Distance et inconfort : ce prix à payer pour revoir la F1

Ce week-end, le Grand Prix d'Autriche se déroule dans des circonstances anormales, en pleine pandémie de COVID-19. Cependant, les mesures strictes et les protocoles adoptés par la Formule 1 pour que l'épreuve puisse avoir lieu sont un prix qui vaut la peine d'être payé.

Lewis Hamilton, Mercedes-AMG Petronas F1, avec un ingénieur

Photo de: Steve Etherington / Motorsport Images

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"Penchez la tête, fermez les yeux et détendez-vous." C'est devenu la phrase sacrée pour chacune des 2000 personnes présentes ce week-end au Grand Prix d'Autriche, le défi le plus déplaisant des nouveaux protocoles liés au coronavirus ayant peut-être émergé. Le test par écouvillonnage dans le nez, qui est le plus efficace pour détecter la présence du coronavirus, est un passage obligatoire tous les cinq jours pour toute personne qui assistera aux Grands Prix. Demandez à quiconque l'a subi, il vous dira que ce n'est pas trop douloureux mais terriblement déplaisant. En termes simples, le personnel médical doit faire un prélèvement dans votre gorge et vos narines avec un écouvillon pour essayer de détecter des traces du virus. La vidéo postée sur Twitter mercredi par Sergio Pérez dit tout. 

Mais la période est inhabituelle pour la F1, et tout autour du Grand Prix d'Autriche est loin d'être normal. La distanciation physique, le port du masque, la constitution de bulles sociales et les mesures très strictes sont autant d'éléments nécessaires pour assurer le retour de la F1, 110 jours après l'annulation annoncée le vendredi matin à Melbourne. 

"Quand on arrive, surtout sur un circuit comme celui-ci, on est habitué à voir tous les fans avec les campings pleins, et ça paraît étrange, c'est différent", confiait vendredi matin le directeur de McLaren, Andras Seidl, peu de temps avant de voir les monoplaces prendre la piste pour la première séance officielle de la saison. "C'est pareil dans le paddock, avec toute la distanciation entre les équipes, il n'y a pas les interactions que l'on a habituellement avec les autres ainsi qu'avec vous [les médias]. On peut voir que tout le monde est prudent pour s'assurer de ne rien faire de mal par rapport aux procédures. Et puis on voit aussi tout le monde se promener avec des masques dans le paddock, même si nous nous y sommes tous habitués dans notre vie privée. C'est un peu bizarre."

Lewis Hamilton, Mercedes-AMG Petronas F1, talks to the media

À Melbourne, la F1 a semblé prise par surprise face à la progression rapide du coronavirus, et il était impossible de faire marcher arrière lorsqu'un membre de McLaren a été testé positif le jeudi soir. En revanche, en Autriche chaque éventualité semble envisagée. Toutes les personnes sur place ont dû présenter un test négatif au coronavirus 92 heures avant d'arriver dans le paddock, et doivent ensuite en subir un tous les cinq jours. Il n'y a pas de si ni de mais. Tous les tests sont compilés dans un système central et celui qui dépasse la période de cinq jours sans test constatera que son pass pour entrer dans le paddock est désactivé. 

La F1 est également très stricte sur le sujet des bulles sociales. La FIA a révélé qu'au total, les 2000 personnes présentes étaient réparties au sein de 57 bulles. Aucun de ces groupes ne doit se mélanger à un autre. Partout il y a des rappels pour dire aux gens de rester à deux mètres les uns des autres. Des points de lavage des mains sont installés à intervalles réguliers. La température de toute personne qui entre sur le circuit est contrôlée et les masques sont obligatoires sauf si vous êtes assis à un bureau. 

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Les médias n'ont pas accès au paddock et il n'y a aucun contact direct entre les journalistes et quiconque travaille ailleurs. La salle de presse compte seulement 20 journalistes, ainsi qu'un nombre similaire de photographes qui sont séparés entre ceux qui prennent des photos en piste et ceux qui sont confinés dans le paddock. Les deux groupes ne se mélangent pas. Les conférences de presse sont retransmises et les questions sont soumises en direct ou à l'avance par vidéo ou par email. 

