Les exploits de Montoya : l'ascension vers la F1

Rares sont les pilotes modernes qui ont triomphé dans autant de compétitions que Juan Pablo Montoya, victorieux de sept Grands Prix, triomphant à deux reprises aux 500 Miles d'Indianapolis et même trois fois aux 24 Heures de Daytona, sans oublier la NASCAR et les 24 Heures du Mans. Le Colombien revient sur ces grands succès, à commencer par ceux de son ascension vers la Formule 1.

Juan Pablo Montoya, Chip Ganassi Racing

Juan Pablo Montoya, Chip Ganassi Racing

LAT Images

F3000 - Victoire au Grand Prix de Pau 1998

Montoya had dominated at Pau in 1997, but did so again in even more remarkable fashion the following year

Sur ce légendaire circuit urbain, Montoya a profité d'un accident qui a bloqué la piste derrière lui pour prendre un tour au peloton entier. C'était sa victoire la plus convaincante lors d'une saison 1998 où il a battu Nick Heidfeld pour le titre.

"J'ai battu tout le monde avec beaucoup d'avance là-bas ! 1997 avait été une très bonne année car j'étais en pole avec quatre dixièmes de marge et j'avais gagné avec près de 40 secondes d'avance. En 1998, ce qui était cool, c'est que j'étais en pole avec quatre dixièmes de marge, mais je me disais qu'ils risquaient de me battre, donc vers la fin j'ai tout donné, je suis arrivé à la chicane et j'ai détruit la voiture. J'ai carrément troué le châssis, les mécanos ont fait nuit blanche. Remporter la course pour les mécanos qui n'ont pas dormi de la nuit, c'était vraiment génial. Et prendre un tour à tout le peloton, c'était très cool !"

"Je crois que j'ai pris 15 ou 20 secondes d'avance d'emblée quand il y a eu le carambolage derrière moi, mais j'étais suffisamment rapide pour rattraper tout le monde. Mon ingénieur était vraiment inquiet, parce que je prenais une seconde au tour à ceux qui se battaient pour la deuxième place. Et quand je les ai vus dans la ligne droite devant moi, j'étais encore plus excité et je me suis mis à aller encore plus vite ! Mon ingénieur m'a dit à la radio : 'Hey, hey, hey, pas besoin de leur prendre un tour, ne gâche pas la victoire !'. J'ai donc levé le pied, mais je les ai quand même rattrapés et doublés."

F1 - Premier moulage de baquet chez Williams

Montoya, together with Wilson (pictured in car) formed the Williams testing lineup for 1998

Après une première saison de F3000 solide en 1997, Montoya s'est montré performant lors d'une évaluation avec Williams au Circuit de Catalunya, ce qui lui a permis de signer comme pilote d'essais pour 1998. Il allait lui falloir attendre jusqu'à 2001 pour être titulaire.

"C'était vraiment particulier. C'était mon premier moulage de baquet en F1, et ce qui était fou, c'est que j'ai des très grosses cuisses et James Robinson [ingénieur, ndlr] était là, je suis monté dans la voiture, il m'a demandé si j'étais bien installé, et mes jambes étaient hyper serrées. J'ai demandé : 'Pas moyen d'avoir un peu plus de place ici ?', et il a répondu : 'Impossible, sinon tu ne pourras pas tourner le volant', alors je me suis dit : 'Bon, ça va aller !'. La voiture était aussi petite que possible, et mes jambes étaient l'opposé de celles de Jacques [Villeneuve] !"

"J'étais comparé à Nicolas Minassian, Soheil Ayari et Max Wilson. Ils nous ont donné 20 tours chaque jour et c'était vraiment cool. Ce qu'ils ont aussi fait, c'est un examen écrit, et je l'ai complètement raté, car c'était la F1 et je ne voulais poser aucune question. Ils ont demandé quelles pressions de pneus nous utilisions, et je n'en savais rien. C'était nul. Mais la dernière tâche, c'était des pneus neufs et un réservoir quasi vide. Et je suis allé vraiment, vraiment vite. Cela a résolu tout problème (rires) et j'ai été embauché comme pilote d'essais."

