Masi : "L'impression d'être l'homme le plus détesté du monde"

Pour la première fois depuis l'annonce de son départ de la FIA, Michael Masi s'est exprimé plus en détails sur l'après Abu Dhabi 2021, révélant avoir reçu des "menaces de mort" et vécu des "jours sombres".

Michael Masi, Directeur de Course

Photo de: Zak Mauger / Motorsport Images

Directeur de course de la Formule 1 de 2019 à 2021, Michael Masi a été au centre de la polémique après le Grand Prix d'Abu Dhabi 2021 pour son rôle dans la série de décisions qui a déterminé, dans les derniers instants de l'épreuve, l'attribution du titre à Max Verstappen aux dépens de Lewis Hamilton

Dans un rapport rendu en mars dernier, alors que Masi avait déjà été remplacé à son poste par un duo composé d'Eduardo Freitas et Niels Wittich, la FIA a reconnu que si la direction de course avait "agi de bonne foi", des erreurs avaient été commises, notamment en ce qui concerne l'application des règles sur le retour dans le tour du leader des retardataires ou encore le fait de faire reprendre la course pour ce dernier tour.

Dans l'intervalle, les passions d'une saison faite de controverses se sont déchainées et Masi a été pris en grippe par une partie du public. Au point de le voir lui et même sa famille faire l'objet de menaces. "Il y a eu des jours sombres", a déclaré Masi pour le Daily Telegraph australien. "Et absolument, j'avais l'impression d'être l'homme le plus détesté du monde. J'ai reçu des menaces de mort. Les gens disaient qu'ils allaient s'en prendre à moi et à ma famille. Je me souviens encore avoir marché dans la rue à Londres un ou deux jours plus tard. Je pensais que j'allais bien jusqu'à ce que je commence à regarder par-dessus mon épaule. Je regardais les gens en me demandant s'ils allaient s'en prendre à moi."

"Heureusement, je n'ai pas de compte Instagram", a-t-il ajouté. "Ou Twitter. Je n'ai rien de tout cela. Étant de la vieille école, j'ai cependant Facebook, que j'utilisais pour rester en contact avec ma famille et mes amis. J'ai ouvert mes messages ce soir-là pour prendre de leurs nouvelles. Je n'avais aucune idée que je pouvais en recevoir de personnes que je ne connaissais pas. Mais je me trompais. J'ai été confronté à des centaines de messages. Je ne dirais pas des milliers mais certainement des centaines."

"Et ils étaient choquants. Racistes, injurieux, ignobles, ils me traitaient de tous les noms. Et il y avait des menaces de mort. Des gens disaient qu'ils allaient s'en prendre à moi et à ma famille. Et ils ont continué à affluer. Pas seulement sur mon compte Facebook, mais aussi sur mon compte LinkedIn, qui est censé être une plateforme professionnelle pour les affaires. C'était le même type d'abus."

Michael Masi

Michael Masi

S'il a tenté de s'en protéger, il n'est pas parvenu à en réduire l'impact sur sa vie de tous les jours : "Au début, je pensais simplement les ignorer et passer à autre chose, car je savais que cela pouvait m'emmener dans une situation très sombre J'ai essayé de me couper mentalement, et je pensais que j'y arriverais. J'ai gardé tout cela pour moi. Je l'ai dit à quelques personnes mais pas à beaucoup. Je ne voulais pas inquiéter ma famille et mes amis. Je ne voulais pas qu'ils s'inquiètent aussi. La FIA était au courant mais je pense que j'ai minimisé tout cela auprès de tout le monde, y compris auprès d'eux."

"Je ne voulais parler à personne. Pas même à la famille et aux amis. Je n'ai parlé qu'à ma famille proche – mais très brièvement. J'ai également perdu l'appétit. J'ai entendu dire que certaines personnes deviennent des mangeurs compulsifs dans des moments comme celui-ci, mais je n'ai pas beaucoup mangé. Cela a eu un impact physique, mais c'était plus mental. Je voulais juste être dans une bulle. Je n'avais aucune envie de leur parler. Je voulais juste être seul, ce qui était très difficile."

Dans les semaines qui ont suivi Abu Dhabi, Masi est revenu au travail auprès de la FIA, mais cela n'a pas duré et il a rapidement été écarté de toute responsabilité par la nouvelle direction de la fédération. "Il m'a fallu un certain temps pour digérer tout cela, mais en fin de compte, j'ai pensé qu'il était préférable pour moi de rentrer à la maison et de me rapprocher de mon réseau de soutien."

"Je ne suis pas allé parler à un professionnel [de la santé mentale]. Avec le recul, j'aurais probablement dû le faire. J'aurais dû aller parler à quelqu'un qui soit un professionnel. Mais cela dit, j'avais des gens extraordinaires autour de moi qui voyaient [ce que je vivais] et qui me suivaient quotidiennement. J'ai eu beaucoup de chance d'avoir ce réseau de soutien."

En raison d'un accord de confidentialité, Michael Masi est tenu de ne pas parler du GP d'Abu Dhabi mais compte bien se servir de son expérience et de cet épisode pour son avenir : "Toute cette expérience a fait de moi une personne beaucoup plus forte. Je viens de faire la plus longue pause de ma carrière professionnelle et j'en ai profité pour renouer avec ma famille et mes amis. J'ai également fait tout cet entretien personnel que l'on peut négliger lorsqu'on est dans la galère. J'envisage un certain nombre de projets différents, tant au niveau national qu'international. J'ai l'intention de me baser en dehors de l'Australie et d'utiliser toutes les compétences que j'ai acquises au cours de ce qui a été une aventure incroyable jusqu'à présent et dont je suis extrêmement fier et reconnaissant."

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