Rétro 1969 - La McLaren M9A à quatre roues motrices
La saison 1969 de Formule 1 a bizarrement été marquée par le développement de quatre F1 munies de transmissions intégrales.
Photo de: Sutton Motorsport Images
Cette année-là, quatre constructeurs – Lotus, Matra, Cosworth et McLaren – ont investi beaucoup de temps, d’efforts et d’argent dans la recherche, la conception et la production de monoplaces de Formule 1 équipées de transmissions à quatre roues motrices. Le concept était fort simple : augmenter le grip au sol et la traction, peu importe les conditions, par quatre roues entraînées par le moteur. Si la Lotus 63, la Matra MS84 et la McLaren M9A ont toutes disputé au moins un Grand Prix, ce n’est pas le cas de la Cosworth qui ne fut testée qu’en essais privés.
Une idée de Bruce McLaren
L'ingénieur britannique Robin Herd a dessiné la M7A avant de quitter l’équipe McLaren et de laisser son adjoint, Gordon Coppock, s’occuper des M7B et C, ainsi que de la M10A de Formule 5000. Un autre ingénieur, Jo Marquart, a hérité du projet de la voiture à quatre roues motrices, la M9A, imaginé par Bruce McLaren. Si l’idée avait du sens sur le papier, son fonctionnement allait être tout autre.
Le gros problème de Marquart fut de bien répartir les masses, car un rouage intégral double le nombre de différentiels et d’arbres de transmission. Il a donc dessiné un châssis monocoque à moteur porteur. Le châssis était fait de deux fuselages en feuilles d’aluminium en forme de "D", joints par le plancher et les couples. Il a ensuite placé le radiateur d’eau à l’avant du bolide et le radiateur d’huile au-dessus du moteur V8 Ford Cosworth DFV. Il y avait peu d’espace pour le pilote dans le cockpit, car il devait glisser ses tibias sous les arbres de transmission.
Le moteur était en position centrale, mais retourné en sens inverse afin que l’arbre de sortie soit situé dans le dos du pilote et non pas vers l’arrière comme c’est normalement le cas. La transmission à cinq rapports était de type Ferguson, mais munie de pignons Hewland DG300. Les freins étaient embarqués dans le châssis et non pas dans les roues. La suspension était traditionnelle avec des combinés amortisseurs et ressorts. Étonnamment, la voiture ne pesait que cinq kilos de plus que la M7A à propulsion.
Pour Bruce McLaren, la création de cette voiture représenta un énorme investissement, près d’un sixième du budget total de son écurie pour la saison. De plus, plusieurs membres de l’équipe n’étaient pas convaincus des avantages que cette voiture devait procurer, la trouvant beaucoup trop complexe.
Trop complexe
En juillet 1969, le pilote britannique Derek Bell est chargé de la mise au point du bolide pour sa participation au Grand Prix de Grande-Bretagne. La M9A de couleur orange papaye apparaît à Silverstone munie de deux petites moustaches sur son capot avant. Peu après, la voiture reprend les essais, mais dotée cette fois d’un aileron arrière, en forme de plateau à thé, tiré d’une M7A. Bell se plaint que son moteur ne prend pas tous ses tours sur les lignes droites. Ainsi, l’aileron arrière est découpé afin de réduire sa surface et diminuer la traînée. De plus, certains éléments de la suspension sont modifiés.
Bell n’est pas vraiment enthousiaste, car il doit la piloter comme une voiture de rallye, en coupant brusquement les gaz en entrée de virage et en la faisant brusquement pivoter. La M9A, comme les autres F1 à quatre roues motrices en fait, souffre d’un sous-virage monstrueux et drôlement pénalisant.
Bell se qualifie difficilement au 15e rang, à cinq secondes du chrono de la pole position décrochée par Jochen Rindt sur une Lotus 49B-Ford (1'20"8 contre 1'26"1 pour Bell). C’est encore plus désastreux pour le pauvre Jean-Pierre Beltoise qui, au volant de la Matra MS84 à quatre roues motrices, signe le temps le plus lent des qualifications en 1'31"2…
Au premier passage de la course, Bell occupe le 12e rang. Mais il effectue une pirouette peu après et abandonne quatre tours plus tard sur bris de suspension arrière.
Bruce McLaren décide de laisser tomber le projet, technologiquement trop complexe et cher à développer. D’ailleurs, aucune voiture de F1 à rouage intégral n’a fait impression. Elles ont toutes trouvé une place dans des musées !
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