"J'étais véritablement déçu par la puissance. Je me suis dit, 'C'est tout ?' : c'était rapide, ne vous méprenez pas, mais je pensais que ça allait m'arracher la tête. Cela dit, quand j'ai freiné et tourné, ça m'a arraché la tête, oui. Dans le tour en pneus neufs – c'était le vrai Barcelone à l'époque, avec les deux virages à droite rapides à la fin – et dans le dernier virage j'ai tourné en accélérant à fond, et ma tête s'est complètement détournée de là où j'allais. J'ai continué de tourner, avec ma tête tassée vers la gauche, jusqu'à pouvoir voir le vibreur, puis j'ai redressé le volant et j'ai fini le tour. J'étais à fond, mais c'était trop marrant !"

CART - Champion en 1999

Up against Franchitti in his rookie year, Montoya showed searing pace but also a propensity for incident which kept his Scottish rival in the hunt

Sans baquet chez Williams, Montoya a retraversé l'Atlantique en 1999 pour remplacer Alessandro Zanardi chez Chip Ganassi Racing, l'écurie championne en titre. Il a fait forte impression d'emblée et a été sacré au nombre de victoires après avoir maqué autant de points que Dario Franchitti.

"Venir en IndyCar... Avec Williams, je pensais avoir fait tout le nécessaire pour avoir le volant en F1 : j'avais remporté le titre de F3000, j'étais aussi rapide que les pilotes titulaires en essais. Et Frank m'a dit : 'Désolé, on va prendre quelqu'un d'autre'. Puis il a ajouté : 'C'est Alex Zanardi. Il vient faire des essais, on veut que tu l'aides'. J'ai répondu quelque chose comme : 'Va te faire voir, tu l'as choisi et pas moi, il sait ce qu'il fait, je ne veux pas venir'. Oh, Frank était en rogne. Ils m'ont forcé à aller aux essais. Mais c'est dur d'être méchant avec Zanardi parce que c'est un mec hyper sympa !"

"Chip Ganassi et Morris Nunn [ingénieur, ndlr] sont venus aux essais pour voir Alex. À la fin de la première journée, Chip voulait m'inviter à dîner. Je l'ai retrouvé à sept heures, et il avait un contrat en main. 'Est-ce que tu veux venir courir pour moi en CART ?' – je me suis dit : 'La F1 n'est plus possible, et je peux piloter une IndyCar championne', et il disait : 'Voici le contrat, voici ce que je vais te payer', alors j'ai répondu OK ! Je ne voulais pas rester pilote d'essais, il fallait que je coure."

"J'ai déménagé en Amérique et j'ai fait ma carrière. Il fallait juste que je batte deux gars. Il y avait Dario : quand je suis venu en Europe avec Paul Stewart Racing, Graham Taylor, qui était team manager de l'écurie en Formula Vauxhall, voyait Dario comme un dieu. Puis, quand j'ai remplacé Jan Magnussen en DTM après qu'il s'est cassé la jambe, Dario était le plus rapide chez Mercedes. Je me rappelle la course à Silverstone, il m'a heurté à la sortie du premier virage. Puis nous avons passé Becketts et tout cet enchaînement roue contre roue. Des morceaux de carbone volaient partout ! Je me suis super bien amusé. C'était amical, mais c'était toujours Dario !"

"Puis il y avait Hélio [Castroneves], qui était en F3 avec Paul Stewart Racing quand j'étais en Vauxhall. Il se considérait comme un professionnel et me voyait comme un amateur. Alors quand je suis arrivé en IndyCar, je voulais ardemment leur montrer ce dont j'étais capable et les battre ! Ils m'ont donné les munitions, et c'est moi qui avais la plus grosse arme. J'ai gagné cette course, et nous en avons gâché quelques-unes. J'ai commis beaucoup d'erreurs mais j'ai finalement remporté le championnat, à égalité avec Dario mais avec plus de victoires. C'était cool, c'était une année fun. Je croyais en avoir fini avec la F1."

IRL - Victoire aux 500 Miles d'Indianapolis 2000

Montoya led 167 of 200 laps to win at the iconic Brickyard by over seven seconds

À l'apogée de la rivalité entre CART et IRL, Ganassi est la première écurie à avoir rompu les rangs et à avoir disputé l'Indy 500, organisé par l'IRL. Pour sa première fois au Brickyard, Montoya a largement dominé pour devenir le premier rookie à s'y imposer depuis Graham Hill en 1966.

