Analyse

Bilan 2021 - Lewis Hamilton, dénouement injuste pour saison imparfaite

Lewis Hamilton n'a sans doute pas produit sa plus grande saison en F1, mais le Britannique avait la dynamique en sa faveur au meilleur des moments. Cela n'a pas suffi, pour des raisons hors de son contrôle.

Bilan de saison 2021 de Lewis Hamilton

Bilans Saison 2021

Motorsport.com dresse le bilan de la saison 2021 de Formule 1, pilote par pilote.

Ces bilans 2021 sont aussi l'occasion pour vous de noter chaque pilote, grâce au module situé au bas de cet article.

Difficile de résumer la saison 2021 de Lewis Hamilton sans d'abord parler de ses derniers tours. Au bout du compte, et même si nous reviendrons sur le reste plus loin, rien n'était plus entre les mains du Britannique à partir du 53e tour du Grand Prix d'Abu Dhabi. Et en dépit d'une course dominatrice, récompensant une fin de saison tonitruante, c'est bien en dernier lieu la décision de la direction de course de ne pas faire appliquer la procédure du règlement à l'instant le plus crucial de l'année, celui où il n'y avait plus aucune chance de rattraper quoi que ce soit, qui a tout fait basculer.

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Oui, avant cela, la saison de Hamilton avait été loin d'être parfaite et oui, Max Verstappen avait été globalement meilleur. Mais cette imperfection était sienne et/ou venait de Mercedes. Or, Yas Marina entre dans la catégorie des éléments n'ayant pas grand-chose à voir avec la course et qui faussent le dénouement d'une saison, qui ne se décide pas uniquement sur des statistiques ou même sur le "mérite". Ce n'est pas la première fois que le septuple Champion du monde perd un titre sur le fil, mais c'est assurément la plus injuste car la moins "sportive".

Une fois Abu Dhabi dégagé du chemin, il est clair que Hamilton et Mercedes n'ont pas maximisé leur potentiel et leurs opportunités tout au long d'une saison où la W12 a semblé légèrement en retrait au global (c'est le concepteur de la RB16B, Adrian Newey, qui le dit lui-même), en tout cas moins constante. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir commencé sur les chapeaux de roue : on se souviendra de ces trois victoires et de cette deuxième place lors des quatre premiers Grands Prix, où le #44 signait ce qui était alors son meilleur début de campagne en carrière.

Lewis Hamilton bloque ses roues lors du second départ à Bakou

Lewis Hamilton bloque ses roues lors du second départ à Bakou

Toutefois, déjà, Imola avait permis d'entrevoir que la copie ne serait pas immaculée. L'erreur à la poursuite de Verstappen au moment de dépasser des retardataires sera cependant limitée en raison d'un drapeau rouge salvateur. En revanche, Monaco et Bakou, qui ont suivi directement les succès maîtrisés du Portugal et d'Espagne, ont coûté extrêmement cher et il est évidemment difficile de ne pas incriminer Hamilton, en grande partie. Dans les rues de la Principauté, certes il n'a pas été aidé par la stratégie de son écurie, mais son rythme tout au long du week-end était nettement en retrait par rapport à son équipier. Et en Azerbaïdjan, l'erreur du dernier départ a transformé une victoire potentielle en zéro pointé.

Même si ça ne s'est pas toujours matérialisé par des écarts importants aux points, cette séquence a ouvert la porte à la mise en place de la dynamique Red Bull, au moment où la structure autrichienne disposait d'un ascendant net en rythme. Et au Grand Prix d'Autriche, Hamilton a de nouveau fauté en abîmant sa W12 sur des vibreurs, perdant alors un podium facile et les points qui allaient avec.

Silverstone est un triple tournant dans le sens où il a marqué à la fois le mieux du côté technique pour Mercedes (avec l'apport d'un package d'évolutions performant), un coup d'arrêt brutal pour Verstappen et une sorte de rébellion pour Hamilton, qui avait jusqu'ici été celui qui lâchait pour éviter l'accrochage. Soyons clairs : non, le Britannique n'a pas volontairement sorti le Néerlandais (à cette vitesse, il est impossible de prévoir l'issue d'un tel contact) et oui, il avait le droit à sa position en étant complètement à côté de la Red Bull. Mais son sous-virage au moment de relâcher l'accélérateur fait plutôt pencher la balance des responsabilités de son côté, sans toutefois totalement absoudre le #33. Le drapeau rouge puis son rythme de course lui ont ensuite permis d'effacer sa pénalité et de l'emporter, avec une réussite absolue.