Des bulles sociales ont également été créées au sein des équipes. Non seulement le personnel des équipes ne peut pas se mélanger avec celui d'autres écuries, mais il y a également des limites strictes entre les bulles formées en leur sein. Par exemple, ceux qui travaillent sur une voiture ne peuvent pas se mélanger avec ceux qui travaillent sur une autre. 

Car of Lando Norris, McLaren MCL35 being pushed by McLaren Mechanics

Tout est fait pour qu'en cas de détection du virus chez un membre d'une équipe, l'isolement puisse se faire afin de limiter les risques de contagion. Les villes aux alentours du Red Bull Ring semblent assez détendues sur la question du coronavirus : les masques y sont l'exception plutôt que la règle dans les magasins et les restaurants. La F1, elle, ne laisse rien au hasard. 

"L'Autriche est dans une situation plutôt bonne, mais si nous n'avions pas mis en place toutes ces procédures et que quelque chose de fâcheux venait à se produire, nous savons tous vers qui le doigt serait pointé, même si ce n'est pas directement", estime Michael Masi, directeur de course de la F1. "Pour moi il s'agit autant de protéger le championnat que la région, et de ne pas y avoir d'impact. Nous voulons montrer ce que nous pouvons faire en tant que Championnat du monde et premier sport majeur à voyager dans autant d'endroits et de pays. Mais nous devons également prendre en compte la situation dans chaque pays que nous souhaitons visiter. Nous voulons évoluer dans un environnement aussi sûr que possible : minimiser le risque, être aussi autonome que possible et minimiser l'incidence sur la région."

Il ne fait aucun doute que la F1 a travaillé d'arrache-pied pour être aussi résistante que possible face au virus et bien mieux préparée qu'elle ne l'était en Australie. À l'époque, personne ne pouvait prédire la rapidité avec laquelle les choses allaient s'aggraver dans le monde. "Si vous m'aviez dit, le mardi du Grand Prix d'Australie, que dix ou douze jours plus tard le monde allait être confiné et qu'il n'y aurait plus un avion pour voyager, je crois que nous nous serions tous regardés en se demandant ce qui se passait", ajoute Masi. 

Pour maintenir le cap et s'assurer de ne pas subir une nouvelle annulation de Grand Prix, les protocoles strictes mis en place en Autriche doivent perdurer à moyen terme. Selon la FIA, ces restrictions continueront ainsi au moins pour les huit premières épreuves du championnat. C'est une bonne nouvelle pour les fans et pour tous ceux qui veulent voir les courses avoir lieu, mais c'en est aussi une mauvaise car il faut continuer à subir ces tests avec un écouvillon dans le nez...

J'ai demandé à Masi si le personnel en F1 s'était plaint de ces tests répétés ou s'ils avaient fait la requête d'une approche différente. Il a reconnu qu'il ne s'agissait pas d'une méthode très populaire. "Les gens ont posé ces questions il y a environ huit semaines, quand tout le monde a commencé à faire des test nasaux dans les équipes", précise-t-il. "Mais le Professeur Saillant [président de la Commission médicale de la FIA] et le Professeur Éric Caumes [expert médical à la FIA] nous ont dit qu'il s'agissait du test le plus fiable pour le moment. Il y a évidemment d'autres méthodes de test, avec l'espoir d'avoir un test salivaire sur le circuit, mais le test PCR actuel est pour l'instant le plus fiable. Je crois que tous ceux qui ont subi le test PCR confirmeront que ce n'est pas ce qu'il y a de plus plaisant..."

Pour l'instant, cela signifie qu'il faudra encore pencher la tête en arrière, fermer les yeux et se détendre. Mais au milieu de tout ce qui s'est passé dans le monde, c'est un petit prix à payer pour retrouver le spectacle de la F1.

Romain Grosjean, Haas F1 Team VF-20

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