"En CART, nous sommes passés de Reynard et Honda en 1999, avec le titre à la clé, à Lola et Toyota. J'ai mené plus de courses en 2000 qu'en 1999, mais je n'en ai gagné que trois ! Alors quand ils ont dit que nous allions disputer les 500 Miles aussi, j'ai répondu : 'Je ne veux pas le faire, ça va nous distraire du championnat'. Nous sommes allés directement du Japon à Indy, mais au quatrième tour j'étais déjà à fond et j'allais si vite qu'ils ont dit que je n'avais pas besoin de faire le rookie test ! Je ne l'ai jamais fait ! C'était une question d'ego avec les deux championnats, mais à l'époque je n'ai jamais compris l'envergure que ça prenait, je voulais juste botter le cul à tout le monde en IRL."

"J'étais vraiment énervé qu'on ait raté la pole. Chip voulait que nous nous concentrions sur la course. Greg Ray a fait trois runs et nous a finalement battus. Au départ, tout le monde croyait que j'allais prendre l'extérieur au virage 1, mais j'ai levé le pied, et il est allé jusqu'au mur ! Il était prêt à finir juste là ! J'ai commis une erreur stupide, je me battais contre lui dans le trafic, nous étions à trois de front et j'ai dû freiner alors que j'étais à l'intérieur. J'aurais pu jeter la course par la fenêtre à ce moment-là."

"Tout le monde pensait que je ne respectais pas cet endroit, certains le pensent toujours, mais... Tout le monde m'a dit que la piste aurait l'air plus étroite avec tous les fans, c'est pourquoi j'ai levé le pied au premier virage. Mais quand j'y suis arrivé, devinez quoi ? C'était le même circuit ! J'y suis allé, j'ai piloté la voiture, et ça ne s'est pas mal passé."

F1 - Débuts avec Williams en 2001

In just his third Grand Prix, Montoya took Michael Schumacher by surprise and seized the lead with an aggressive restart in Brazil

Des débuts en F1 très attendus sont finalement arrivées en 2001, Montoya remplaçant Jenson Button chez Williams. Il s'est illustré au Brésil avec un dépassement péremptoire sur Michael Schumacher pour la tête de la course, et semblait bien parti pour remporter la victoire avant d'être percuté par le retardataire Jos Verstappen.

"C'était vraiment bizarre. C'était l'été après que j'ai gagné à Indy, je tournais une pub pour un sponsor en Colombie, et le téléphone a sonné. 'Bonjour Juan, c'est Frank. Tu aimerais courir en F1 pour moi ?' J'ai répondu : 'J'ai un contrat de trois ans ici, donc je ne peux pas'. Il a rétorqué : 'Mais est-ce que tu en as envie ?', j'ai répondu : 'Ouais, j'adorerais', et il m'a dit : 'OK, je vais m'en occuper'. C'était aussi simple que ça : un coup de fil."

"C'était la troisième course, au Brésil. J'étais derrière Michael, et il y a eu une voiture de sécurité. Cela faisait deux ans que je doublais au restart et je me suis dit que j'avais une très bonne chance à ce moment-là. Quand nous avons commencé à accélérer, j'ai entendu le bruit monumental de sa voiture, et moi j'avais du patinage ! Ils avaient sûrement quelque chose que nous n'avions pas – vous connaissez les failles dans le règlement F1 – et j'étais vraiment énervé."

"J'ai pris son aspiration et je me suis dit 'freine tôt s'il te plaît, freine tôt s'il te plaît', et je pense que parce que l'écart était suffisamment grand il s'est dit qu'il pouvait freiner tôt. Et j'y suis allé, j'ai tout donné. Ce qui m'a surpris, c'est que quand je suis passé sur la bosse, la voiture est devenue incontrôlable. J'ai cru que j'allais le percuter et sortir dans l'herbe avec lui ! Mais je suis parvenu à ralentir la voiture sans passer dans l'herbe... C'était vraiment cool !"

"Je n'allais pas lui laisser un centimètre. Les pilotes respectaient énormément Michael, mais personne ne se battait contre lui. Quand il était derrière, les pilotes s'écartaient pour le laisser passer. Ça me rendait fou. Alors à chaque opportunité que j'avais, j'y allais. Ça ne me dérangeait pas d'avoir un accident ! Mais c'est pour ça que ça marchait. Il savait que j'étais prêt à aller si loin, et je pense que lui aussi. Si nous en discutions aujourd'hui, ça ne le ferait pas rire, mais il n'y avait pas de mauvaise intention, pas d'envie d'être méchant."

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