Lewis Hamilton seul sur la grille lors du second départ en Hongrie

Lewis Hamilton seul sur la grille lors du second départ en Hongrie

Mais après cette épreuve, en Hongrie, de nouveau, des points allaient être perdus. Cette fois en stratégie en ne passant pas par les stands lors du second départ, au contraire du reste du peloton. Cette erreur (qui n'est pas si monstrueuse que cela en raison de la position de leader du Britannique à ce moment-là, toujours plus difficile à abandonner) aux torts partagés a tout simplement coûté la victoire et les points qui allaient avec. On ne reviendra pas sur la farce en Belgique ou sur l'impuissance affichée aux Pays-Bas.

En revanche, l'Italie est de nouveau un exemple de points perdus, d'abord lors des Qualifs Sprint avec un mauvais départ puis le lendemain, puisqu'en se retrouvant dans une position inconfortable, il était à la merci de l'épreuve de force imposée par Verstappen, et qui a cette fois contribué à un double abandon, profitant alors clairement au pilote Red Bull, majoritairement responsable de l'incident. En Russie, après des qualifications brouillonnes, l'averse de la fin de course allait offrir à Hamilton la victoire mais permettait aussi à son rival, qui partait dernier sur la grille et s'était retrouvé bloqué au septième rang en course, d'hériter d'une seconde place chanceuse.

Il y a ensuite eu deux phases dans le dernier tiers de la saison. D'abord celle où Verstappen a pris une avance importante. La Turquie peut apparaître comme une nouvelle occasion manquée d'inscrire plus de points, mais les conditions particulières de l'épreuve où Hamilton subissait sa première pénalité sur la grille rendaient son appréciation difficile. Aux États-Unis, la Red Bull était en meilleure forme qu'attendu et le duel serré a tourné à l'avantage du Néerlandais, avant un Grand Prix du Mexique où Hamilton a sans doute fait mieux que prévu en terminant devant Sergio Pérez sur une RB16B qui volait.

Lewis Hamilton fête sa victoire à Interlagos

Lewis Hamilton fête sa victoire à Interlagos

Et enfin, la seconde phase de cette fin de campagne a été celle de l'entrée en scène d'un Hamilton implacable, à partir d'un week-end d'Interlagos houleux. Si le pilote a été quasiment parfait sur les quatre dernières courses, il faut tout de même souligner que l'exclusion des qualifications au Brésil, hors de son contrôle, a contribué à une nouvelle perte de points qui auraient dû facilement tomber dans son escarcelle, tout en rendant sa tâche plus compliquée les deux jours suivants.

Malgré tout, dans ce moment décisif, et face à un Verstappen qui, sachant sa Red Bull en retrait, usait de toutes les armes – licites comme illicites et parfois de façon excessivement risquée pour lui-même – pour tenter d'infliger à Hamilton le coup fatal, avec comme exemple le plus criant la course de Djeddah (en allant jusqu'à brake-tester son adversaire), le septuple Champion s'est adapté pour traîner son adversaire jusqu'à une manche finale où le sacre reviendrait au mieux placé des deux à l'arrivée. On connaît le reste de l'histoire.

En conclusion, il paraît compliqué de qualifier la saison de Hamilton et plus globalement du duo Mercedes/Hamilton d'"excellente". Les opportunités manquées, qui existaient déjà les saisons précédentes mais n'avaient logiquement pas la même portée en raison de l'opposition directe moins performante, peuvent être vues a posteriori de deux façons : soit elles ont coûté le titre au pilote, soit elles ont équilibré les choses face aux coups du sort subis par Verstappen. Dans un sens comme dans un autre, elles traduisent une performance et/ou une exécution légèrement insuffisantes pour être au niveau de la saison plus linéaire mais avec moins de réussite du duo formé par le Néerlandais et Red Bull.

Toutefois, qu'il s'agisse de différences de forme, de performance ou d'incidents en piste, cela reste des choses prévisibles en course automobile. Et en dépit de cette copie imparfaite, dans ses ultimes instants, le sort de la saison de Hamilton s'est joué sur autre chose.

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