasaki. Un Tom Sykes bousculé au sein de son équipe l'an dernier, et plus que prêt à retrouver les avant-postes en capitalisant sur le travail abattu ces derniers mois.

"En travaillant aux côtés de Tom chez Kawasaki et en entendant ses commentaires, je vois qu'il est très heureux de la moto et il est plus en confiance que jamais", témoigne Rea. "Je m'attends à ce qu'il soit l'un des plus forts, avec Chaz Davies et beaucoup d'autres - il y a toujours quelqu'un que l'on n'attend pas et qui progresse. De nouveaux pilotes et de nouvelles équipes arrivent, c'est une période excitante pour le Superbike, mais Tom a vraiment été fort en essais et il est très à l'aise avec la moto. Ce sera un nouveau challenge pour moi, essayer de rester au sommet de la feuille des temps et du tableau des courses."

Quid de la concurrence externe ? Jonathan Rea l'appréhende de façon logique, en regardant d'abord du côté de chez Ducati, en progression notable l'an dernier.

"Si l'on veut être réalistes, il faut s'inspirer de l'expérience passée : à l'heure actuelle, Kawasaki et Ducati ont les deux packages les plus forts. Il y a quatre bons pilotes sur ces motos. À part moi, [il y a] donc trois autres pilotes au top : Giugliano, Chaz et Tom", analyse-t-il. "Yamaha est une inconnue parce qu'ils ont clairement un bon pedigree en Superbike au niveau national et en Endurance, sans compter qu'ils ont de bons pilotes sur cette moto. Je pense qu'il y a une réelle attente de les voir devant. Mais attendons de voir, parce que ce sera leur première année de retour en tant que constructeur."

Longtemps fidèle à Honda, Jonathan Rea observera également avec curiosité l'arrivée de Nicky Hayden au sein de son ancienne équipe, convaincu qu'il a le potentiel pour frapper fort d'entrée de jeu. "Quand j'ai fini de courir pour Honda, en 2014, on a remporté quelques courses. En tant que rookie, Van der Mark est souvent monté sur le podium en 2015. Quant à Nicky, il a vraiment un bon CV, il a tout vu, tout fait. Je m'attends donc vraiment à ce qu'il fasse encore mieux que Van der Mark l'an dernier pour sa première saison. Il devrait être capable de se battre pour le podium, voire même pour les victoires. On verra."

Premières réponses dès le week-end prochain avec les premières courses WSBK au programme samedi et dimanche, à Phillip Island.

Propos recueillis par Jamie Klein