Espargaró : Ponsson ? "Il a réalisé son rêve, ce n'est pas de sa faute"

Au cœur des discussions pendant le week-end de Misano, Christophe Ponsson a trouvé du soutien, notamment grâce à la progression constante de ses performances et à son attitude.

Christophe Ponsson, Avintia Racing

Christophe Ponsson, Avintia Racing

Gold and Goose / Motorsport Images

Le Grand Prix de Saint-Marin aura été rythmé par plusieurs polémiques, à commencer par le serrage de main que Valentino Rossi a refusé à Marc Márquez, jusqu'à la manœuvre insensée de Romano Fenati sur Stefano Manzi en course Moto2. Entre ces deux événements, le sujet qui a alimenté bien des discussions hors-piste était la présence de Christophe Ponsson dans le peloton MotoGP.

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Appelé en renfort par Avintia pour palier à l'absence d'un Tito Rabat blessé, alors qu'il n'avait jamais piloté de MotoGP au préalable, le remplaçant est devenu "le Français dont tout le monde parle". Or, les critiques qu'il a pu entendre ont semblé injustes à Xavier Siméon, son voisin de garage, surtout au vu des performances finalement réalisées par le numéro 23.

"Je pense qu'il a fait du super boulot ce week-end", assure le Belge auprès de Motorsport.com. "C'est sûr, il a commencé avec des chronos assez loin, mais une MotoGP c'est très difficile et celle-là, par expérience, je sais que ça n'est pas la plus facile. Il a progressé à toutes les séances et finalement il s'est retrouvé à 4"5, ce qui est loin d'être ridicule. Il n'y a que 24 motos en piste, donc les pilotes se plaignent, mais à l'époque des CRT il y avait aussi des motos qui étaient à cinq secondes et à ce moment-là ils ne se plaignaient pas. Je pense donc que la critique n'est pas justifiée."

Christophe Ponsson, Avintia Racing
Christophe Ponsson, Avintia Racing

Si certains ont eu des mots durs à l'égard de Ponsson, ce sont globalement plutôt son équipe et les instances qui ont été pointées du doigt pour avoir permis sa participation malgré son inexpérience de ces machines. Parmi les plus virulents avant l'entame du week-end, Aleix Espargaró a ainsi fait partie de ceux qui ont salué la performance du Français, jamais parti à la faute et auteur d'une progression notable du début à la fin du week-end alors qu'il se trouvait en dehors de la limite des 107% vendredi matin.

"Je me sens vraiment mal pour lui, car c'est juste un jeune et ce n'est pas de sa faute. Il a beaucoup de pression car tout le monde parle de lui", souligne le pilote espagnol, compréhensif. "Si l'on prend Jorge Martín, qui est un très bon pilote, et qu'on le met sur une MotoGP à Valence, il ne sera peut-être pas plus fort que Ponsson. Le MotoGP est très exigeant et l'on ne peut pas prendre un gars du championnat espagnol et le mettre en MotoGP avec les meilleurs pilotes et les meilleures motos au monde."

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Comme il fallait s'y attendre, le sujet a été abordé vendredi en Commission de sécurité. "Certains pilotes étaient très agressifs et ce qu'on a essayé de dire avec d'autres, c'est que ce n'est pas vraiment de sa faute : c'est le rêve de tout le monde. Si on me donne une Ferrari pour la prochaine course en Formule 1, bien entendu que je vais dire oui !" pointe Espargaró. "Il a progressé séance après séance, mais quand on dit qu'il s'agit du meilleur championnat du monde, on ne le dit pas pour le plaisir : les pilotes et les motos sont super rapides et c'est très difficile pour lui. Il faut qu'il soit heureux : il a réalisé son rêve, ce n'est pas de sa faute."

Pour le pilote Aprilia, il est évident que la responsabilité revient au fonctionnement même du championnat, qui révèle là une faille. Or il ne s'agit pas d'une première, si l'on se souvient du cas de Javier Del Amor, à qui la même équipe Avintia avait proposé le remplacement de Hiroshi Aoyama à partir des EL4 du GP de Catalogne en 2013, là aussi sans expérience précédente, ou plus récemment de Mike Jones, qui a disputé deux Grands Prix en 2016, toujours avec la même équipe, alors qu'il venait du championnat australien.

"Ce n'est pas de sa faute, c'est celle de l'équipe, de l'organisation. Je pense qu'ils réalisent qu'ils ont fait une erreur et il s'agira de la dernière fois", juge Aleix Espargaró. "Le championnat doit être plus fort. Nous devons créer quelque chose comme une Super Licence. Il faudrait aussi qu'il soit totalement interdit que la première fois que quelqu'un teste une MotoGP soit en week-end de course."

De la même façon, Hervé Poncharal a tenu à saluer l'attitude du jeune Français, bien qu'il admette avoir été tout autant surpris que les pilotes par ce choix.

"Lui, on lui a proposé cette opportunité et il l'a acceptée, mais quand j'ai vu ça, honnêtement, je n'ai pas compris. Je me suis dit que c'était dangereux en premier lieu pour lui, parce que ces machines sont des armes. Tu sautes sur une machine comme ça sans essais, sur un circuit qui est difficile pour le MotoGP, parce qu'il est petit, tu roules avec une machine qui est un proto, avec des pneus Michelin qui sont spécifiques, avec des freins carbone… C'est vraiment compliqué", commente le patron de Tech3 pour Motorsport.com.

"Donc je n'ai pas tellement compris, par contre il s'en est super bien tiré – et c'est ce que je lui ai dit sur la grille quand je l'ai rencontré pour la première fois. Je veux lui donner crédit, parce qu'il n'a pas fait de chute, ce qui n'était pas évident, il a progressé à chaque séance et à chaque tour comme il faut. Au final, il a fait un super job et il s'est très bien comporté pendant les essais et la course pour ne gêner personne tout en apprenant."

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Lui-même directeur d'une équipe satellite, Hervé Poncharal sait mieux que personne quelles peuvent être les difficultés d'une structure comme celle-ci lorsqu'elle doit faire face à l'absence de l'un de ses titulaires, sans pilotes d'essais sous la main et alors que le règlement oblige à remplacer tout absent sous dix jours.

"C'est la problématique de devoir remplacer. Trouver un pilote qui a le niveau, qui a l'expérience de ces machines, le faire rouler sans une seule séance d'essais avant, ça devient de plus en plus compliqué, or on sait qu'on doit remplacer [le pilote blessé]. C'est pour ça aussi que ça a été compliqué pour KTM et qu'ils ont eu la chance de pouvoir trouver Loris Baz", rappelle Poncharal, en référence au GP de Grande-Bretagne.

"Les usines ont des avantages, elles ont des pilotes d'essais, elles peuvent éventuellement faire pression sur leurs équipes satellites pour qu'elles leur laissent prendre [leurs pilotes]. Mais pour nous, équipes satellites et indépendantes, c'est très, très compliqué", poursuit-il. "Je ne veux pas blâmer qui que ce soit. C'est trop facile de faire le professeur, de critiquer et de donner des bons et des mauvais points quand on est assis tranquillement dans son bureau. J'ai eu à faire face à ce genre de situations, ça n'a pas été facile."

Avec Guillaume Navarro

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