Interview

Massa : "Je ne vois pas pourquoi Ferrari ne serait pas de mon côté"

Ayant lancé les démarches pour récupérer le titre mondial 2008 à la suite du scandale du Crashgate, Felipe Massa assure avoir un grand soutien certes discret dans le paddock, et compte sur celui de Ferrari.

Felipe Massa, Ferrari F2008

Voilà deux mois que Felipe Massa a lancé les démarches pour être couronné Champion du monde 2008 de Formule 1, à la suite du Crashgate révélé en 2009 : Renault avait contraint son pilote Nelson Piquet Jr à s'accidenter pour provoquer une intervention de la voiture de sécurité qui allait permettre à son coéquipier Fernando Alonso de triompher. Massa, lui, avait perdu gros en arrachant son tuyau de ravitaillement lors de son arrêt au stand.

Le Brésilien réagit ainsi aux révélations de Bernie Ecclestone selon lesquelles la FIA et Formula One Management étaient au courant de ce scandale avant la fin de la saison 2008. Son objectif est donc de faire annuler cette course, où son adversaire Lewis Hamilton avait marqué six points précieux. Ses avocats ont ainsi envoyé une lettre de mise en demeure aux instances de ce sport, et ce n'est qu'un premier pas. Motorsport.com a fait le point avec l'ancien pilote Ferrari.

Felipe, quelle est la situation actuelle sur votre tentative juridique de renverser l'issue du championnat 2008 ?

Nous avons envoyé la mise en demeure à la FIA et à la Formule 1, et nous attendons la réponse à ces lettres, jusqu'à mi-octobre. Nous prenons donc le temps de décider quoi faire : attaquer en justice ou non.

Découvrir ce complot a-t-il changé votre amour pour la F1 ?

Non, je pense que c'est une question de justice : prouver que le sport est le plus important. J'adore ce sport, je vis pour la F1, j'adore toutes les catégories de sport automobile. Mais c'est le plus important : non à la manipulation. La manipulation ne fait pas partie du sport.

Partout où je vais – sur la route, dans les aéroports, à tous les endroits où je vais – les gens m'encouragent et me disent que je ne peux pas renoncer. Parce que cela ne fait pas partie du sport. Et c'est ça, le plus important. Je fais ça pour la justice du sport, je fais ça pour la transparence du sport. Et il n'est pas acceptable qu'une course manipulée ait peut-être changé le résultat du championnat.

Felipe Massa célèbre sa victoire avec émotion

Felipe Massa (Ferrari) après sa victoire au Grand Prix du Brésil 2008

Des acteurs actuels ou anciens de la Formule 1 vous soutiennent-ils ?

Bien sûr, j'ai du soutien. Mais c'est vraiment une situation très délicate. Les gens n'aiment pas forcément en parler : ils préfèrent en parler en privé, plutôt que dans les médias. Je comprends parfaitement. Mais ça ne change vraiment rien à mon combat pour la justice.

Êtes-vous allé chez Ferrari pour essayer d'avoir du soutien ?

À vrai dire, nous avons discuté par courrier, côté juridique, mais je ne vois pas pourquoi Ferrari ne serait pas de mon côté, parce que nous avons perdu le championnat ; ils nous ont enlevé le championnat, à Ferrari et moi. Quand on entend Toto Wolff [directeur de Mercedes AMG F1] parler de 2021 [où une erreur de la direction de course a très probablement fait perdre le titre à Lewis Hamilton, ndlr], Ferrari doit faire pareil. Ferrari doit se battre pour le bien de l'écurie, et je ne vois pas Ferrari détourner le regard face à une manipulation dont j'ai été victime.

Pour l'instant, ils n'ont pas vraiment dit "OK, on est ensemble". Pour l'instant. Je crois qu'ils attendent de voir ce qui va se passer, mais ce que je dis, c'est que je le fais pour mon pays, je le fais pour mes fans, je le fais pour moi, je le fais pour ma famille, je le fais pour Ferrari, je le fais pour les fans – les fans les plus incroyables en F1, qui sont les fans de Ferrari. Alors si Ferrari veut se joindre à moi, ils sont tout à fait bienvenus. Sinon, je fais ça pour la justice, et c'est le plus important pour moi.

Le deuxième Carlos Sainz, Ferrari, avec Felipe Massa

Felipe Massa et Carlos Sainz (Ferrari) au Grand Prix de São Paulo 2022

Pensez-vous que la situation aurait été la même si ç'avait été Hamilton dans votre position et vous dans la sienne ?

Je l'espère. C'est sûr que c'est le plus important : montrer que personne n'est différent. Tous les pilotes de F1 doivent avoir les mêmes opportunités de se battre, peu importe leur pays de naissance. J'espère donc vraiment que ce n'est pas le cas. Car s'il y a quelque chose de ce genre, alors la situation est très grave. Je ne peux pas vraiment imaginer que ce soit la raison, mais ce que je peux penser, c'est que les gens ne m'ont pas considéré avec respect. Et je pense que c'est le plus important : que tout le monde soit respecté. Je ne dis pas que je ne suis pas respecté, mais je pense que tout le monde doit avoir le même respect.

Vous êtes proche de Jean Todt, votre directeur d'équipe chez Ferrari, ensuite devenu président de la FIA. Que pense-t-il de tout cela ? Vous soutient-il ?

Bien sûr, il me soutient toujours dans tout ce que je fais. Il a toujours dit, à de nombreuses reprises, que ce qui s'est passé à Singapour n'était pas juste. Il était président de la FIA. Quand il est venu à la course de Stock Car à Goiânia, il ne voulait pas parler de l'affaire. Il disait juste qu'il me soutenait dans tout ce que je faisais. Mais je suis tout seul sur cette affaire. Enfin, j'ai décidé de recruter mes avocats, nous avons des avocats de six pays différents.

Alors je n'ai pas vraiment lancé ça avec Jean Todt, avec [Stefano] Domenicali [PDG de la Formule 1, ndlr], ou avec quiconque. Je me suis lancé pour la justice, pour la transparence de ce sport. Voilà où je veux en venir. Tous ceux qui croient vraiment en moi – je pense que la plupart croient en moi – peuvent dire ou faire ce qu'ils veulent, mais j'ai la conviction que la F1 n'a pas été transparente vis-à-vis de ce qui m'est arrivé, et nous allons nous battre jusqu'au bout.

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