Un virage 3 mieux protégé mais toujours dangereux selon les pilotes

Si la sensibilité des uns et des autres permet de nuancer les propos, nombreux sont les pilotes MotoGP a faire le même constat sur le Red Bull Ring en évoquant un virage 3 qui n'est pas "sûr".

Les travaux au virage 3 du Red Bull Ring

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Quelques jours après l'effroyable accident entre Johann Zarco et Franco Morbidelli à Spielberg, le paddock MotoGP est toujours sur le Red Bull Ring et s'apprête à y disputer un deuxième Grand Prix consécutif. Dans ces circonstances, les questions de sécurité sont évidemment au cœur des conversations avec pour leitmotiv l'agencement de la piste autour du virage 3. C'est cet endroit et la manière dont il est abordé – via une ligne droite légèrement cassée par une courbe à gauche mais qui se passe à fond – qui est au centre des préoccupations des pilotes.

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Dans un souci d'amélioration de la situation, le MotoGP a réagi en modifiant la zone où la moto de Zarco était allée s'écraser, prolongeant tant que possible la clôture métallique située à l'intérieur du virage 3 afin d'y apposer un airfence plus conséquent. Si cette modification est saluée car allant dans le bon sens, elle est toutefois jugée insuffisante par Cal Crutchlow, parmi les plus vindicatifs sur le sujet, et de longue date.

"Je pense toujours que le virage n'est pas sûr", estime aujourd'hui le pilote britannique. "Si c'est ce que vous me demandez, vous savez, le virage n'a pas changé. Ce qui a changé, c'est que lorsque l'on aborde les virages 2 et 3 il y a la barrière sur la droite. Ils l'ont prolongée un peu pour mettre un airfence devant. Je suis allé sur la piste aujourd'hui, j'ai pris mon vélo pour voir ce que ça donnait. Ça bloque un peu la vue dans la dernière partie du virage mais c'est plus sûr que ce que nous avions le week-end dernier, dans la mesure où il y a une prolongation de la barrière là où il n'y en avait pas, autant qu'ils l'ont pu et de la manière la plus sûre possible. Mais je crois toujours qu'il faut changer le virage. Ils ne vont pas le faire en une semaine."

Crutchlow est convaincu que seul un changement radical du tracé dans cette zone pourrait permettre de la sécuriser de manière appropriée. En revanche, il alerte sur le fait que de telles modifications ne peuvent pas se faire sans avoir une réflexion plus globale et sans prendre en compte la portion suivante.

"Je pense qu'une épingle serait encore pire, franchement, car on passe dans le virage 2 avec de l'angle", prévient-il devant les solutions qui pourraient être imaginées. "Je pense que nous devons ralentir le virage plus tôt, faire quelque chose de différent, mais l'une des clés ici c'est que nous ne pouvons pas rendre la sortie plus rapide. Car le virage 4 est l'endroit où nous avons tous des problèmes de freins, où la chaleur des freins est un problème. Il y a une descente assez raide. Nous ne voulons pas aller plus vite qu'actuellement. Nous sommes absolument à la limite pour nous arrêter, et avec les températures des freins, les pneus, les motos et les pilotes étaient à la limite. Nous ne voulons pas repousser davantage la limite juste à cause du virage 3."

"C'est vraiment un sujet difficile et je suis certain qu'il sera discuté. Je pense que Loris [Capirossi, délégué de la Dorna au sein de la direction de course] et tout le monde le comprend, mais ce n'est pas aussi facile à faire qu'à dire. Je pense qu'ils doivent aussi étudier les conséquences pour le virage 4. Et naturellement, ce ne sont pas les seuls à prendre la décision."

Les virages 2 et 3 : "la pire portion"

Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing

Se montrant davantage nuancé sur le sujet le week-end dernier, Andrea Dovizioso l'est toujours quelques jours plus tard. Néanmoins, le pilote italien, qui s'est imposé lors du Grand Prix d'Autriche, est le premier à reconnaître lui aussi que la configuration actuelle n'est pas sûre. Tout en faisant preuve d'un brin de fatalisme.

"Si l'on regarde les virages 2 et 3, ils sont un peu plus dangereux que [les virages de] la plupart des pistes de notre championnat, parce que s'il se passe quelque chose on peut foncer dans les autres pilotes", admet le pilote Ducati. "Ça n'est pas génial, mais il est difficile de faire en sorte que toutes les pistes soient parfaites en termes de sécurité. Et puis c'est même sympa pour piloter. Mais il est clair que ça n'est pas très sûr. Je crois qu'ils ont apporté un changement important en termes de sécurité pour ce week-end, ils ont changé le mur et ce sera plus sûr."

L'unanimité sur la dangerosité du Red Bull Ring pour les pilotes du MotoGP paraît acquise. Valentino Rossi, lui, parle d'une piste "un peu dangereuse""les vitesses sont toujours très élevées". Mais là encore, l'attention se cristallise sur la portion où a eu lieu l'accident dimanche dernier.

"La pire portion est celle des virages 2 et 3, ce qui est dommage car c'est une super portion, elle me plaît beaucoup car elle est très technique, avec un très gros freinage et un changement de direction, mais elle peut se révéler très dangereuse", insiste Rossi. "D'un côté, ils ont étendu les protections en haut et c'est bien pour la sécurité. Par exemple, cette protection a été très importante pour la moto de Zarco, mais par contre pas pour celle de Morbidelli, qui est restée plus ou moins sur le bitume [et qui a glissé sur l'herbe, ndlr]. Peut-être qu'il faudrait modifier le tracé, mais c'est toujours très difficile. Sincèrement, je ne sais pas comment on pourrait l'améliorer. On en parlera à la Commission de sécurité."

Ce sentiment général est partagé par Aleix Espargaró, qui s'il reconnaît ne pas encore être allé voir de près la modification apportée au virage 3, estime que l'endroit "n'est pas assez sûr pour le MotoGP". En revanche, le pilote Aprilia met dans la balance le fait que tous les pilotes qui connaissent le Red Bull Ring en ont conscience, estimant ainsi que la manœuvre de Zarco le week-end dernier était à cet égard "irresponsable".

"Ça n'est pas nouveau, on le sait", martèle l'Espagnol. "Tout le monde en MotoGP a déjà roulé dans ce virage, à l'exception [des rookies], alors quand on sait ça il faut faire un peu plus attention et avoir un peu plus de respect pour les autres pilotes. Quand on analyse la chute depuis la caméra embarquée des pilotes qui se trouvaient derrière, on peut voir que Zarco a passé Morbidelli et qu'il a beaucoup ouvert la ligne : quand on fait ça c'est pour se protéger, pour éviter que l'autre pilote nous repasse au freinage suivant, or je pense que ce sont des choses qu'on ne peut pas faire à plus de 300 km/h. Tout le monde a beaucoup blâmé Zarco après l'accident parce que les conséquences auraient pu être très dures, mais même en oubliant ça l'action en elle-même a été, pour moi, irresponsable." 

Avec Léna Buffa

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