Quand les Grands Prix de F1 ressemblaient à des qualifications
Le Grand Prix de Saint-Marin 2000 illustre parfaitement à quel point le ravitaillement en essence pouvait pimenter les courses de F1. Au prix d'une attaque continue, Michael Schumacher est parvenu à se défaire du poleman Mika Häkkinen pour remporter l'épreuve.
Lorsque l'on parle de la Formule 1 d'antan, un filtre nostalgique nous crée des souvenirs qui, malheureusement, ne correspondent pas à la réalité. Mais cela ne veut pas dire pour autant que tous les anciens Grands Prix étaient lénifiants. Prenons comme exemple le Grand Prix de Saint-Marin 2000 qui, malgré ses 62 tours de course, s'est avéré être une véritable séance de qualifications géante.
Deux abandons en début de saison voyaient Mika Häkkinen accuser un retard de 20 points sur Michael Schumacher, qui avait quant à lui réalisé un parfait début de saison. Une réponse se faisait attendre dans le camp McLaren et il fallait absolument la fournir à Imola, troisième rendez-vous de l'année, sous peine de voir le Baron rouge s'envoler au championnat.
Le Finlandais a répondu présent le samedi, en signant une troisième pole position consécutive, et le dimanche avec un excellent départ lui ayant permis de conserver la position de tête. Derrière lui, Schumacher a manqué de perdre sa deuxième place en raison d'un gros patinage. Une rude défense fut donc requise pour contenir David Coulthard, troisième.
Au fil des tours, deux duels distincts se sont formés. D'un côté, le tandem Häkkinen-Schumacher se disputait la victoire. De l'autre, Coulthard harcelait Rubens Barrichello pour récupérer sa troisième place perdue au départ (conséquence du blocage de Schumacher) mais l'Écossais ne parvenait pas à trouver l'ouverture.
Häkkinen et Schumacher se sont ensuite arrêtés au même moment lors de la première salve d'arrêts, Schumacher embarquant davantage de carburant que son rival. En conséquence, Häkkinen s'est arrêté plus tôt pour sa deuxième visite au stand, offrant le champ libre au pilote Ferrari pendant quatre tours. Et comme en Hongrie deux ans plus tôt, où Schumacher avait aligné des tours qualificatifs pour conserver la tête à son arrêt, l'Allemand réitéra sa performance, cette fois-ci sur un laps de temps plus court.
Mais son rival finlandais n'avait pas encore dit son dernier mot. Ralenti par un débris ayant endommagé sa McLaren, Häkkinen s'est retroussé les manches dans les derniers kilomètres pour recoller à Schumacher, probablement motivé par l'imbroglio entre le pilote allemand et Pedro Diniz, retardataire, à qui il tentait de prendre un tour.
Pendant ce temps, Barrichello et Coulthard s'arrêtèrent au même tour pour leur dernier arrêt au stand de la journée. Et avec moins d'essence à bord, Coulthard parvint à s'imposer devant Barrichello pour quelques centimètres. Le pilote McLaren s'est facilement envolé par la suite, indiquant après la course : "Je savais que j'étais plus rapide que [Barrichello], heureusement mes gars ont fait un bon travail au stand."
Au terme d'un duel passionnant en tête ayant duré plus d'une heure et demie, Schumacher a coupé la ligne avec seulement 1"168 d'avance sur Häkkinen, soit moins que l'avantage du Finlandais à la fin du premier tour ! Il a fallu patienter 50 secondes pour valider le podium, lorsque Coulthard a passé l'ultime virage. Enfin, Barrichello, quatrième, a été le dernier pilote à terminer dans le tour du vainqueur. Pour la petite histoire, Jacques Villeneuve et Mika Salo ont récolté les derniers points en jeu.
C'était une troisième victoire en autant d'épreuves pour Schumacher, l'Allemand consolidant ainsi son rôle de favori pour le titre. Le détenteur de la couronne mondiale, Häkkinen, venait enfin de débloquer son compteur. "C'était une course passionnante et j'espère que les tifosi sont heureux avec ce résultat !" s'était exclamé Schumacher en conférence de presse. "J'ai pris un très mauvais départ, avec beaucoup de patinage. Mais je suis parvenu à garder la deuxième place."
"Notre stratégie est restée comme prévu. Nous ne savions pas ce que Mika allait faire et nous avons dû deviner. Les quatre tours avant le deuxième arrêt ont été décisifs, j'ai énormément attaqué. Peut-être que nous n'avons pas fait le meilleur choix de pneus pour les conditions d'aujourd'hui. J'ai eu un moment de stress quand j'ai essayé de prendre un tour à Diniz. Il voulait être gentil et me laisser passer, mais ce n'était pas le bon moment et j'ai failli le percuter. À part ça, la course a été très amusante. C'était comme des qualifications du départ à l'arrivée."
Moins comblé que Schumacher, Häkkinen avait ajouté : "Je suis heureux de marquer des points mais j'aurais dû gagner la course. Peu avant mon premier arrêt, j'ai roulé sur un débris, ce qui a endommagé l'avant du fond plat et a rendu le pilotage difficile pour le restant de la course. Aussi, avant mon second arrêt, mon moteur a coupé dans la ligne droite principale et j'ai perdu du temps sur Schumacher, ainsi il a pu prendre la tête après son second arrêt."
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